The Convalescence Agonies

Weeping Sores

30/05/2025

I, Voidhanger Records

Aujourd’hui était prévu un pic de chaleur sur ma région. Vous me direz qu’on s’en fout et qu’il suffit de rester à l’intérieur, et vous aurez partiellement raison. Mais en même temps, lorsque je cherche l’inspiration, j’erre sur le balcon comme une pie en peine, et des températures excessives m’empêchent de bien réfléchir. Dès lors, il convient de trouver l’entre-deux, le juste milieu entre la fraîcheur du dedans et l’étuve du dehors, ou d’avoir recours à des subterfuges. En l’occurrence, chroniquer le deuxième album du projet américain WEEPING SORES, en activité depuis une petite dizaine d’années.

Mais en quoi ce concept new-yorkais peut-il être d’une quelconque aide pour supporter un thermomètre dépassant les trente degrés ?

Tout simplement parce que sa musique est aussi congelée qu’une épaule d’agneau. Dans un registre de Death/Doom, Doug Moore (guitare/basse/chant) s’en donne à cœur joie et à corps défendant depuis deux albums, en incarnant la quintessence d’un croisement dont on retrouve les origines dans les années 90. Dans le prolongement d’un PARADISE LOST des jeunes années et de l’écurie Peaceville la plus crue, WEEPING SORES appuie sur les plaies avec les mains sales, et y dépose un peu de gros sel pour la conservation. Non que la musique qui en ressort soit la plus vile du marché, mais elle reste grave, sentencieuse, pleine et nauséeuse, ce qui est exactement ce qu’on cherche sur ce genre de disque.

Secondé par la frappe solide et brutale de Steve Schwegler, et comptant sur la participation de quelques guests (Annie Blythe - violoncelle, Brendon Randall-Myers - claviers, Lev Sloujitel - banjo et Pete Lloyd - guitares additionnelles), Doug Moore carbure donc à plein régime, et s’épanouit dans un décor de mort, entre l’hôpital militaire abandonné et le cimetière décati de plusieurs centaines d’années. Avec des comparaisons établies entre son propre leitmotiv et des artistes comme EVOKEN, dISEMBOWELMENT, EDGE OF SANITY ou MORBID ANGEL, WEEPING SORES a fort à faire pour affirmer sa personnalité, même si ces parallèles ne sont pas dénués d’intérêt. 

Le néophyte dénéophyté, le reste n’a plus qu’à suivre à une cadence évidemment lourde et oppressante. Tout est dit ou presque sur l’entame « Arctic Summer », étrange été arctique qui préfère la glace aux glaces sur la plage, et qui impose un beat raide et des riffs décongelés. C’est assurément classique, gravissime, cultissime, et de fil en aiguille, le projet découvre ses aiguilles pour affiner son ouvrage. Loin du Death/Doom bas du front qui se contente de le faire suer avec des thèmes rebattus, The Convalescence Agonies explore toute la gamme des émotions, et en revient chargé d’images cauchemardesques qui décrivent assez bien sa préparation.

J’ai mis tout ce que j’avais dans cet album, et je suis devenu une personne complètement différente au cours de sa création. Pourtant, j’ai failli ne pas le finir. Seule l’aide de nombreux amis et collaborateurs m’ont permis d’en voir le bout.

C’est Doug Moore lui-même qui procède à cette analyse, et s’il est difficile d’en juger de la pertinence, on veut bien le croire quant au caractère exigeant de l’œuvre. Il faut en effet en avoir dans le bide pour accoucher de deux morceaux aussi agressifs et de mauvaise humeur tels que « Sprawl in the City of Sorrow » et « Pleading for the Scythe », qui juxtaposent dans un désir masochiste la lenteur du Doom et la putrescence du Death Metal. Ces ingrédients parfaitement dosés, cette voix sentencieuse, cette atmosphère d’annonce de cancer en phase terminale sont les fondations même d’un sous-genre qui se plaît à incarner l’extrême d’un extrême, sans espoir, sans échappatoire, sans fenêtre à ouvrir. Oubliez donc le lundi au soleil, et subissez ce dimanche perpétuel, un jour sans fin et sans marmotte pour une routine anxiogène.

Oui, c’est très moche, très odorant, mais en même temps, très cathartique. Le long final évolutif « The Convalescence Agonies » permet de tout pousser au maximum, étirant les riffs, aplanissant les cassures et bridant les envolées, pour mieux signifier à la plèbe que son avenir n’a rien d‘enviable. En agrémentant sa lancinance de nombreux effets et arrangements ludiques, WEEPING SORES s’éloigne des turpitudes du Death/Doom déjà digéré, et s’offre un deuxième album quasiment parfait, qui sonne même plus anglais qu’Elton John tapinant sous Big Ben.

The Convalescence Agonies et sa pochette paisible conçue par Caroline Harrison est un trompe-l’œil qui expose une marchandise courante pour en fait vendre une viande de très grande qualité. Une production énorme et toute en écho, des prouesses de guitare qui tranchent avec les habituels soli maladifs, et une ambition dans l’évolution pour se rapprocher d’un Death/Doom progressif font de cette seconde réalisation le petit évènement qu’elle est.

I, Voidhanger propose en cette fin de mois de mai une salve sérieuse, et nous permet d’échapper à cet été précoce qui commence déjà à nous les briser. Tout va de mal en pie.   

 

Titres de l’album

01. Arctic Summer

02. Empty Vessel Hymn

03. Sprawl in the City of Sorrow

04. Pleading for the Scythe

05. The Convalescence Agonies


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par mortne2001 le 30/05/2025 à 19:41
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