Torn Away The Remains Of Dasein

Kult Mogil

06/06/2020

Pagan Records

« Au lieu de suivre les modes, nous avons pris la direction opposée, et nous sommes retourné aux origines du Death, encore plus qu’avant. C’est notre album le plus essentiel, sans ces couches de Sludge et autres arrangements populaires des albums précédents. Nous voulions que les nouvelles chansons soient dénuées de toute ornementation, et qu’elles tiennent debout avec un maximum de riffs. Cet album est garanti sans désir de sonner expérimental ou avant-gardiste. Nous avons détruit la formule précédente pour construire sur ses ruines un hommage aux classiques du genre. »

C’est ainsi que le groupe KURT MOGIL parle de son deuxième album, et je peux d’ors et déjà contredire deux points de cette tirade promotionnelle. Première négation, concernant le fait que les polonais vont à l’encontre des modes. La mode en Death Metal, comme en Thrash ou en Heavy est justement de retourner aux racines pour proposer les albums les plus old-school qui soient et s’inscrire dans une veine de nostalgie lucrative. Et en adoptant ce comportement, le groupe polonais suit donc la mode générale de ces dernières années. Ensuite, les morceaux qu’on peut trouver sur Torn Away The Remains Of Dasein ne sont pas dénués d’arrangements et réduits à leur matière la plus élémentaire. La preuve en étant « White Death Implosion », qui entame les hostilités d’une intro Ambient presque industrielle et qui aménage un break central à base de basse ronflante et de légères couches de guitare en arrière-plan, à la manière d’un GODFLESH plus cru qu’à l’ordinaire. Alors en deux constatations, on remarque immédiatement que les originaires de Tarnów ne sont pas vraiment allés au bout de leur démarche, sinon, Torn Away The Remains Of Dasein sonnerait tout simplement comme une démarcation des premiers NILE ou SUFFOCATION. Certes, la majorité du répertoire sonne passéiste juste ce qu’il faut, mais avec seulement six morceaux pour trente minutes de musique, il n’était pas difficile de proposer une œuvre totalement nostalgique sans avoir à utiliser des éléments extérieurs.

Nonobstant cette mise au point ferme, ce deuxième effort des polonais reste hautement recommandable. Cinq ans après le séminal Anxiety Never Descending, KURT MOGIL revient plus remonté qu’un fossoyeur à l’heure de la pause, et semble dopé de ses changements de line-up. Ainsi, le quatuor célèbre aujourd’hui l’intégration permanente de Rzulty, leur guitariste live et de Deimos, nouveau chanteur/bassiste au timbre grave et rauque. C’est donc une formation à cinquante pour cent renouvelée qui nous déverse sa bile Death aujourd’hui, et force est de reconnaitre que la régurgitation ne fait pas semblant. Mixé et masterisé au Satanic Audio par Haldor Grunberg, et arborant un splendide artwork signé Sars, Torn Away The Remains Of Dasein est une pure tuerie de débauche démoniaque, et son entame « Hunger Of Pride » est aussi dantesque et ultraviolente que son titre ne le laisse supposer. Pas de mise en jambes, des blasts à en inonder le grand Canyon, des riffs maléfiques et des soli discordants, ces quelques premières secondes jettent le fan dans un bain d‘acide et de haine, et place la barre très haute pour la suite des évènements. Et comme je le précisais, la suite des évènements est assez courte, les polonais estimant que trente-trois minutes de musique suffisent à combler cinq ans d’absence. Mais en faisant le choix de la concision, le quatuor a effectué une bonne opération, ce second long gardant son impact sans jamais accuser la moindre baisse de régime. Alors évidemment, philosophie passéiste oblige, tout ce que vous écouterez sur cet album aura déjà été entendu plusieurs fois, mais certainement dans des versions moins sauvages et précises à la fois. En ajustant des prétentions de Technical Death à leur furie ambiante, les polonais signent un manifeste de méchanceté à la hauteur de leurs ambitions, et accumulent les plans, ultrarapides, glauques, supersoniques, d’outre-tombe, et nous ramènent en effet dans les années 90, lorsque les limites de la brutalité millimétrée étaient sans cesse repoussées.

Les chansons semblent prendre un malin plaisir à accumuler les figures imposées, et la cadence d’abattage est impressionnante, répondant à l’équation simple VADERxNILExSUFFOCATION= KURT MOGIL. « Torment Of Dasein » est le genre de massacre qui laisse une ville entière en tas de ruines encore fumantes, et les prouesses accomplies au kit par The Rays sont encore une fois hallucinantes et dignes d’un manifeste Black Metal des plus nauséeux. De son côté, Deimos fait tout ce qu’il peut pour faire sonner ses vocaux de façon blasphématoire, et semble évoluer dans une sorte de partie fine entre démons, zombies, et autres créatures de la nuit. Le tout est aussi brutal qu’il ne peut l’être, avec toujours cette finesse dans les intros qui vous tombent dessus comme une horde de morts-vivants avides de cerveaux plus très frais. Complet dans sa démarche, précis dans ses détails, ce nouvel effort est en effet une ode à la brutalité des nineties, mais pas seulement, et aussi un produit bien de son temps. Les arrangements, même réduits au minimum sont efficaces, les sifflantes hystériques, les reprises atomiques, et l’ensemble dégage une chaleur digne d’une fournaise infernale. Pas le temps de reprendre son souffle englué dans ce maelstrom de méchanceté permanente, et entre un « Idols In Blood » qui joue sur tous les fronts, et le final « Fountain Of Affliction » qui ose une optique plus MORBID ANGEL que nature, tout y est, vous pouvez recompter, vos os y compris, puisqu’ils ont encaissé l’équivalent de 6G de baston dans la tronche, sans prendre de gants. Un album qui s’écoute quand on a envie de tout raser pour reconstruire dans la douleur, qui donne des envies de carnage, et qui finalement, même sans vraiment respecter son discours promotionnel, arrive à ses fins par des méthodes diverses, mais toutes honnêtes.            

