La nostalgie, ça a du bon. Le mec qui a dit ça un jour devait avoir des problèmes de créativité ou salement vivre dans le passé au point d’avoir peur d’aller de l’avant, mais bon, excusons-le, puisque parfois son adage se révèle assez pertinent.
Exhumer le passé est parfois dangereux, souvent ennuyeux, mais parfois assez amusant, tout dépend après de ce que vous avez décidé de déterrer des limbes du temps et si le linceul est encore à peu près frais. C’est la question que n’ont pas dû se poser les esthètes américains de Greyhaze Records au moment de balancer à nouveau sur le marché le premier LP d’un obscur groupe brésilien, MUTILATOR. Ils ont jugé le travail de restauration et de réhabilitation suffisamment légitime pour proposer une version LP deluxe ainsi qu’un package CD, alors même que peu d’informés l’étaient justement de l’existence de ce groupe un peu en marge de la production locale, pourtant à l’époque assez notable.
Cessons-là ces tergiversations, tout le monde connaît Belo Horizonte, ne serait-ce que parce que les SEPULTURA nous en venaient, et pas seuls puisque derrière eux se pressait une horde de musiciens tous aussi avides de violence les uns que les autres, comme si celles des rues brésiliennes n’était pas suffisante.
MUTILATOR donc, une carrière entamée sous la bannière DESASTER, avant le changement de patronyme pour enregistrer leur première démo, Bloodstorm, puis une seconde, Demo 1986, ainsi qu’un partage de faces sur le split Warfare Noise I, avec leurs collègues/amis de CHAKAL, SARCOFAGO et HOLOCAUSTO. Et un simple coup d’œil au casting de cette dite compilation suffit à comprendre que pour un SEPULTURA ou un DORSAL ATLANTICA passant la rampe avec plus ou moins de bonheur, beaucoup d’autres héros de l’ombre sont tombés au champ d’honneur.
Celui de ce quatuor (Alexander « Magoo » - guitare/chant, Kleber – guitare/basse/chant, Armando – batterie et C.M. – guitare/chant) est un tableau réunissant les deux démos susnommées, mais aussi deux LP, dont ce fameux Immortal Force que Greyhaze vous propose de redécouvrir aujourd’hui après un petit lifting.
Lifting ? Léger, pochette semblable (et ils y tenaient), bandes retravaillées et remastering soigné, insert original, et petit poster qui fait plaisir dans les chaumières, tout ça pour un bel objet que tout fan de Thrash bestial underground et exotique se doit de posséder dans sa discographie sous peine de passer à côté d’un pan important de l’extrême sud-américain des années 80.
Alors certes, les MUTILATOR n’ont jamais été acteurs de premier plan de cette dite scène, et à l’écoute de cet Immortal Force paru à l’origine en 1987, on comprend aisément pourquoi. A cette date, les collègues/copains/concurrents de SEPULTURA en étaient déjà à propager la bonne parole de leur Schizophrénia, qui présentait le Thrash sous un visage plus fin et moins radical, mais surtout, plus professionnel. Les MUTILATOR quant à eux, étaient toujours bloqués sur la furia qui animait les deux premiers jets de bile de Max et sa bande, Bestial Devastation et Morbid Visions, et se complaisaient dans un gros Thrashcore à forte coloration Black, empilaient les riffs comme à la parade, les plus simples et circulaires possibles, propulsés par une rythmique que les WEHRMACHT et autres CRYPTIC SLAUGHTER n’auraient pas reniée.
Certes, l’affaire faisait grand bruit, plutôt au sens propre qu’au figuré, et il n’est pas étonnant que la faune mondiale avide de perfectionnisme et d’affinement depuis la sortie du séminal Reign In Blood un an auparavant ait fait l’impasse sur cette débauche paillarde de décibels fort peu raisonnable.
Qui plus est, la distribution et la promotion n’étaient pas les points forts de Cogumelo Records, ce qui explique sans doute le relatif anonymat dans lequel ces pauvres héros de l’occulte sont restés…
Au demeurant, l’affaire est sérieuse, et de qualité. On s’en rend compte trente ans plus tard, grâce à un formidable travail technique qui permet d’apprécier plus facilement le travail des brésiliens, qui peuvent enfin bénéficier d’un son à la hauteur de leurs références et hommages divers.
Si les influences de groupes comme MORBID SAINT, CHAKAL, VULCANO sont évidentes, on retrouve aussi dans cette musique les racines du mal telles qu’elles furent plantées par les légendes POSSESSED, et qui poussaient de manière flagrante sur un titre comme « Brigade Of Hate ».
Même écho sur le chant, même up tempo tenu par la bride, mêmes riffs primaires et efficaces en diable, à la différence près que Mike Sus n’a jamais eu à souffrir d’un son aussi calamiteux transformant ses toms en barils de lessive massacrés par des baguettes de plomb…
La recette appliquée par ces mutilateurs est simple, radicale, et quasiment systématique. Une entame raisonnable, Thrash comme il faut et assombrie par des pulsions Black de taureau, soudainement lacérée (sic) par des accélérations purement Thrashcore souvent approximatives et relativement peu carrées, pour un démarcage global des tendances les plus excessives des 80’s.
