En regardant la photo promo jointe par le label au mail annonçant le troisième album des grecs de MEDIEVAL DEMON, on est immédiatement frappé par le bon goût de cette iconographie pleine de délicatesse. Un gros monsieur très velu et grimé comme un norvégien pour Halloween tenant dans ses bras une pauvre femme la poitrine (opulente) à l’air, tout ça n’annonce rien de très fin ni une revalorisation du Black Metal le plus paillard aux yeux des néophytes outrés. Pourtant, la musique de ce trio vaut mieux que ce cliché malhabile qui place immédiatement les débats sous l’égide de la provocation facile. Fondé en 1993 à Athènes, MEDIEVAL DEMON fait donc partie de l’arrière-garde extrême hellène, et peut s’enorgueillir de toujours compter en son sein deux membre originaux. C’est ainsi qu’en 2021, nous avons le plaisir de retrouver Lord Apollyon (aka
Kostas Karras batterie/claviers) et Sirokous (aka Alexandros Karras chant), épaulés depuis deux ans par la basse de Mutilator (aka Dimitris "Jim" Patsouris, ROTTING CHRIST), pour un troisième album sanctionnant vingt-huit ans de carrière, malgré un hiatus d’une quinzaine d’année entre 1998 et 2013).
La première partie de l’histoire du groupe se concentre donc sur cinq années, qui auront permis aux grecs de lâcher sur le marché un nombre conséquent de démos (trois coup sur coup), mais surtout, un premier long que l’histoire aura retenu sans trop d’efforts. Demonolatria présentait donc la philosophie complexe du groupe, à cheval entre plusieurs optiques, et Medieval Necromancy en reprenait les grands principes en 2018, les améliorant pour permettre au trio de se démarquer des enfers un peu trop chargés du BM louche et bruitiste. Ici, l’apparence n’est pas l’errance, et la musique des grecs se veut beaucoup plus élaborée et fine que leur look et leurs pseudos ne pourraient le laisser augurer.
Si évidemment le côté truculent de l’opération ne passera pas inaperçu en écoutant cet Arcadian Witchcraft, l’instrumentation prouvera que les MEDIEVAL DEMON sont bien plus qu’un pendant maléfique de SODOM. On s’en rend compte assez rapidement à vrai dire, puisque « Meet Her Majesty, the Black Queen » est introduit par un solo de toute beauté, mélodique et fluide, avant que la violence rythmique ne nous tombe sur la tête. Le choc est frontal et immédiat, et le trio se répand alors dans un Black Metal d’obédience classique, influencé par les premières légendes nordiques du genre, mais croire les trois gus collés aux basques des références les plus évidentes serait un crime de lèse-majesté. On pourrait à la rigueur envisager ce troisième chapitre comme un gigantesque melting-pot néfaste des tendances en vogue dans les nineties et le nouveau siècle, avec cette rudesse de ton modulée d’arrangements grandiloquents à la MISANTHROPE/EMPEROR.
De la théâtralité donc, mais aussi du bon goût, faussement caché par ces photos promos ridicules et ces tenues d’apparat grotesques. Mais l’image compte, et les grecs en sont conscients, et à partir du moment où la qualité de la musique n’a pas à en pâtir, autant accepter le barnum avec le sourire. Entre Black mélodique et Black symphonique, MEDIEVAL DEMON joue au chrétien et au sataniste, développant de superbes arguments de violence et des capacités à adoucir l’attaque d’harmonies vraiment travaillées et subtiles. Certes, parfois, la violence la plus crue prend le pas sur les aspirations techniques et orchestrales, mais même dans ce cas, le talent ne s’efface pas face à la provocation, et donne lieu à des pièces musicales d’une ambition indéniable (« Mystics of Ritual Madness »).
Joli décalage donc entre le concept visuel et sa retranscription musicale, et les grecs entérinent donc leur comeback de 2013 avec un panache certain. Et comme ils ont en outre eu l’intelligence de ne pas forcer l’inspiration et de s’arrêter à temps, les trente-sept minutes de ce troisième album sont pleines, intelligentes, et chargées en émotions diverses. Le clavier permet d’aérer les parties les plus charnues, et « Mundus Est Diaboli » de nous convaincre de la dualité d’un monde constamment déchiré entre le bien et le mal. La voix unique de Sirokous, extrêmement rauque et sentencieuse apporte aux morceaux la puissance diabolique dont ils ont besoin, alors que le jeu de batterie de Lord Apollyon sait se montrer suffisamment versatile pour ne pas sombrer dans la vulgarité de blasts omniprésents.
