Le type même de sortie qui s’adresse :
Car en effet, In The Trash des danois n’est absolument pas un nouvel album, pas vraiment un album d’inédits, mais une compilation de plusieurs démos du groupe mythique parues dans les années 80. Nous avons donc droit à un tracklisting faisant la part belle aux nombreuses maquettes sorties entre 1982 et 1986, soit une période couvrant les débuts jusqu’à la publication du premier LP Fear of Tomorrow, et même après, puisque plusieurs morceaux sont issus de la maquette de Terror Squad, le second album publié en 1987. Un joli survol de la genèse d’un des groupes les plus sous-estimés de la vague Thrash nordique et mondiale, qui après deux albums sympathiques mais dispensables s’est permis de coller sur le marché l’un des plus grands LPs de Techno-Thrash de la création, le légendaire By Inheritance. Album qui aujourd’hui fait partie du patrimoine Thrash classique, et qui tient du point d’orgue d’une pourtant longue carrière, toujours active aujourd’hui puisque ARTILLERY s’est fendu d’un nouveau chapitre en 2018 avec le plutôt très bon The Face of Fear. Mais ne nous leurrons-pas, l’époque de gloire est bien loin derrière nous, et plutôt ancrée dans les années 80, et cette compilation proposée par le label national Mighty Music tombe à point nommé pour rappeler à quel point la musique peut parfois évoluer, changer, muter, pour s’affiner, et que derrière chaque Master of Puppets, il y a toujours une No Life ‘Til Leather. Car avant de se vautrer corps et âme dans un Thrash de haute volée, les danois sont évidemment passés par la case Heavy musclé, ce que démontre In The Trash, allusion à l’un des titres les plus fameux du combo. Un voyage dans le temps donc, pas forcément inintéressant historiquement parlant, mais pas non plus des plus fascinants musicalement…
Car musicalement justement, on sent un groupe qui se cherche encore, et qui s’imprègne de différents courants en vogue à l’époque, citant allègrement les grands frères de MERCYFUL FATE et BLACK SABBATH, tout comme la NWOBHM, ce qui est particulièrement patent sur les morceaux issus de la première démo We Are the Dead. Les quatre premiers morceaux sont donc homogènes et tous battis sur un mid tempo hargneux et des riffs sombres, traînant un peu des cordes pour rester dans l’ambiance de l’époque. Epoque qui évidemment deux ans plus tard n’avait plus rien à voir, les premiers méfaits de SLAYER et METALLICA ayant contaminé la scène mondiale de leur agressivité notoire, et c’est ainsi que « Bitch » fait montre de plus de vélocité et de tranchant dans les attaques, s’ancrant dans une mouvance Thrash alors très vivace. Encore une fois, ARTILLERY fait tout ce qu’il peut pour être en phase avec son temps, se montrant encore un peu gauche et générique, mais laissant augurer de prémices bestiales que Fear of Tomorrow n’allait pas tarder à mettre en exergue. On pense à l’écoute de ce titre aux miraculeux DETENTE, la voix de Carsten Lohmann adoptant les intonations éraillées de la regrettée Dawn Crosby, mais aussi les sifflements possédés de Paul Baloff, pour un Thrash joué avec la vivacité du Punk, attitude symptomatique des jeunes années du genre qui ne s’était pas encore détaché complètement de ses racines.
