Il arrive que des styles longtemps marginaux parviennent à une relative visibilité après avoir été, selon une expression contestable, en avance sur leur temps. La ligne de certains festivals peut être déterminante en ce sens et le Roadburn, par exemple, a établi durablement des connexions entre des scènes venues d'horizons différents et fait connaître des groupes avant-gardistes dans sa vision transversale. Ainsi, ils ont pu nouer des contacts pour jouer à travers l'Europe, et pour les Américains monter des tournées printanières autour du festival auquel ils sont conviés. Ce soir, c'était donc un peu le Roadburn qui venait à nous par cette petite tournée qui sillonne le continent autour d'une apparition au festival Néerlandais.
L'Antirouille est devenu un point de rendez-vous habituel après des lustres d'ignorance, fort pratique pour moi qui habite tout près en plus d'offrir une scène en largeur qui laisse le spectateur toujours près de l'action. L'affluence était dans la fourchette habituelle pour les formations moins connues de ce créneau (souvent toujours les mêmes). Curieusement, le t-shirt limite incongru (Front 242 !) que j'avais pris au-dessus de la pile dans le tiroir sans réfléchir m'a valu une félicitation.
Le spectacle commençait avec l'artiste Louisianaise MJ GUIDER, alias Melissa Guion, une basse accrochée au cou, une table de potards, mollettes, boutons et Mac à portée de mains devant une pile d'amplis évocatrice. Il m'a fallu un petit moment pour entrer dans son Ambient Indus aux motifs de Dream Pop. Les vocaux étaient comme voilés par le mur sonore de bruit blanc derrière lequel perçaient les quelques effets (pour moi c'était parfaitement voulu, même si ça peut dissuader) et la basse qu'il fallait chercher en s'aidant du regard. Le changement d'éclairage aidait à repérer les changements de morceaux, d'un monochrome à un autre. Le public manifesta son approbation crescendo à ces occasions. On aurait bien vu l'affaire sur Cold Meat Industry à l'époque, pour son austérité. Un titre vint enfin avec un rythme plus marqué – mais pas plus rapide. C'est surtout la douceur de la flûte traversière (instrument rare dans nos contrées musicales) employée à plusieurs reprises et la suavité des vocaux qui apportèrent un peu de variété tout en soulignant ensemble ce trait de Dream Pop rêveuse, froide et tranquille. L'artiste, toute habillée en noir comme ses longs cheveux, alla s'asseoir sur la chaise de côté pour chanter un titre. Le set s'acheva au bout d'une demi-heure par quelques remerciements, en anglais.
Il y avait du merch'. D'autres y ont pris des vinyles, mais j'ai préféré le blanc sec du bar.
Un épais brouillard avait saisi la scène avant que BIG BRAVE ne commence. L'effet de froideur et d'imperceptibilité amenait à se concentrer d'abord sur la musique massive et lente des Québécois. Le trio était en fait à quatre, à parité des sexes mais surtout avec deux guitares et une basse qui équilibrait l'ensemble. Les sonorités Folk formaient la part la plus subtile de leur mélange entre mélancolie Doom, Post-Rock avant-gardiste, Noise de sénateur et Drone vecteur d'émotions brutes plutôt que grimpette vers l'apocalypse. Le chant de Robin Wattie y est pour beaucoup, sa finesse est une vraie bénédiction que l'auditeur suit comme un guide au milieu de ces accords rustiques (elle-même ayant un livret sur un lutrin discret sous le micro vocal). Au-delà des liens humains tissés depuis longtemps dans la scène Montréalaise, le rapprochement avec GY!BE n'est pas aussi évident. Je pensais plutôt à ce que faisais Chelsea Wolfe dans ses premières années, pour ce fort beau chant féminin et la part Folk d'un répertoire méritant mieux que la qualification hâtive et flemmarde d'expérimental. La batteuse put passer la seconde sur un titre vers le milieu de set, permettant à tout le monde de se délasser alors que la brume se levait. L'éclairage resta tout le temps sur un blanc très légèrement bleuté par les restes de cette bouillasse, ne variant qu'en intensité : le visuel était aussi sévèrement minimal que la musique. C'était amusant de voir Mathieu Ball et son camarade de tournée triturer leurs cordes en coinçant les manches de la guitare ou de la basse contre les amplis ou prenant quelques poses pour Mathieu, l'autre restant plus discret. Finalement, le bridage imposé du volume sonore ne m'a pas paru gênant et même appréciable, tant il est habituel que ce genre de groupe joue fort à réveiller les morts des cimetières à trente kilomètres à la ronde. Ce n'est que lors d'une fin de morceau a capella que l'on put le regretter, le bruit de fond du bar ressurgissant. La beauté sobre, cristalline mais encore férale de ce chant sublimait l'instrumentation sans s'imposer à elle. Sur la longueur, on pouvait aussi goûter la délicatesse de Tasy Hudson qui modulait son volume de frappe dans les parties de batterie. Ce n'est qu'au bout d'une heure que Robin improvisa des remerciements en français (un peu aidée par Matthieu), qui s'avérèrent la clôture d'un set que nous aurions volontiers prolongé.
