From Darkness Till Death

Witchtower

22/10/2016

Autoproduction

On avait déjà les WATCHTOWER, nous avons depuis la fin des années 90 les WITCHTOWER, mais mis à part cette analogie patronymique et un goût prononcé pour la puissance avouée, on ne peut pas dire que les points communs soient évidents entre les deux formations.

Pourtant, les deux groupes jouent du Thrash, c’est indéniable. Mais les seconds ont opté dès le départ pour une approche beaucoup plus franche et radicale pour ne pas dire paillarde, à cent lieues d’un Techno Thrash tirant sur le Jazz, qui ne leur siérait que très moyennement. Du moins, c’est une spéculation qui semble raisonnable et pas du tout péjorative lorsqu’on écoute leur cinquième longue durée, From Darkness Till Death

Néanmoins, ce quintette underground présente des qualités indéniables, et fait preuve d’une certaine finesse de ton, sans jamais se départir de son énergie incroyable qui leur permet de toiser du chef et du torse bon nombre de leurs homologues pourtant plus rompus à l’exercice du bourrin qui tâche.

Mais ne vous inquiétez pas, From Darkness Till Death n’éclabousse que raisonnablement, et sait faire preuve de discernement dans sa propension à bousculer l’ordre établi et la bienséance…

Formé fin 1998, le quintette de Kalkar (Ralle – chant, Schultz – guitare lead, Benni – guitare rythmique, Micha – basse et Stefan – batterie) est pour le moins productif, et a vu ses horizons évoluer progressivement, en glissant d’un Death/Thrash assez mélodique à un Thrash N’Roll tout aussi mélodique.

C’est en tout cas ce qu’affirme leur bio, qui précise même qu’ils ont eu le mérite de partager la scène avec quelques valeurs sures de l’extrême, dont AMON AMARTH et autres NECRODEATH. Mais il est certain que les WITCHTOWER ont de la bouteille et un niveau technique assez appréciable, ce qui leur permet de ciseler des morceaux d’une violence indéniable, qui ne tombe pourtant jamais dans l’excès ou le pilotage un peu trop automatique.

Mais de là à les caser concrètement dans le créneau du Thrash N’Roll, le geste est encore un peu trop forcé, puisqu’il semblerait que ces messieurs ne se soient pas vraiment éloignés de leur Death à connotation Thrash mélodique de leurs débuts, que l’on retrouve à grandes gorgées dans les sillons de ce cinquième album.

On pense plus volontiers à un croisement entre la scène Death scandinave des années 2000 et la mouvance Death/Thrash Européenne des années 1980, ce qui finalement nous amène à mi-chemin de leur propre définition, alors coupons la poire en deux pour éviter de couper les cheveux en quatre.

Et puis, le style est-il vraiment si important que ça du moment que la musique soit bonne ? Et elle l’est assurément, même si les dix morceaux de cet album présentent des similitudes parfois assez flagrantes, sans que l’on se retrouve noyé dans la même vague nous ramenant sans cesse sur le rivage…

Quelles sont donc les caractéristiques de ce groupe aussi brutal que fin lorsqu’il le souhaite ? Simple, des rythmiques versatiles, aussi pertinentes dans les accélérations que solides dans les assises béton, une paire de guitaristes qui connaissent leur boulot et un vocaliste dont le timbre évoque parfois les raclements rauques de Mille Petrozza, sans pour autant en calquer son timbre.

Musicalement parlant, et malgré les fréquentes allusions au Thrash N’Roll, ne vous attendez pas pour autant à une énième resucée des misérables DARKTHRONE, l’optique choisie par les Allemands étant beaucoup plus solide et nettement moins « cocasse ».

On pense irrémédiablement à un savant panachage de l’exubérance des VENOM, de l’énergie débridée des HATEWORK, le tout saupoudré d’une bonne pincée du sel Death des côtes suédoises des AT THE GATES, et joué avec une conviction sans failles qui permet à des hymnes comme « Too Hot To Handle » de claquer comme des coups de fouets sur les fesses d’une vilaine catin.

C’est efficace sinon original, mais ce qui apporte le « petit plus » indispensable sont ces mélodies dispensées avec flair qui viennent aérer des morceaux basiquement assez violents, mais striés d’interventions en solo tout à fait charmantes et pertinentes.

Nous nous voyons même gratifiés d’intermèdes acoustiques délicieux (« Dark Words, Dark Wings »), qui nous préparent à des explosions de haine purement Thrash comme ce terrible « Nuke’Em All », qui n’hésite pas à emballer le destin de l’humanité dans un déversement de blasts bien méchants, tout en restant accroché à un motif central entêtant bâti sur des riffs très redondants. Ajoutez à ça quelques chœurs très intelligents et tonitruants, et vous obtenez la quintessence d’un Thrash moderne qui ne se gêne pas pour loucher vers le passé.

Les Allemands ne rechignent pas à pousser l’effort jusqu’à composer quelques morceaux un peu plus progressifs que la moyenne (« The Hell They Live In (Rotten & Forgotten) »), qui agrémentent la furie de base de digressions plus subtiles, avec notamment cette basse qui s’incruste entre les interstices pour développer des boucles mélodiques rondes et girondes.

Certes, certains plans se retrouvent d’un titre à l’autre, mais les WITCHTOWER trouvent toujours une petite idée qui relance la machine, comme ce riff catchy qui propulse « Serpent » dans la stratosphère Heavy/Thrash à la manière d’un KREATOR fort inspiré d’avoir ressorti ses vieux vinyles de Thrash américain.

Quelques bombes purement germaniques lancées sur les barricades du jeunisme à outrance (« Destination Hell »), un tempo qui ose une montée dans les BPM tout en restant poli (« Witness the Slaugther »), et en définitive, un LP qui fait preuve d’autant de professionnalisme que de réalisme brutal, pour un groupe qui a su rester frais malgré les années.

Rien ne bousculera l’ordre établi, mais en tout cas, attendez-vous à une grosse demi-heure de folie rythmique et harmonique extrêmement bien balancée, qui vous fera headbanger autant que fredonner. Toutes proportions gardées évidemment.

 Mais un cinquième album qui confirme que les WITCHTOWER deviennent « la » référence de leur propre genre, qui emprunte à tout le monde sans ne rien devoir à personne.


Titres de l'album:

  1. From Darkness till Death
  2. To the King Eternal
  3. Witness the Slaugther
  4. The Hell They Live In (Rotten & Forgotten)
  5. Destination Hell
  6. Too Hot to Handle
  7. Dark Words, Dark Wings
  8. Nuke 'em All
  9. The Reaper Takes It All
  10. Serpent

Site officiel


par mortne2001 le 10/01/2017 à 14:01
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