Et plus le tracklisting égrène ses litanies, plus les progrès sont tangibles, bien sûr, et « The Challenge » de faire preuve de beaucoup plus d’audace. A ce moment-là le groupe était déjà rodé à l’exercice du studio, et se devait de tenir informé son label Neat Records de l’avancée de son travail, et c’est ainsi que la démo Terror Squad vit le jour, reproduite ici in extenso. Ne le cachons pas, ce sont bien ces quatre morceaux les plus solides de la compilation, puisque les versions proposées ne sont guère différentes des incarnations finales qui seront plaquées sur bande. On réalise alors la maturité du gang (Flemming Rönsdorf - chant, Michael Stützer & Jørgen Sandau - guitares, Morten Stützer - basse (décédé en 2019, RIP) et Carsten Nielsen - batterie) acquise en quatre petites années, et qui lui permettait alors de rivaliser avec les meilleures formations du cru. Riffs plus fondés, rythmiques plus véloces, breaks plus audacieux et moins téléphonés, la formation était alors au sommet de sa forme 80’s, et préparait le terrain à une adaptation de ses vues plus policée mais pas moins créative quelques années plus tard. C’est d’ailleurs un curieux choix d’agencement qui nous fait ensuite repartir en arrière, avec arrêt sur la case 1985 pour le furieux et Punk « Hey Woman » puis sur 1984 avec le modulé « Blessed Are The Strong » qui sur son intro évoque les débuts bucoliques et lysergiques de SCORPIONS…Il eut sans doute été préférable et plus cohérent de laisser la chronologie suivre son cours normalement, les allers retours permanents n’aidant pas vraiment à la compréhension de l’aventure…
Niveau technique, cette compilation a bénéficié des bons soins de Mighty Music, qui nous propose des versions remasterisées aux Medley Studios, une interview du membre fondateur Michael Stützer, un artwork de Roberto Toderico, et plein de jolies photos pour agrémenter le tout. La production, même après lifting respecte l’esprit d’époque, et l’on sent les crissements, les baisses de régime, les anicroches sonores sur la plupart des titres, ce qui permet de conserver l’esprit amateur de l’entreprise, sans risquer de nous faire fondre les tympans. Mais au vu de la qualité d’origine, ne vous attendez pas à de la profondeur et de l’épaisseur, les chansons pâtissant souvent de médiums grésillant, et de graves dont l’écho sombre souvent dans le pâté, mais nous parlons-là de démos, pas d’albums multi-platine produits par Bob Rock. In The Trash est donc plus à réserver aux initiés et fans, puisqu’il ne constitue pas un point d’entrée viable pour les néophytes, qui feront mieux de se jeter sur une des nombreuses rééditions de Fear of Tomorrow ou Terror Squad. Mais si vous voulez vraiment savoir de quoi ARTILLERY était capable, cassez votre tirelire et essayez de dégoter l’une des éditions de By Inheritance pour comprendre pourquoi leur nom est aussi souvent cité dans les listes de groupes les plus mésestimés de leur époque.
Titres de l’album :
01. Mind of no Return (1982)
02. Day of Doom (1982)
03. All for You (version 1) (1982)
04. We are the Dead (1982)
05. Bitch (1984)
06. The Challenge (1986)
07. In The Thrash (1986)
08. Therapy (1986)
09. Let There Be Sin (1986)
10. Hey Woman (version 2) (1985)
11. Blessed Are The Strong (1984)
Incroyable un groupe qui s'attaque à faire une reprise de Dead Congrégation !!! Je me languis d'écouter ça . Faut pas se louper la ahah.
31/05/2025, 21:53
Ah ah ce message d'au revoir est magnifique"Je dois y aller maintenant… chercher un boulot et jouer à Roblox avec mon fils…"
31/05/2025, 09:12
@Gargan exact, oubli impardonnable...Mais que veux-tu, je suis une vieille baderne qui pense que DEEP PURPLE est de la musique de jeunes et que tout est pourri depuis la mort de Roy Orbison. Mais totalement d'accord pour "Whiter Shade of Pale", quel feeling....
30/05/2025, 09:39
Bah tu as oublié la reprise finale de dragon ball par Lisa, question de génération hehe. Je ne connaissais pas tant que ça Paul Gilbert (un peu Mr Big et Racer X, mais pas plus), super bonhomme et musicien incroyable. Enorme panard sur la reprise de Procol Harum.
29/05/2025, 22:28
J'avoue avoir délibérément censuré cette information de premier choix... ... ...
26/05/2025, 07:32
@LeMoustre : alors grand-père, t'as réussi à sorti des soins palliatifs?
24/05/2025, 07:15
Une plaque bien méritée ! Mes deux premiers albums de death metal, Blessed are the Sick de Morbid Angel et Tomb of the Mutilated de Cannibal Corpse, deux albums que j'adore toujours autant, après plus de 30 ans passés dans ma discothèque, y ont &eacut(...)
23/05/2025, 19:55
Je chiais encore dans des couches à la grande époque du Morrisound, et pourtant si je fais un top 10 de mes albums de chevet tous styles confondus, la moitié (au moins) aura été enregistré dans ce studio. Le genre de lieu qui a marqué notre sc&egra(...)
22/05/2025, 17:52
Si ce qu'il dit est vrai c'est quand même bien bas comme méthode de "licenciement", surtout venant d'un groupe qui prône ouverture, tolérance et respect à longueur de show (ironiquement par sa propre voix en plus...).
21/05/2025, 17:13
J'aime bien ce groupe... c'est dommage que cette collaboration se termine ainsi... En tous cas, faut que je jette une oreille à Downstater...
21/05/2025, 16:13