Peut-on jouer du Stoner sans se répéter de morceau en morceau ? Une question comme une autre, mais une réelle interrogation. Je pense que si le style tourne vite en rond, de riffs gras en complaintes vocales plus ou moins sincères, il est très difficile de maintenir l’attention sur des durées un peu poussées. Mais après tout, d’autres sous-genres ont les mêmes travers, alors, évitons de juger. Mais je pousserai le raisonnement plus loin : peut-on jouer du Stoner Rock instrumental ? Considérant les arguments ci-dessus, la tâche s’apparente à une gageure impossible à relever. Sauf pour les montpelliérains d’ÖFÖ AM. Depuis une grosse quinzaine d’années, le trio (Antoine Morières : guitare/claviers, Jonathan Barthelémy : batterie et Géraud Jonquet : basse) tente de prouver que l’absence de chant sur un nappage gras n’est pas si handicapant que ça. Mieux : plus savoureux. C’est en tout cas la constatation faite après écoute de deux albums, The Beast Within et Tales from Outerspace: An Octaman's Odyssey, sortis à sept ans d’écart, et qui faisaient preuve d’un esprit pour le moins aventureux.
De quoi laisser ses principes au placard entre les balais et la serpillière.
ÖFÖ AM revient en 2025 armé d’un troisième album, le plus important. Les musiciens n’ont pas vraiment changé d’optique, et continuent d’explorer le potentiel instrumental d’un style consacré, qu’ils jouent avec une inspiration très personnelle. Octopus Vulgaris est peut-être l’espèce la plus commune de pieuvre, mais elle n’en a pas moins les tentacules agiles. Construite sur une progression courte de onze morceaux, l’aventure de la bestiole a de quoi passionner, et nous narre ses pérégrinations avec une humble délectation. Mais visiblement, ces mêmes aventures l’entraineraient plutôt dans l’espace que dans les bas-fonds, pour un voyage sans retour, lysergique ce qu’il faut et terriblement lucide à la fois.
Et cette narration musicale sans narration vocale se montre une fois encore fascinante, entre rythmique solide et guitare volubile.
Octopus Vulgaris n’est finalement que le prolongement des travaux déjà entrepris depuis ce premier EP de 2009. On y trouve le même panel de références, les influences les moins classiques, et toujours cette envie de laisser la musique s’exprimer pour elle-même et par elle-même. Quelque part entre ZEUS et THE INSPECTOR CLUZO, taillant le bout de gras avec les gars de la Nouvelle Orléans sur l’importance de NOMEANSNO dans l’histoire du Rock déjanté et surdoué, ÖFÖ AM conchie la FM survendue par des cuistres qui ne connaissent de la musique que son caractère le plus putassier et mercantile, et se lance encore une fois dans un premier jet de spontanéité sidérant. Une autre galaxie, régie par des règles différentes, dilatant et contractant le temps avec la régularité d’une comtoise, pour un trip entre des étoiles de toutes les couleurs dans un vaisseau en noir et blanc.
De là, inutile d’attendre des conseils sur la meilleure façon d’aborder le truc. Il n’y a qu’une seule bonne façon de se plonger dans ce petit pavé, et c’est de commencer par « Space/Mutation » pour finir par « Grand Finale ». Le trio a agencé ses idées, offert une évolution logique et hypnotique, et développé un argumentaire indiscutable. Alors que beaucoup auraient beau jeu de penser que l’instrumental est un exercice de style fastidieux et fatiguant, Octopus Vulgaris s’inscrit en faux et prouve que le micro posé et éteint n’est pas un handicap pour qui sait créer. Mais il faut travailler pour en arriver là, et Antoine Morières a encore une fois tricoté le plein de riffs pour l’hiver, alors que l’été nous darde déjà de ses rayons.
Le frontman qui n’en est pas un multiplie les riffs comme s’il les pondait tous les matins, et agrémente notre quotidien de soli propres mais abrasifs, qu’une énorme basse ronde vient soutenir de tout son poids. L’osmose entre les trois musiciens est presque palpable, et ce sentiment d’être en studio en train d’observer le processus d’enregistrement totalement délicieux, la production brute permettant de garder un cachet d’authenticité à la cire sur enveloppe au gros grammage.
Enregistré par Olivier Teisseire, mixé par Sam Russell, masterisé par Bruno Varea et décoré d’une œuvre de Senor Octopus, Octopus Vulgaris est une transposition de la liberté des années 70 dans un contexte moderne. Mais attention : pas une relecture des branques les plus dadaïstes pour faire joli et sentir le patchouli, non, une appropriation des codes libertaires de l’époque pour construire une œuvre personnelle et moderne. Pas de conflit d’intérêt, un Space-Rock plus allusif que stellaire, et un Rock généraliste plus agressif pour une jam qui sent bon l’amour du travail bien fait.
