Cthulhu un illuminati ? Le nouvel ordre mondial ? Une fantasmagorie en hommage à Lovecraft ? L’imagination ne manque pas à certains, encore faut-il qu’elle s’accompagne d’une créativité notable. CTHULUMINATI est assurément l’un des groupes les plus doués de sa génération, mais aussi l’un des plus barrés, ce qui n’est pas fait pour nous déplaire. Dans un registre de Doom expérimental, de Stoner psychédélique et de Heavy-Rock lunaire, les hollandais en tiennent plusieurs couches, et reviennent avec entre les mains ce deuxième album tant attendu. Car les mecs ne sont pas spécialement pressés. Six ans entre deux albums, ça laisse un temps de réflexion notable, et celui indispensable pour composer un nouveau répertoire au moins aussi branque que l’ancien.
Et sous cet aspect-là des choses, Tentacula est salement obsédant et effrayant.
« Cthrl » en ouverture dit presque tout, et laisse songeur. Comme un petit fils d’HAWKWIND plus porté sur les hallucinations digitales que sur le lysergique en buvard, CTHULUMINATI s’amuse à mélanger le Rock progressif, le Rock psychédélique, le Hard-Rock cryptique et l’évolutif mystique. Enorme basse symptomatique, arrangements synthétiques, chant noyé d’effets et long crescendo diabolique, pour une vision assez unique qui donne matière à…plein de choses.
Stefan Strausz (basse), Seth van de Loo (batterie), Rami Wohl (guitare) et Devi Hisgen (chant/guitare) sont des gens très fréquentables. Pas seuls dans leur tête, mais distrayants, et quelque peu inquiétants sur les bords. Depuis Reliqideus, lâché en guise de présentations en 2019, le quatuor a encore progressé, se mure de plus en plus dans ses fantasmes, et alimente les nôtres d’une ouverture d’esprit artistique impressionnante. Beaucoup plus enrichissant que nombres d’artistes estampillés du sceau Progressif, CTHULUMINATI est une créature immense et immonde, mais pétrie d’un savoir ancestral. Peut-être même de l’origine de l’homme et de ses traumas. Des origines décrites avec force guitares acides, circonvolutions de sons en tous genres, et de mélodies torturées au-delà du raisonnable. Un mélange particulièrement corsé, qui peut même faire penser à une rencontre explosive entre NEUROSIS et MASTODON.
Donc assourdissante.
Mais le son de cet album est précis, tout en conservant cette patine grossière que l’on apprécie tant. La gravité du fond est en parfaite adéquation avec la liberté du ton, et les compositions, longues et amples prennent corps et vie sous nos tympans, révélant une myriade de détails fascinants et d’images absconses.
De la dissonance, des désaccords rythmiques, un chant qui hésite entre narration défoncée et lyrisme faussé, pour un sacré voyage dans un univers unique. C’est ce qu’on attend toujours d’un groupe pareil, qui a les moyens de ses ambitions et inversement. « Squid Pro Quo » et son jeu de mot plus ou moins habile n’est pas avare d’effets aquatiques ni de grondements bestiaux, mais toujours allégé par une bande instrumentale cosmique qui fricote avec les bas-fonds et les hauteurs insoupçonnées.
Une bande-son difficile à classifier, et c’est tant mieux. La lancinance globale à cet effet hypnotique des vieux disques d’Acid-Rock, mélangé à un pragmatisme binaire assez roublard. D’ailleurs, le hasard m’ayant fait chroniquer le même jour le dernier Steven WILSON et ce CTHULUMINATI est bien coquin, puisque les deux disques partagent des vues sur l’occupation sonore et l’importance de la spiritualité sur le matérialisme. Non que les hollandais nous envoient eux aussi dans l’espace, mais la cohérence mélodique, l’envie de développer des thèmes variés, et cette façon de proposer des ouvertures débouchant sur des interprétations diverses sont communes à ces deux œuvres, aussi similaires que différentes.
Car en effet, Tentacula est beaucoup plus âpre et rude que The Overview.
« The Illusion of Control » semble prendre le contrepied de son intro bouillonnante, mais la basse est toujours là pour rappeler les racines Doom. Un Doom tellement travesti qu’on peine à l’admettre, mais qui drive néanmoins les structures d’ensemble. Disons plutôt que si le Stoner ralentissait à outrance ses vices, le résultat n’en serait pas si éloigné.
Ce titre gargantuesque se pose en acmé d’un album intense et exigeant. Placé en pénultième position, il assume celle de moment fort, comme un épisode de série de science-fiction complètement absurde. Mais logique à la fois, comme chez Lynch ou Yorgos Lanthimos. Avec un peu de Villeneuve comme glaçage.
Des chœurs grandiloquents qui soutiennent un fill parfait à la caisse claire, une soudaine reprise de parole mélancolique et allusive à la scène italienne, et une emphase plus prononcée, partagée entre BLACK SABBATH et PORCUPINE TREE. Le trip est donc totalement irrésistible, et ne laisse aucune céphalée gâcher la fête. Qui avec alcool n’est pas plus folle.
Puis vient l’heure du « Mantra ». Vous savez, cette vibration qu’on introduit après avoir chassé toutes ses pensées. Cette petite phrase ou ce mot qui titille le cerveau pour lui faire accéder à un état de conscience supérieur. Il fonctionne aussi en musique, et tape le Drone pour mieux user la même note de longues minutes. On sentirait presque les objets se mouvoir autour de soi, et le paysage se fondre dans un fantasme multicolore.
CTHULUMINATI est parano et serein à la fois. Attaché et détaché. Caverneux et au milieu d’une plaine. Les tentacules foulant le sol comme des doigts de paysan from outer space. Une sacrée bestiole, et un sacré traducteur.
Titres de l’album:
01. Cthrl
02. Squid Pro Quo
03. Abysmal Quatrain
04. Transformation
05. The Illusion of Control
06. Mantra
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Ça vaut vraiment le coup d'écouter ce qu'ils font, j'aime beaucoup et c'est vraiment bon !
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Je comprends son raisonnement car je le partage en partie. Je déteste le mot "contenu" quand on parle de vidéo. Ca ne veut pas dire grand chose. Les lyrics video, je trouve que c'est une solution de facilité. On se contente de coller une(...)
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J'suis probablement trop vieux, je trouve ça atroce, autant à écouter qu'à regarder.
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