Beaucoup d’informations en quelques minutes. Après avoir regardé cette pochette de près, après m’être intéressé au concept et avoir découvert un énorme logo à l’arrière de cet exemplaire promo, remarqué l’ossature en duo et le parcours encore récent, il m’a semblé que LADY AHNABEL méritait quelques éclaircissements avant de me lancer dans l’aventure. Une aventure haute en couleurs que leur label, M&O Music n’hésite pas à décrire comme une odyssée de Metal symphonique, ce qui a toujours le don de me démanger les neurones. Mais toute sortie physique méritant considération, et en faisant fi de quelques principes embarrassants, j’ai donc lancé ce deuxième album…un peu à reculons.

Un guitariste (Luke Skywam), une chanteuse (Cweety Trash), ça rappelle méchamment BLACKMORE’S NIGHT, même si les deux groupes ont autant en commun qu’ils ne sont différents. Les deux varois s’expriment plus volontiers la distorsion à fond, et ne sont que peu concernés par les mélodies du moyen-âge et les ménestrels en goguette.

Ceci étant dit, le talent de soliste de Luke n’a pas forcément à rougir de la comparaison avec quelques guitar-heroes, certes encore un peu loin de Ritchie Blackmore, mais tout à fait capable de trancher des soli en fines tranches mélodiques. L’homme se fait plaisir d’ailleurs, mais jamais au détriment de la cohérence des titres. Ce qui permet d’apprécier de véritables compositions, et non des rouleaux de démonstration retrouvés dans les cendres de la bibliothèque d’Alexandrie. Si chacun discutera de la pertinence d’une production un poil trop compressée, si d’aucuns argueront du formalisme des thèmes musicaux traités, le tout est agréable, spécialement lorsque l’agressivité monte d’un cran.

Ce sont effectivement les morceaux les plus musclés qui permettent d’apprécier le potentiel de compositeur et d’arrangeur de Luke, à l’image du single « Bionic », énergique en diable, proche de PRIMAL FEAR avec une légère brise AVANTASIA. Bon choix que d’avoir propulsé ce titre en tête d’affiche, puisqu’il remonte facilement vers le haut du panier, avec ses harmonies simples et sa fougue indomptable. Inclus, un break central apaisé avant cette tonitruante reprise en doigté, pour un final homérique et plaisant.

Les deux collègues n’ont pas lésiné sur la marchandise. Avec une heure de jeu pour neuf morceaux, l’inspiration était au rendez-vous, même si évidemment certaines idées se ressemblent. Mais l’étalage est assez bien aplani, ce qui permet de nuancer les émotions, en gardant sous le coude cet appétit diabolique pour une rythmique turbocompressée. On peut penser à la scène Heavy française de ces vingt dernières années, diluée dans une inspiration virile dite « à l’allemande », mais l’osmose entre Cweety et Luke permet de distancer des références parfois un peu trop évidentes.

Avec des textes en français, LADY AHNABEL se range aux côtés de SORTILEGE et ADX, dont il emprunte aussi le lyrisme et la puissance. Un mixage habile permet de fondre la voix dans l’instrumental, pour une meilleure cohabitation, même si la plupart du temps, la rythmique a tendance à noyer les lignes de chant. Epique, sympathique, opulent et noble la plupart du temps, La Bionique est une petite surprise charmante, pour peu que l’impulsion exige de Cweety Trash de pousser sur sa voix. Car lorsque l’émotion tamise la pièce, ses limites sont vite atteintes, et « Rêves D'enfant » de sonner comme une version cheap de « Windmill » d’HELLOWEEN, qui n’était déjà pas bien brillant à la base.

On se concentrera donc sur le final gargantuesque « Dante », qui sans nous plonger dans des enfers personnels, nous passera quand même les tisons sur les orteils. Dans la droite lignée des groupes de Metal opératique et subtilement progressif, ce dernier titre est la véritable perle cachée dans une bourriche d’huîtres, et justifie à lui seul l’écoute d’un disque qui reste handicapé par quelques défauts.

Le chant est assez hésitant lorsqu’il est bridé, et la justesse peut se montrer discutable, au contraire des charges les plus virulentes qui permettent d’atteindre des aigus intéressants.  

LADY AHNABEL se fait plaisir avec ce deuxième album, mais peine encore à se montrer vraiment compétitif. Mais l’envie est là, et les petites hésitations facilement rectifiables. Alors, peut-être qu’un troisième album tombera à pic pour une réévaluation. Le dossier suit donc son cours.        

Titres de l’album:

01. Bête de Cirque

02. Défier les Dieux

03. Rêves D'enfant

04. Bionic

05. Ibidem

06. L'effrontée

07. Lettre à Ma Vie

08. Diane

09. Dante

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