À défaut, n'ayant quasiment pas de trajet à faire, je suis resté un peu sur place. D'ailleurs, les prochains rendez-vous sont ici même.
Merci à Clawfinger pour ce grand moment de transgression validée par l’ordre moral dominant. C’est rassurant de voir que la “rébellion” moderne consiste à tirer sur une cible usée jusqu’à la corde, avec des punchlines dignes (...)
04/07/2025, 07:16
Il tourne pas mal chez moi ce disque, et c'était un vrai plaisir de revoir le groupe live récemment après les avoir un peu mis de côté. Un autre concert en tête d'affiche ne serait pas de refus !
03/07/2025, 16:57
Morceau décevant et sans surprise. La présence de Chris Kontos dans le groupe y fait pour beaucoup dans mon intérêt pour ce retour, mais pour le moment bof.
03/07/2025, 16:47
Je n'ai jamais aimé ce groupe, mais j'étais passé devant durant un Hellfest et en effet c'était juste insupportable toutes ces harangues (littéralement toutes les 10 secondes). Moi je m'en beurre la raie, mais pour les fans ça doit &ec(...)
03/07/2025, 12:55
Vu à Toulouse et je n'ai pas du tout accroché, pourtant vu 2 ou 3 fois depuis 2005. Et j'avais bien aimé. Rien ne surnage, ça bastonne mais pour moi aucuns titres ne sort du lot.Par contre j'ai adoré Slapshot
02/07/2025, 16:01
Votre article sur le kintsugi est un véritable hommage à l’art de reconnaître la beauté dans la fragilité et les cicatrices : mentionner son origine au XVe siècle et sa philosophie wabi‑sabi renforce(...)
02/07/2025, 15:38
@Abrioche91 : la canicule t'a trop tapé sur la tête, mon pauvre vieux. Parce que se faire à répondre aux trolls, je n'avais plus vu ça depuis VS.
02/07/2025, 12:25
@Ultra Pute, t'es bien limité comme garçon. Et tu dois sacrément bien te faire chier pour venir commenter connement ce que les autres écrivent.Moi aussi, j'aime bien les commentaires gratuits (la preuve) mais je suis surtout là pour commenter l&(...)
02/07/2025, 08:50
Pas trop mal dans l'idée.Vocalement on s'y tromperait aussi.A voir sur tout l'album, le précédent, mis à part l'opener, m'avait bien déçu
01/07/2025, 15:38
ça tartine ! bien cool cool cette grosse basse @niquetoncul oui ça doit te changer de Jinjer
01/07/2025, 14:19
Tiens, le retour du papy boomer! Normal, quand du thrash de croulant, il sort de l'ehpad. Et si c'est pas signé, c'est que c'est nul à chier, pépé!
30/06/2025, 19:47
Si seulement Spiros pouvait arrêter d'haranguer le public toutes les 30 secondes avec ses "come on my friends", les lives de Septicflesh y gagneraient beaucoup.
30/06/2025, 11:36