Le spectre du BATHORY viking fait parfois son apparition au détour de passage plus mid que la moyenne, mais les claviers rapprochent aussi le concept d’ARCTURUS et NOCTURNUS, évitant les symphonies lénifiantes de CRADLE et DIMMU. Le résultat est donc persuasif de variété, et chaque entrée à sa raison d’être, que les intro soient Heavy et redondantes (« The Grand Archon »), lourdes et emphatiques (l’orchestrale entame de « Nocturnal Gates Through the Night Mist », impressionnante de maîtrise).
Sacrée réussite donc pour les grecs, qui parviennent à conjuguer la bestialité du Black des nineties et la subtilité symphonique des années 2000. Arcadian Witchcraft est donc bien plus qu’une simple messe noire sacrifiant des vierges après les avoir vulgairement troussées, et ressemble plus à un vieux grimoire ramené à la vie musicale, et que des yeux neufs traduisent avec beaucoup de soin.
Titres de l’album:
01. Meet Her Majesty, the Black Queen
02. Mystics of Ritual Madness
03. Mundus Est Diaboli
04. The Grand Archon
05. Nocturnal Gates Through the Night Mist
06. Seeking Blood in the Blackness
07. Arcadian Witchcraft
Ozzy sur sa chaise hé ben.Bon l'âge nous aura tous mais bon quand même c'est pas cool de voir ça.Moi ça m'aurait emmerdé.Autant un Anthrax, un Maiden ont toujours la peche après tant d'années (quitte &a(...)
07/07/2025, 13:18
j'ai eu l'occasion de les voir en première partie de Seum mi Juin. vraiment bien prenant !
07/07/2025, 12:48
Je m'attendais vraiment pas à ce qu'Ozzy tiennent 30 min sur chacun de ses shows...Bon, on peut pas dire que c'était "beau" à voir mais si j'avais eu la chance de gauler une place, j'aurai tout de même été bien con(...)
07/07/2025, 07:36
Putain je suis fan de Slayer mais c'était bien dégueulasse. Ça devient une parodie. Et oui merci pour tout Ozzy et tommy.
06/07/2025, 21:25
Oui c'est bien beau mais étaient ces gars durant l'ère Obama ou il a absolument tout trahis ? Trump on connait son histoire personnelle et ses financements. c'est sans surprise..
06/07/2025, 14:20
Pardon pour les fautes, mais quitte à écouter ce genre de trucs, Anna von Hausswolff le faisait beaucoup mieux il y a 10 ans. C'est ce qu'on appelle l'avant-garde je suppose.
05/07/2025, 06:51
Le problème de de Kayo Dot c'est qu'il dépend de l'envie du moment de Toby Driver et de qui l'entoure, tu peux avoir un album de drone/post-rock suivit d'un album de death metal, il n'y a pas de groupe et aucune identité. C'est dommage parce(...)
05/07/2025, 06:47
Merci à Clawfinger pour ce grand moment de transgression validée par l’ordre moral dominant. C’est rassurant de voir que la “rébellion” moderne consiste à tirer sur une cible usée jusqu’à la corde, avec des punchlines dignes (...)
04/07/2025, 07:16
Il tourne pas mal chez moi ce disque, et c'était un vrai plaisir de revoir le groupe live récemment après les avoir un peu mis de côté. Un autre concert en tête d'affiche ne serait pas de refus !
03/07/2025, 16:57
Morceau décevant et sans surprise. La présence de Chris Kontos dans le groupe y fait pour beaucoup dans mon intérêt pour ce retour, mais pour le moment bof.
03/07/2025, 16:47
Je n'ai jamais aimé ce groupe, mais j'étais passé devant durant un Hellfest et en effet c'était juste insupportable toutes ces harangues (littéralement toutes les 10 secondes). Moi je m'en beurre la raie, mais pour les fans ça doit &ec(...)
03/07/2025, 12:55
Vu à Toulouse et je n'ai pas du tout accroché, pourtant vu 2 ou 3 fois depuis 2005. Et j'avais bien aimé. Rien ne surnage, ça bastonne mais pour moi aucuns titres ne sort du lot.Par contre j'ai adoré Slapshot
02/07/2025, 16:01
Votre article sur le kintsugi est un véritable hommage à l’art de reconnaître la beauté dans la fragilité et les cicatrices : mentionner son origine au XVe siècle et sa philosophie wabi‑sabi renforce(...)
02/07/2025, 15:38
@Abrioche91 : la canicule t'a trop tapé sur la tête, mon pauvre vieux. Parce que se faire à répondre aux trolls, je n'avais plus vu ça depuis VS.
02/07/2025, 12:25