Alors que je nettoyais frénétiquement mes vitres, un vendredi matin comme les autres, un badaud au look incertain me hélait de la rue, l’air interrogateur. Posant ma raclette et mon fromage, j’allais m’enquérir du questionnement de ce passant un peu véhément, certain qu’il tentait de me vendre une assurance santé ou une nouvelle toiture pour ma chaumière. Mais loin s’en faut, puisque l’inconnu paraissait complètement perdu, et à la recherche d’une bouée dans le désert ou d’une oasis en plein océan. D’où l’échange suivant :

« Oui, vous désirez ? »

« Je me demandais, vous qui avez l’air d’un homme parfaitement charmant et au courant, n’auriez-vous pas une nouveauté bien Heavy à me conseiller ? »

« Alors là, mon cher, vous ne pouviez tomber plus à propos. Connaissez-vous les Landes ? Mont-de-Marsan ? Car cette région ensoleillée et magnifique cache en son sein l’un des groupes les plus méritants de ses lendemains. »

« J’en suis fort ravi, mais auriez-vous un nom à me soumettre ? »

« HUSH »

« Comme le titre de DEEP PURPLE ? »

« Exactement ».

Le chaland, ainsi conseillé, reprit sa route sans se retourner. Mais mon sang en fit plus d’un et mon cerveau, lassé de la brillance éventuelle de carreaux sans âge, exigea soudainement une nouvelle écoute, immédiatement. Bon sang, mais c’est bien sûr. Le quintet venant juste de sortir sa troisième livraison, le son était encore frais, et surtout, très fort. Alors, pour se replonger dans la franchise d’un Metal qui attise, Forever More s’offrit une nouvelle révolution dans mon lecteur numérique, pour le plus grand plaisir de mes tympans.

Vingt-cinq ans de carrière, trois albums, HUSH est depuis longtemps une fierté régionale dans le sud, et ce nouvel effort ne fera qu’asseoir un peu plus sa réputation, d’autant que nous étions dans l’attente depuis 2016 et la publication de Fury. Neuf ans sans nouvelles, un nouveau batteur (Crissy Saint James, que les fans de VIXEN/JUMPER LACE n’ont pas oublié), et une énergie renouvelée pour adapter le Heavy à ses obligations germaines, dans la plus pure tradition du Metal en fusion.

Jean Mora-Fabas (basse), Alain Joie  (guitare) et Ted Bilhere (chant), trio de tête et garant des traditions, bien accompagné depuis 2016 par le chant velouté de Charlène Coiffeteau revient donc à la charge avec sept nouveaux morceaux plus une actualisation d’un ancien, pour rassasier les amateurs de chœurs à la germaine, de riff francs et massifs, et de breaks nuancés bien amenés.

Le quintet est donc dans une forme olympique, et excuse son long silence avec une belle franchise. Dans un registre de tradition qui a du bon, HUSH cite ACCEPT dans le texte, mais aussi la vague Power des années 80/90, avec des allusions à NIGHTMARE, ADX, PRIMAL FEAR, et beaucoup d‘autres. La dualité vocale partagée par Ted et Charlène marche toujours aussi bien, et plus particulièrement sur les hommages rendus à Wolf Hoffmann et Udo (« Call of the Devil »), et si le propos est aussi formel qu’une déclaration d’intention old-school, l’investissement et la puissance de Forever More excusent bien des facilités, et lorsque le tempo se met à s’affoler, l’adhésion est inévitable et appréciée (« Out of Control »).

Big sound, simplicité des thèmes, facilité technique, les landais continuent tout simplement leur chemin en offrant à leurs fans des compositions fédératrices et propices à une agitation intérieure. Pas de faux-semblant, pas de fausse piste pour amuser la galerie, mais des chansons fières, entre l’enclume et le marteau, qui de temps à autres osent un peu plus de sensibilité mélodique (« Too Late »).

Réminiscent d’une époque que nous avons bien connue, Forever More n’en donne pas plus, et donc pas trop, mais s’arrête sous la barre des quarante minutes, alors que nous aurions volontiers dégusté un bon dessert en bonus. Et pour un groupe qui se manifeste en studio une fois tous les huit ans, cette mesure dans la gravure est difficilement excusable, d’autant que le final « Forever More » laisse apprécier la voix douce et voluptueuse de Charlène, dont le rôle est de plus en plus central.

HUSH ou la comète de Halley du Metal français. Ses passages sont suffisamment rares pour être promus, et l’écoute de leur musique laisse artistiquement repu. Sur ce, je vais terminer mon astiquage, et éventuellement, attendre un autre passant que la cause Heavy pourrait intéresser.   

Titres de l’album:

01. I Love the Night

02. Révolution

03. Fight to be Free (2025 Version)

04. Call of the Devil

05. Out of Control

06. Too Late

07. Another Day

08. Forever More

Facebook officiel

Bandcamp officiel