Sins of the Father

Black Pistol

12/07/2019

Autoproduction

Moi qui cherchais un peu d’air frais, et une sortie un peu moins prévisible que la moyenne, me voilà nageant en plein exotisme et chroniquant le premier LP d’un gang nous venant du Cap, Afrique du Sud, provenance assez peu courante en termes de Hard-Rock couillu. Formé en 2014, BLACK PISTOL est l’archétype même de la don’t give a fuck attitude, et trace donc sa route depuis cinq ans, avec force énergie et décibels. Déjà auteurs d’un premier EP éponyme, et avec une carrière de plus d’une décennie sur la scène locale, ces quatre musiciens aussi sincères que directs nous en reviennent donc avec un longue-durée initial, qui a l’énergie de ces premiers jets témoignant d’un parcours scénique à la force du poignet. Et puis sincèrement, en étant légèrement subjectif sur les bords, comment ne pas adorer un groupe dont le batteur s’appelle…Nicolas Cage ? Je sais, l’argument est plus cocasse que fondé, mais j’avoue avoir souri à la lecture de ce patronyme pas banal lui non plus, mais en se référant à la carrière de ce brave Nic, autant dire que Sins of the Father se rapproche plus de Leaving Las Vegas que de Ghost Rider. Et en choisissant de ne pas choisir une époque particulière, ce quatuor (Stiaan Bruwer - chant, Roan Mustang - guitare, Jacques Le Roux - Basse et donc Nicolas Cage - batterie) s’affranchit de toutes les contraintes inhérentes au cloisonnement, et nous propose un survol du Hard Rock de ces quarante dernières années, un peu Stoner sur les bords, légèrement Heavy parfois, piochant dans les seventies de quoi rendre ses eighties plus rugueuses, mais ne crachant pas sur l’explosion de la scène Desert Rock des 90’s, avec les KYUSS, MONSTER MAGNET, influences plus en filigrane que complètement avouées.

D’ailleurs, celles revendiquées par le groupe sont vastes et non précisées, mais puisqu’il faut bien les situer, alors parlons de WOLFMOTHER, de BLACK STONE CHERRY, des GRAVEYARD dans une moindre mesure, de RIVAL SONS pour les plus évidents, mais aussi de METALLICA, des TYPE O, éventuellement de la mouvance californienne de la fin des années 80, et en gros, de tout ce qui a constitué l’ossature principale de notre musique de prédilection depuis l’émergence de BLACK SABBATH. D’ailleurs, le patronyme même du groupe pourrait suggérer une combinaison habile de la gravité du SAB’ et de l’attitude frondeuse et bravache des SEX PISTOLS, même si le côté Punk est moins prononcé que chez les GUNS N’ROSES. Produit dans son studio par Jo Ellis, Sins of the Father est donc un manifeste Rock qui ne rechigne pas à être Hard, mais qui n’a pas oublié les commandements Classic Rock des seventies. Pas vraiment du genre à piller un gang en particulier, les BLACK PISTOL jouent leur propre jeu, et signent des textes concrets, ancrés dans le réel, et qui peuvent toucher tous ceux que la vie n’épargne pas, à cœur ouvert, et sans faux semblant. Globalement lié par un fil d’Ariane Heavy Rock, ce premier LP n’en tend pas moins parfois vers une agressivité plus poussée, comme en témoigne l’ouverture flamboyante de « Nowhere to Run », et sa batterie toute en double grosse caisse et jeu de cymbales prononcé. Riff sombre pour entamer les hostilités, phrasé presque Néo-Heavy des 90’s et la vague NOLA, pour une lourdeur qui sait rester rafraichissante et jouer le boogie comme ça lui chante. D’un timbre chaud, Stiaan Bruwer capte notre attention, aidé en cela par des chœurs classiques mais bien placés, et le travail à la guitare de Roan Mustang témoigne de son passif de musicien chevronné, lui qui tisse des riffs serrés, mais qui sait relâcher la pression pour aérer.

Après une telle ouverture, nous serions en droit d’attendre un pilonnage en règle, mais c’est décidément la chaleur et non la moiteur que le groupe recherche, friand de ces rythmiques en déhanché que le TOP, CANNED HEAT, le QUO et autres groovers de l’extrême ont largement exploité. Syncopé mais pas désaxé, le Hard Rock au sens large et propre du terme des BLACK PISTOL est bien sûr entraînant, mais aussi convaincant, autant que celui distillé par les vieux de la vieille, et la cohésion d’ensemble frappe dès les premières mesures. Chanson simples, ambitions modestes, mais rendu maximal pour un disque qui refuse les effets de manche, sauf ceux d’une guitare volubile, et  « Devil in Disguise » de garder la même ligne de conduite, en appuyant sur une basse plus grave pour soutenir les fondations. A ce propos, la section rythmique outre sa solidité, reste inventive, et place quelques breaks bienvenus, sans empiéter sur le travail des deux solistes. Puissance donc, mais pas au détriment de l’émotion, celle suscité par des textes qui sentent le vécu, mais aussi celle exhalant d’une musique qui sait pratiquer la nuance, et nous faire le coup de la ballade douce-amère à la ALICE IN CHAINS (« Heaven and Hell »). On pense Post Grunge, puisque c’est aussi du Rock, mais finalement, on abandonne toute volonté d’étiqueter face à cette déferlante de sincérité, de celles qu’on entend que trop rarement dans la production actuelle vouée au veau d’or nostalgique. Très loin justement de cette vague old-school qui pique les tics mais ne comprend pas toujours les véritables trucs, Sins of the Father rachète les péchés de quelques-uns de ses ainés, grâce au Boogie, toujours bouillant (« Sins of the Father »), parfois plus nonchalant (« Psycho Maniac »), Boogie qui de temps en temps laisse la place à des tempi plus martelés et des réflexes moins pilotés (« Disease », le trait d’union entre les 80’s et les 90’s, Heavy, mais classy).

Du tout bon donc, car malgré l’insistance du chaloupé/déhanché, les morceaux se distinguent entre eux, trouvant toujours le petit plus qui fait la différence (ces drôles d’accélérations un peu sournoises sur « Evil », qui sent bon la Nouvelle-Orléans). Niveau production, c’est aussi du grand art, entre les anciennes techniques analogiques rondes et girondes, et le modernisme peaufiné, on prend du plaisir sans y laisser ses tympans, et les fréquences bien réparties garantissent trois-quarts d’heure de souplesse aux ouïes. En sus, une sublime pochette signée Elio Moavero (très Western arty horrifique, mais savoureux), et un premier album qui tape le carton plein. Une bonne bouffée d’oxygène, sincère, caressante et fouettante, et un pied pris par l’entremise du plus vieux truc de la musique moderne. Le Rock. Et rien d’autre.

  

   

Titres de l’album :

                        1.Nowhere to Run

                        2.Call to Arms

                        3.Devil in Disguise

                        4.Down the Hatch

                        5.Heaven and Hell

                        6.Sins of the Father

                        7.Psycho Maniac

                        8.Disease

                        9.Evil

                        10.Preacher

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par mortne2001 le 13/12/2019 à 18:01
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