Riders of Steel

Arida Vortex

30/04/2020

Autoproduction

Un rapide coup d’œil à cette pochette arborant un fringuant chevalier affrontant ce qui semble être une pluie de météorites post-apocalyptique, une rapide lecture d’un titre qui ne laisse planer aucun doute, et on se dit immédiatement qu’on a affaire à la dernière sensation Power/Heavy/True/Epic à la mode, probablement originaire d’Amérique du Sud, d’Espagne, d’Italie ou bien d’Allemagne. Bingo, le constat est à moitié vrai, puisque s’il s’agit bien de Power Metal/Heavy Pomp, le groupe en question est tout sauf nouveau et surtout, pas vraiment classique dans ses origines. En effet, ARIDA VORTEX ne vient ni de Rio, ni de Barcelone, ni de Turin et encore moins de Berlin, mais bien de Moscou, et n’est pas franchement né d’hier non plus. En fait, ses origines remontent à la fin des années 90, lorsqu’il s’appelait encore VORTEX, 1998 plus exactement, date de sa première démo Diamond. Il publiera d’ailleurs une seconde maquette sous ce nom tronqué en 2001, avant de se transformer en ARIDA VORTEX, l’ajout d’ARIDA correspondant aux initiales des musiciens qui constituaient le line-up à ce moment-là. Mais en vingt ans, la formation a changé de visage, à tel point qu’en 2020 on ne retrouve plus de la formation d’origine que le guitariste Roman Guryev, fidèle au poste et à cette formule gagnante de puissance associée à des mélodies très prononcées. Outre le guitariste, on retrouve aussi au casting Alexander Strelnikov, l’autre six-cordiste, Alexander Fedonin à la basse, Vadim Sergeyev à la batterie (plus ancien membre avec Roman, actif depuis 2012), et Evgeny Epishin (chant, depuis trois ans), qui tous ensemble nous proposent donc leurs nouvelles aventures, sous la forme d’un nouveau LP autoproduit, Riders of Steel qui fleure bon le Power Metal des eighties, agrémenté d’un surplus de puissance totalement nineties.

En vingt-deux ans de carrière, le groupe n’a pas vraiment chômé. Huit albums, publiés assez régulièrement, pour un parcours très prolifique qui mérite le respect. Avec un tel bagage, on pense le groupe rodé mais légèrement blasé, ce qui ça aussi n’est qu’à moitié vrai. Car si ARIDA VORTEX maîtrise à merveille son approche au point de se montrer parfaitement imperfectible, il semble avoir gardé l’énergie de sa jeunesse et une foi sans bornes en un Heavy/Power de première catégorie qui utilise toutes les astuces des créateurs du genre. Pour être franc, l’enthousiasme dont fait preuve le groupe est tout à fait contagieux, et à l’écoute de ces neuf nouveaux morceaux, on serait presque tenté de se convertir à un style auquel on a toujours été plus ou moins hermétique. Mais en écoutant une petite merveille comme « We Will Rise Again », on se retrouve catapulté dans un passé pas si lointain que ça, lorsque les HELLOWEEN, SCANNER et autres BLIND GUARDIAN définissaient le genre en opposant violence métallique et mélodies baroques héritées du Classique. Archétype du morceau à la « Eagle Fly Free » ou « Freedom », cette petite bombe est un sommet d’adrénaline pure, sublimé par le chant lyrique et emphatique du formidable Evgeny Epishin. Vocaliste hors normes, qui est capable d’assurer en mid range comme dans les envolées les plus aigües, Evgeny est le genre de frontman dont tous les groupes du cru rêvent, avec une pureté incroyable dans le timbre qui lui permet d’aborder toutes les variantes du genre. La preuve en est donnée par le surprenant « Run to Nowhere » qui semble s’ingénier à réconcilier BONFIRE et ACCEPT, et qui de ses couplets délicats se frotte à un AOR qu’on n’attend pas forcément dans ce contexte, mais qui se montre incroyablement probant. Un groupe pas si prévisible que ça donc, mais qui sait surtout composer de vrais morceaux, et pas de simples accumulations de riffs héroïques sur fond de poses guerrières.