Nous étions alors loin de la sophistication grandissante de leurs homologues de SEPULTURA, qui commençaient à comprendre qu’un mélange VENOM/CELTIC FROST/DARK ANGEL/SLAYER n’était peut-être pas suffisant pour se faire une place au soleil…
Mais dans un registre MORBID SAINT mâtiné de folie WEHRMACHT/SARCOFAGO, Immortal Force faisait le ménage par le vide, et se permettait même des hymnes foudroyants, comme ce terrassant « Tormented Soul » qu’on aurait aisément pu retrouver sur Darkness Descends ou Seven Churches, ou cet introductif et progressif « Memorial Stone Without A Name » qui se lâchait sur une intro à la « Hell Awaits », avant de tomber dans une sorte de vortex évolutif de violence pour nous happer dans un tourbillon de brutalité qui n’avait de cesse d’en rajouter dans les tours pour finir dans une orgie de bruit incontrôlable.
Primitif certes, basique sans conteste, mais jouissif, et tout autant trente ans plus tard, grâce à une production qui trouve enfin un peu de relief sans perdre sa sécheresse initiale.
La question qui reste en suspens. Tout ceci valait-il un tel travail de réhabilitation ? La réponse dépendra de votre humeur, et surtout de vos accointances de jeunesse, mais je dois reconnaître que la redécouverte de ces preux chevaliers du riff rouillé m’a fait prendre mon pied.
N’hésitez pas à vous procurer la réédition vinyle qui vaut le coup d’œil et d’oreille, ne serait-ce que pour saluer une dernière fois les MUTILATOR qui ont fini par lâcher l’affaire après une tentative de reformation avortée. Oui, la nostalgie ça a du bon parfois.
Pourvu que ça envoie du bois.
Titres de l'album:
Avant d'aller me faire voir ailleurs, je partagerai avec vous cet hommage Fernandelien :"Aux adieux de Black Sabbath, il tremblait pas mal d'la patte.Fais l'Ozzy, assis."
08/07/2025, 21:31
Ben tu m'étonnes, DPD, d'être passé à autre chose. En même temps, quand on a eu ces groupes là comme entités fétiches, on ne peut qu'aller de l'avant. C'est comme partir de zéro (je plaisante
08/07/2025, 21:26
Je comprends juste pas cette envie adolescente permanente de revoir ses groupes de jeunesse. Je veux dire je suis de la génération qui est passé par Korn Slipknot et compagnie mais je suis passé à autre chose.
08/07/2025, 19:55
Lors du dernier concert de Motorhead auquel j'ai assisté, Lemmy était... pathétique (mais pas loin). Et pourtant il était planté sur ses quilles. Alors jouer assis avec Parkinson en bandoulière ? Business is business, la machine à biftons DEVA(...)
08/07/2025, 19:23
@HumungusJe fais une exception pour Motörhead (que je n'apprécie pas plus que ça) parce que Lemmy était sous un haut dosage de drogue/alcool pour tenir le coup et pas s'écrouler sur une chaise.
08/07/2025, 17:31
Je vois pas ce qui est légendaire à un trubo grand-père qui tiens péniblement sur une chaise. Je dois manquer quelque chose. Pour ma part c'est autant ridicule que les concerts avec des stars mortes en hologrammes. Faut vraiment être con.
08/07/2025, 17:18
@LeMoustre : espèce d'abruti... le but du concert, outre le fait que c'était un évènement caritatif, c'était qu'Ozzy puisse faire des adieux en bonne et due forme à la scène, chose qu'il n'avait pas pu réaliser (...)
08/07/2025, 06:08
J'ai pas encore tout regarder mais y a t'il un groupe qui a joué le morceau Black Sabbath ?LeMoustre, pour ce concert je pense que l'émotion et la communion entre groupes et public était plus importante que le reste. A voir les vidéos j(...)
07/07/2025, 22:26
La dernière du Madman ! Déjà vu en live debout et il chantait moins bien que la !
07/07/2025, 18:34
@LeMoustre :Effectivement... Point de vue totalement respectable que celui de ne pas vouloir payer un prix de dingue pour mirer un show proche du pathétique.Mais perso, face à des légendes comme celles-ci, je mets mon impartialité de côté et (...)
07/07/2025, 17:42
Ozzy sur sa chaise hé ben.Bon l'âge nous aura tous mais bon quand même c'est pas cool de voir ça.Moi ça m'aurait emmerdé.Autant un Anthrax, un Maiden ont toujours la peche après tant d'années (quitte &a(...)
07/07/2025, 13:18
j'ai eu l'occasion de les voir en première partie de Seum mi Juin. vraiment bien prenant !
07/07/2025, 12:48
Je m'attendais vraiment pas à ce qu'Ozzy tiennent 30 min sur chacun de ses shows...Bon, on peut pas dire que c'était "beau" à voir mais si j'avais eu la chance de gauler une place, j'aurai tout de même été bien con(...)
07/07/2025, 07:36
Putain je suis fan de Slayer mais c'était bien dégueulasse. Ça devient une parodie. Et oui merci pour tout Ozzy et tommy.
06/07/2025, 21:25
Oui c'est bien beau mais étaient ces gars durant l'ère Obama ou il a absolument tout trahis ? Trump on connait son histoire personnelle et ses financements. c'est sans surprise..
06/07/2025, 14:20