Traquant les étoiles pour leur poser les questions les plus intimes, ÖFÖ AM s’en revient avec des non-réponses fabuleuses et sujettes à interprétation personnelle. Plongez donc dans cet univers extraordinaire, et restez-y un moment, puisque vous n’avez rien à perdre. Notre monde est assez laid pour qu’on lui échappe ne serait-ce que quelques instants.
Titres de l’album
01. Space/Mutation
02. Octopus Vulgaris
03. Volcano
04. Children In The Mud
05. Vortex I
06. Genetic Mutilation
07. Doomed To Suffer
08. RadioActive Cult
09. Vortex II
10. We Want Dotschiler Dead!
11. Grand Finale
Le troll DPD (quel beau nom !) en tête de gondole dans la fosse. Comment c'est possible ça genre de gus ?
11/07/2025, 13:36
Mdr y'en a qui ont un niveau de goûts musicaux digne de la fosse des Mariannes. JPP de lol quand je lis ça Tout est dit.
11/07/2025, 13:34
@Humungus : mdr. On s'est compris.@Buckdancer : oui j'imagine que tu as raison
11/07/2025, 13:32
Un troll sur metalnews.fr c'est comme un exibitioniste dans le désert, il peut arriver à capter l'attention de quelqu'un de temps en temps mais tu sens que niveau stratégie c'est pas optimal.
11/07/2025, 13:28
Le Hellfest n'est plus qu'un fest mainstreem comme tant d'autres et n'a plus rien à voir avec ses origines.Le nombre de blaireaux au M2 y est devenu affolant au point qu'il n'y a que ça.Pour ma part, je préfère aller dans les(...)
11/07/2025, 12:42
Deafheaven > Black Sabbath d'ailleurs, aucune hésitation. quelle chanson de Black Sabbath atteint le niveau d'intensité de Dream House ?
10/07/2025, 21:43
T'aimes ça hein le cuir et le metal salace, je préfère Patrick Sébastien, je le trouve moins pédé. Le petit bonhomme en mousse on s'en rappelle, ça c'est une chanson qu'on oublie pas, comme ce que te chantais ta maman..
10/07/2025, 21:36
@DPD : putain, cette merde de Chat Pile, de la noise bâtarde gay friendly qui pompe Godflesh et Korn. Et dans un autre post, tu parles de Deafheaven. Mais mec, arrête de donner des leçons et va donc faire une Bun Hay Mean.
10/07/2025, 21:20
Et ce qui s'est fait de marquant question death c'était le dernier Dead Congregation et le surprenant Reign Supreme de Dying Fetus. Et qu'on me parle pas de Blood Incantation tout est impeccable, il y a beaucoup de travail derrière, mais aucune symbiose entre les part(...)
10/07/2025, 15:17
L'underground est pas une qualité en lui-même, le dernier concert que j'ai vu t'avais les groupes qui enchaînent les plans thrash-death-black sans aucune cohérence, du sous Deathspell Omega (désolé mais dans le black dissonant tu seras toujou(...)
10/07/2025, 15:09
C'est à peu près le constat que nous sommes plusieurs à faire me semble-t-il, mais je mettrais tout de même Converge, The Dillinger Escape Plan ou Botch ailleurs que dans le metalcore. Mais pourquoi pas. ;-)@Jus de cadavre "Je crois qu'il faut acce(...)
10/07/2025, 14:34
@GPTQBCOVJe suis horrifié par l'idée de finir comme ça, voir Darkthrone se réduire aux lives jouant la fameuses trilogie pour payer les affaires courantes notamment des frais de santé, la social-démocratie m'en sauvera j'imagin(...)
10/07/2025, 14:16
Non mais même le metalcore t'avais la grande époque de Converge, Dillinger Escape Plan, Botch et compagnie...certains parleraient de hardcore chaotique mais bon. T'avais pas que de la musique lisse à refrain, ce n'est pas le diable que certains veulent peindre.&(...)
10/07/2025, 13:47
Si le Metalcore était à la mode il y a 20 ans, disons alors que (malheureusement) cela perdure car 1/4 des groupes jouant dans de gros et moyens fests ont un qualificatif se terminant par "core".
10/07/2025, 13:22
Cela m'espante toujours de voir des festivals complets (ou presque) un an à l'avance sans avoir annoncé aucune tête d'affiche.Le public est devenu très friand des gros festivals. Je pense évidemment à toute cette frange de festivalier(...)
10/07/2025, 12:23
Certains commentaires sont à côté de leur pompes, la grande mode du metalcore c'était il y a quoi ? 20 ans ? la bizarrerie c'est que pas mal de ces gens sont passés au black-metal pour une raison que j'ignore ce qui donne toute cette scene en -post(...)
10/07/2025, 12:04