Un groupe qui sait alterner, et qui ne se repose pas que sur des gimmicks métalliques faciles pour parvenir à ses fins. Mais que les amateurs de Power puissant et racé ne se ronge pas les sangs : Riders of Steel reste quand même un condensé de virilité totalement assumée, juste assez modulé pour ne pas lasser les réfractaires. Mais loin d’une séduction putassière visant à ratisser large, ce huitième LP est un modèle d’intelligence de composition qui aborde le Heavy avec honnêteté et pertinence. Les chœurs vaillants sont évidemment présents, mais nous sommes quand même loin des clichés allemands et italiens les plus éculés. En témoigne le pavé « My Turn », qui permet un solo brillant sur fond de complexité instrumentale à la DREAM THEATER de Awake, le tout en à peine trois minutes. Le côté épique inhérent à toute formation digne de ce nom est évidemment marqué lui aussi, au niveau de la production notamment, très ample et pleine de relief, mais aussi au travers d’une composition emphatique au possible. « Damned and Killed », de sa majesté, évoque PRIMAL FEAR, GAMMA RAY, mais aussi SAVATAGE, HELLOWEEN, BLING GUARDIAN, et pourquoi pas, AVANTASIA, avec ce mélange de délicatesse instrumentale et de prétentions évolutives, qui aboutit à un résultat tout bonnement époustouflant. On pense aussi à un MAIDEN actualisé, avec les pointes de chant d’Evgeny Epishin, toujours aussi bluffant, et digne d’un Kiske ou d’un Dickinson, mais on se dit aussi que le classicisme de JUDAS PRIEST a dû influencer les russes à un moment donné. Prototype parfait du morceau à tiroirs, aux ambiances multiples, avec ces soudaines accélérations typiques du HELLOWEEN époque Hansen, « Damned and Killed » est plus qu’un simple morceau épique, c’est une démonstration de savoir-faire qui prouve que le groupe n’a pas perdu la main après toutes ces années.

Véritable surprise de luxe que ce nouvel album d’ARIDA VORTEX, qui se paie le luxe d’un final acoustique légèrement Folk sur les bords, qui contrebalance parfaitement avec l’ouverture titanesque de « Small Toy Soldier ». Loin des poncifs les plus éculés du genre, et proche d’une perfection dans la nostalgie remise d’actualité, Riders of Steel s’écoute de bout en bout les poings serrés, les cheveux entremêlés, et le cœur palpitant d’une vitesse effrénée. Un manifeste Power Metal terriblement attachant et intelligent qui replace la Russie sur l’échiquier d’un Heavy pugnace, harmonieux et efficace.       

                                                                                              

Titres de l’album :

                         01. Guests from My Nightmares

                         02. Small Toy Soldier

                         03. Riders of Steel

                         04. We Will Rise Again

                         05. Run to Nowhere

                         06. My Turn

                         07. The Invincible

                         08. Damned and Killed

                         09. To Be by Your Side

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par mortne2001 le 10/10/2020 à 14:40
90 %    982
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C'est justement peu-être l'affiche 2025 qui a convaincu  :)

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Si je voulais être méchant, je dirai : "Y a-t-il encore des fans de Metal au HELLFEST ?"

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Avec qui en tête d'affiche? Radiohead ou Oasis? Plus sérieusement, je me de mande encore comment le festival peut afficher complet avec l'affiche qu'ils ont réalisée pour 2025. Comment les fans de metal peuvent encore leur faire confiance ? 

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@Jus de cadavreGenre ils on payés les frais de déplacement et l'hôtel, me fait pas rire, les enfoirés part 2. Au moins le juif Patrick Bruel tiens debout.

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Très bon album avec 3/4 titres vraiment excellent et un bon niveau global.Quelques Slayeries comme sur Trigger Discipline mais rien de méchant. D'autant que le titre Gun Without Groom est vraiment terrible, en effet. Un très bon cru

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Pour moi je vois c'est l'équivalent que de voir 2pac en hologramme (qui était homosexuel), peut-être même pire parce que l'illusion tiens mieux le coup, je reste sur cette position.

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