Future Shock

Monarch

16/04/2021

Autoproduction

Mardi matin, direction la Californie pour un réveil en fanfare avec le second album de MONARCH, dont le nom n’est sans doute pas le plus original de la galaxie Metal. Mais qu’importe la banalité de ce baptême, puisque la musique de ce groupe provoque l’attention des thrasheurs les plus purs et durs, avec son mélange de classicisme californien et de radicalisme d’outre-Rhin. Formé en 2008, MONARCH est une sorte d’archétype de cette vague old-school fascinée par les grands maîtres de la violence, et nous livre avec Future Shock une bonne secousse pas vraiment avare en BPM. Soutenu par l’agence de promotion de Jon Asher, infatigable pourvoyeur de nouveaux et anciens talents, MONARCH jette donc un pavé dans la mare du formalisme, et nous agite de ses rythmiques pulsées et de ses riffs acérés. Rien de fondamental, rien de novateur, mais de la folie dans l’application, et une certaine ingéniosité dans l’agencement des idées, qui permettent à ce second chapitre de se hisser au niveau des réussites globales.

Dix ans après leur première démo Dawn to Night, mais surtout quatre ans après leur premier album qui avait attiré l’attention des passionnés, le quatuor revient donc plus remonté que jamais nous prouver que le système de la Bay-Area fonctionne toujours, même si sa fluidité est ici renforcée d’une méchanceté typiquement allemande. Matt Smith (guitare/chant), Casey Trask (guitare), Adam West (batterie) et Gabe Mendez (basse, depuis 2020) nous proposent donc un voyage à rebours pour nous immerger dans tout un pan de la culture extrême des années 80, et autant dire que leur mélange est détonnant à défaut d’être étonnant. Tout commence de façon assez franche, avec un titre d’ouverture qui ne lésine pas sur les coups de baguette et les croches à la double, et « Blast The Seed », malgré son ouverture écrasante et quelque peu mélodique, nous démonte les cervicales à grands coups d’accélérations fulgurantes et de saccades précises. Très en place, le quatuor fait montre d’une cohésion redoutable, et si l’on comprend rapidement que l’inédit a été sacrifié au profit de l’énergie, on ne peut s’empêcher de se souvenir du meilleur de la vitesse des eighties, lorsque les musiciens commençaient à se lâcher.

La démonstration est donc rondement menée, enrobée dans une production qui met la batterie méchamment en avant, sans pour autant enterrer le chant revanchard de Matt Smith dans le mix. Et si la fiche promotionnelle recommande les MONARCH aux fans de SLAYER, JUDAS PRIEST, IRON MAIDEN, ou PANTERA, il convient de se faire sa propre idée en se basant sur les méthodes éprouvées des groupes les plus débridés. Ainsi, on pense plutôt aux RECIPIENTS OF DEATH, à un INCUBUS moins nucléaire, mais surtout, à un CRIMSON SLAUGHTER moins grave mais tout aussi lapidaire, ce qui n’est pas le moindre des compliments. Le nom de WARFECT vient aussi à l’esprit, pour cette façon d’insérer des licks mélodiques dans un contexte de furie totale, mais finalement, les californiens se dispensent très bien de comparaisons, tant leur musique sonne mature et sûre d’elle.

En alternant les compositions développées et les inserts radicaux et brefs, le groupe a fait le bon choix et offre à ce second album une dynamique précise et efficace. Ainsi, « Khaos Warrior », coincé entre deux interventions plus amples joue le rôle du proverbial chien dans un jeu de quille malgré son attaque à la OVERKILL. A l’aise en up tempo épidémique autant qu’en chauffant dans les tours, Future Shock est un choc bien ancré dans le présent d’un passé qui représente l’avenir de musiciens n’ayant pu connaître l’euphorie du Thrash des grandes années. Techniquement exigeants, les musiciens ont fait le tri dans leurs plans, et n’ont conservé que les plus percutants, déambulant dans les couloirs des possibilités rythmiques, pour imposer le contretemps (« Nuclear Warfare » et sa basse en circonvolutions évoquant la magie de SADUS), ou l’exhibition des guitares des mid eighties avec Speed joyeux et double grosse caisse raisonnable (« Shred or Die ! »).

Tout est donc passé en revue, et tous les symptômes de qualité sont présents et recensés. Nous avons même droit au long intermède harmonique faisant la part belle à l’acoustique apaisée (« Multiverse » école TESTAMENT et DEATH ANGEL), et surtout, à ces suites progressifs s’étalant sur des longues minutes pour agir en tant que séance d’hypnose. « Fatal Vector » annonce donc de façon sombre la dernière partie de l’album, la plus complexe et épaisse, et ces quatre derniers morceaux achèvent donc de faire de ce second album un postulat solide à prendre au sérieux.

Entre traditionalisme radical et supersonique et actions plus réfléchies et posées, les MONARCH procèdent à l’état des lieux du Thrash d’antan, constatant que tout a été laissé en l’état depuis trente ans. On peut évidemment reprocher de petites choses, comme le son insupportable de cette grosse caisse dans ses accès de rage les plus furieux, quelques similitudes au niveau des riffs, des soli un peu trop étouffés par la prod, mais le chant agressif et investi de Matt Smith, l’abattage permanent d’Adam West, et la solidité du jeu d’équipe permettent d’occulter les petites choses à corriger, et l’album, loin d’être anecdotique, relance l’intérêt manifesté envers cette vague vintage qui souvent se contente du minimum syndical. Nous sommes mêmes gratifiés de chœurs complètement hystériques (« Swarm Of The Whorenet »), et d’un final salement conséquent (« Metal Soul »), nous laissant sur un sentiment de tornade ayant tout rasé sur son passage.

Du bon boulot, pro, méchant, carré. De quoi commencer son mardi avec la bave aux lèvres.        

  

                                          

Titres de l’album:

01. Blast The Seed

02. Khaos Warrior

03. Future Shock

04. Nuclear Warfare

05. Shred or Die !

06. Multiverse

07. Fatal Vector

08. Collision Of Bones

09. Swarm Of The Whorenet

10. Metal Soul


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par mortne2001 le 04/12/2021 à 17:21
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