Depuis longtemps, l’humanité se demande à quoi ressemblerait une rencontre du troisième type. Ce qui se passerait au cas où une civilisation extraterrestre descendait par chez nous pour entamer le dialogue. On a eu droit à des trucs improbables comme cet énergumène jaune et rouge amateur de soupe aux choux, des créatures longilignes et énigmatiques qui vous entrainent dans leur véhicule pour vous faire la vidange, la version Spielberg avec doigt tendu et téléphone maison, mais finalement, personne ne sait vraiment ce que déclencherait un choc des civilisations. Et puis, sont-ils plus intelligents que nous ? Pas difficile me direz-vous, mais j’ai peut-être un embryon de réponse à cette interrogation.

« Ah parce que tu connais un ALIEN toi ? »

Ben oui, justement, et il est suédois, donc terrien à cent pour cent.

Je l’avoue, elle est facile, mais comment résister ? Alors que notre cher Musk regarde vers Mars, nous écoutons ces mélodies venues de Suède dans les années 80 et qui trouvent encore un écho très raisonnable en 2025. Il faut dire que Tony Borg (guitare) et Toby Tarrach (batterie) s’accrochent à leur os comme des chiens affamés, nous rendant visite dans le jardin une fois tous les cinq ans en moyenne. Une longue carrière, un split conséquent pendant les nineties, mais la forme, toujours, et cette envie irrésistible de partager ses vues sur un AOR de compétition, celui-là même que les musiciens scandinaves s’acharnent à faire revivre à longueur de production.

Faites-vous une fleur, allez vers les originaux ?

Oui, et pour plusieurs raisons. D’une, parce que ce sont eux qui ont influencé la génération actuelle, et de deux parce qu’ils ont gardé la flamme allumée pendant de longues années. Et avec When Yesterday Comes Around, ALIEN nous donne une sacrée leçon de séduction mélodique comme on les adorait étant adolescent. Et un peu sensible sur les bords.

Cinq ans après Into the Future, Tony et Toby, accompagnés de la voix veloutée de Jim Jidhed sonnent à notre porte pour propager leur bonne parole. Celle d’un Rock lustré, peaufiné, enrobé dans des harmonies ciselées, pour nous ranger à leur cause. Effort inutile, puisque nous l’avons embrassée depuis longtemps, mais il est toujours agréable de constater que de vieux amis font encore des efforts pour mériter notre fidélité, et « In The End We Fall » est la preuve concrète que les suédois n’ont pas l’intention de faire du pilotage automatique ou de l’écriture du même nom. Certes, la méthode est connue et éprouvée, mais les sensations sont toujours aussi intenses, quelque part entre l’AOR des années 70/80 et le Hard-Rock smooth’n’Roll de la même période. En gros, entre EUROPE et SHY, avec une pincée de JOURNEY, et quelques allusions à 220 VOLT. Et un salut de loin aux écuries Frontiers et AOR Heaven. Evidemment.

Le répertoire 2025 est inattaquable, et évite encore une fois la mélasse de sentiments prémâchés qui donnent la nausée ou le diabète. Malgré de fréquents accès de romantisme, les suédois savent que la distorsion reste leur meilleure alliée et ne la laisse pas s’engluer dans la toile d’un synthé trop adhérant. Doux, oui, accessible aussi, mais pas mellow pour autant, encore moins sucré qui gâte les dents. Avec une rythmique solide, qui propose une pulsation soutenue et musclée, le trio s’en sort une fois encore avec les félicitations du jury, et des tubes à la pelle. Le groove irrésistible de « We Are Living » en est un très bon exemple, tout comme le binaire déhanché de « Aiming High » que WHITESNAKE aurait pu composer en l’honneur d’HELLOÏSE.

De l’envie donc, une énergie ne se démentant pas, pour des burners que le jeune BON JOVI aurait pu envier. « I Belong To The Rain » aurait enthousiasmé notre natif du New Jersey, tant il ressemble à ses premières vibrations. Sobrement produit pour ne pas étouffer l’émotion, avec une guitare tranchante comme un sabre et une batterie dont la caisse claire tape la perfection, When Yesterday Comes Around peut même faire penser à de l’excellent BALANCE, grâce à d’habiles combinaisons techniques qui attestent du potentiel des musiciens.

Amateurs de douceur, ne tremblez pas. Le groupe a aussi pensé à vous, il a juste évité les atermoiements de midinette pour préférer une lettre d’amour à la FOREIGNER/BOSTON sur « I Remember », qui peut aussi ramener TOTO à la surface des vitres embuées. Dans le même ordre d’idée, le bluesy et crépusculaire « When Yesterday Comes Around » officie comme le souvenir d’un amour perdu, avec sa lancinance émouvante et sa guitare déchirante. Le meilleur des deux mondes donc, pour un bel équilibre trouvé entre la fougue et la subtilité.

Tout ce qu’on cherche dans un disque de Rock mélodique en somme.

Et celle de tous ces morceaux est conséquente. La cuvée 2025 est exceptionnelle, avec une seconde partie plus osée qui multiplie les allusions au Yacht Rock. Des accents jazzy très discrets, mais des mélodies toujours plus enjôleuses, et « Hearts On Fire » de se présenter comme le sauveur AOR de cette année.

ALIEN n’a guère d’autre moyen de voyager que sa musique, mais communique avec générosité, empathie, tolérance et simplicité. Le groupe suédois est toujours aussi doué pour échanger avec ses contemporain, alors, quelle importance que nous soyons de la même planète ?     

Titres de l’album:

01. In The End We Fall

02. If Love Is War

03. Aiming High

04. Strange Way

05. We Are Living

06. I Belong To The Rain

07. I Remember

08. Signs

09. Fall In My Arms

10. Coming Home

11. Hearts On Fire

12. When Yesterday Comes Around

13. Awareness (Outro)

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