                                        

Titres de l’album :

                      01. Hunger Of Pride

                      02. White Death Implosion

                      03. Torment Of Dasein

                      04. Idols In Blood

                      05. A Wax Reverie

                      06. Fountain Of Affliction

Facebook officiel

Bandcamp officiel


par mortne2001 le 28/01/2021 à 17:38
80 %    690
Derniers articles

Walls of Jericho + Get Real

RBD 02/07/2025

Live Report

Voyage au centre de la scène : PARADISE LOST

Jus de cadavre 15/06/2025

Vidéos

Aluk Todolo + Spirit Possession

RBD 10/06/2025

Live Report

SWR Barroselas Metalfest 2025

Mold_Putrefaction 08/06/2025

Live Report

Anthems Of-Steel VII

Simony 30/05/2025

Live Report

Clinic LI-SA X et Paul GILBERT

mortne2001 29/05/2025

Live Report

The Sisters of Mercy + Divine Shade

RBD 21/05/2025

Live Report

Great Falls + Kollapse

RBD 04/05/2025

Live Report

Chaulnes MÉTAL-FEST 2025

Simony 27/04/2025

Live Report

Star Rider/Blaze Bayley

mortne2001 24/04/2025

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
DL100

Merci à Clawfinger pour ce grand moment de transgression validée par l’ordre moral dominant. C’est rassurant de voir que la “rébellion” moderne consiste à tirer sur une cible usée jusqu’à la corde, avec des punchlines dignes (...)

04/07/2025, 07:16

Ivan Grozny

Il tourne pas mal chez moi ce disque, et c'était un vrai plaisir de revoir le groupe live récemment après les avoir un peu mis de côté. Un autre concert en tête d'affiche ne serait pas de refus !

03/07/2025, 16:57

Ivan Grozny

Morceau décevant et sans surprise. La présence de Chris Kontos dans le groupe y fait pour beaucoup dans mon intérêt pour ce retour,  mais pour le moment bof.

03/07/2025, 16:47

Jus de cadavre

Je n'ai jamais aimé ce groupe, mais j'étais passé devant durant un Hellfest et en effet c'était juste insupportable toutes ces harangues (littéralement toutes les 10 secondes). Moi je m'en beurre la raie, mais pour les fans ça doit &ec(...)

03/07/2025, 12:55

Buck Dancer

Toujours aussi léger !!! 

03/07/2025, 03:25

Simony

Clairement ! Trop de blabla et de remplissage.

02/07/2025, 18:56

Jeff48

Vu à Toulouse et je n'ai pas du tout accroché,  pourtant vu 2 ou 3 fois depuis 2005. Et j'avais bien aimé. Rien ne surnage, ça bastonne mais pour moi aucuns titres ne sort du lot.Par contre j'ai adoré Slapshot

02/07/2025, 16:01

Jourdain R.

Votre article sur le kintsugi est un véritable hommage à l’art de reconnaître la beauté dans la fragilité et les cicatrices : mentionner son origine au XVe siècle et sa philosophie wabi‑sabi renforce(...)

02/07/2025, 15:38

vomi d\'anus

@Abrioche91 : la canicule t'a trop tapé sur la tête, mon pauvre vieux. Parce que se faire à répondre aux trolls, je n'avais plus vu ça depuis VS.

02/07/2025, 12:25

Benstard

La blague. 

02/07/2025, 10:20

Arioch91

@Ultra Pute, t'es bien limité comme garçon. Et tu dois sacrément bien te faire chier pour venir commenter connement ce que les autres écrivent.Moi aussi, j'aime bien les commentaires gratuits (la preuve) mais je suis surtout là pour commenter l&(...)

02/07/2025, 08:50

Ultra Pute

@senior boomerdo : va changer ta couche, grand-père

01/07/2025, 20:38

Ultra Pute

ok boomer

01/07/2025, 20:36

LeMoustre

Pas trop mal dans l'idée.Vocalement on s'y tromperait aussi.A voir sur tout l'album, le précédent, mis à part l'opener, m'avait bien déçu 

01/07/2025, 15:38

senior canardo

ça tartine ! bien cool cool cette grosse basse @niquetoncul oui ça doit te changer de Jinjer   

01/07/2025, 14:19

Buck Dancer

Prost. Celtic Prost.

01/07/2025, 03:16

Gargan

Quand tes parents écoutaient Bal Sagoth et Demilich   

30/06/2025, 20:17

Nique ton cul

Tiens, le retour du papy boomer! Normal, quand du thrash de croulant, il sort de l'ehpad. Et si c'est pas signé, c'est que c'est nul à chier, pépé!

30/06/2025, 19:47

LeMoustre

Toujours aussi bon.Pas de label ?

30/06/2025, 14:35

Ivan Grozny

Si seulement Spiros pouvait arrêter d'haranguer le public toutes les 30 secondes avec ses "come on my friends", les lives de Septicflesh y gagneraient beaucoup.

30/06/2025, 11:36