Ils s’appelaient ABRAMELIN, mais ont changé de nom pour SANDSWORN. Mais leur premier EP s’appelle quand même Abramelin. Il y a de la logique pure là-dessous, et je respecte ça. Ce que je respecte aussi, c’est cette versatilité de ton qui empêche le chroniqueur blasé d’y coller une étiquette trop collante. La preuve, puisque les sites référentiels semblent bien gênés au moment de baliser le terrain couvert. Alors, on adopte la vieille méthode des sous-genres balancés à la volée, et on accole des termes au petit bonheur la chance en espérant que l’auditeur ne s’étouffera pas de rire.
Ceci étant posé, SANDSWORN est-il vraiment un groupe de Heavy Stoner/Thrash ? Ou plus simplement un groupe de Thrash ? Ou de Stoner ? Ou même, soyons fou, inscrit dans le roulis de la vague NOLA ? Un peu tout ça à la fois, mais bien plus en même temps.
En regardant les photos promo, on pense à des routiers en pause sur une aire d’autoroute quelconque en direction de Trondheim, se tapant un selfie méchant pour le fun. Et c’est vrai que ces faciès patibulaires ont de quoi évoquer le monde de la route, de la graisse, des nuits garé quelque part pour pioncer dans la cabine. Des kilomètres bouffés comme des chips, et des coïts fugaces dans un coin de nature. Musicalement, l’affaire est elle aussi évocatrice. Avec de nombreux clins d’œil à diverses scènes, Abramelin échappe à toute catégorisation, et trempe sa plume dans le gasoil et la bière bon marché. Mais même la bière bon marché enivre. Comme cet EP.
Exutoire fabuleux d’une époque anxiogène, SANDSWORN se permet de multiples allusions hors contexte. En mélangeant le Rock le plus gras au Metal le plus épais, le quatuor (Snorre Hovdal - basse, Frank Knutsen - batterie, Håvard Herjuan - guitare et Daniel Rønning - chant) joue sur la ligne séparant la violence californienne de la virilité de la Nouvelle-Orléans, et pratique une sorte de Stoner thrashy, parfois doomy, en appelle à la complaisance de DOWN et CORROSION OF CONFORMITY, rappelle même nos chers POSTE 942.
Pas de chichis donc, mais un sens du groove enviable. « Witchcraft » empeste la magie noire, les cérémonies un peu louches avec sang de poulet, et les grigris qu’on porte autour du cou pour contourner une malédiction. Très mélodique, mais écrasant, amplifié par une production larger than death, ce morceau est une sorte d’apogée, et peut-être le plus symptomatique de la démarche des norvégiens. Avec ces cassures mélodiques impromptues et totalement évanescentes, SANDSWORN trouve une place enviable sur le parking des nouveautés, et nous promet un voyage tout sauf prévisible.
Un voyage aux accents orientaux acoustique pulvérisés par une osmose Thrash agressive et menaçante, qui nous offre le choc « Maximus ». Bourrasque dans un ciel clair, gros grain essuyé avec peine par des essuie-glaces fatigués, accélération à la demi-vitesse près pour attaquer les montées, cette méthode est salement effective, et a de quoi séduire les plus ouverts des thrasheurs un peu pervers.
Dans le fond et la forme, je ne vois rien à reprocher à SANDSWORN. Bien au contraire, je n’ai que des choses positives à dire, enthousiasme justifié par la fluidité d’un « Curse of the Nephilim » qui lui aussi se laisse aller à monter dans les tours sans négliger l’apport de la scène Thrash n’roll suédoise. Roublard sur les bords, mais franc au milieu, Abramelin offre des alternatives fraiches aux évidences pénibles de la production, qui préfère toujours miser sur le recyclé plutôt que sur le renouvelé.
Oui, SANDSWORN utilise les codes de tous les sous-genres cités sur les sites spécialisés. Mais il les mélange avec flair, les combine avec panache, et les explose d’une rage presque palpable. La tête dans le moteur, avec des bougies qui surchauffent, une cargaison un poil trop lourde pour le tonnage maximum, des excès de vitesse, pour jouer avec les règles et se sentir vivant, tout en arrivant pile à temps.
Et l’autoradio à fond, bloqué sur une cassette qui refuse d’en sortir. Pour notre plus grand plaisir.
Titres de l’album:
01. Emerald Tablets
02. Abramelin
03. Witchcraft
04. Maximus
05. Curse of the Nephilim
06. Salah ad-Din
Je me demande comment fait Rogga Johansson, avec autant de groupes, il arrive toujours à sortir des trucs vraiment bons !! Quelle energie !!
13/06/2025, 00:29
En fait, ce qui me pose problème, ce n'est pas le fait d'aimer ou pas ce genre de vidéo (lyrics video), c'est les remarques dépréciatives (condescendantes) d'Akerfeldt à ce sujet. Bien sûr, c'est super d'avoir un bon clip, seu(...)
12/06/2025, 01:04
Author & Punisher est aussi annoncé à Montpellier le 23 octobre 2025 avec Wyatt E et Yarostan à la place de Bong-Râ.
11/06/2025, 12:53
Ça vaut vraiment le coup d'écouter ce qu'ils font, j'aime beaucoup et c'est vraiment bon !
09/06/2025, 21:35
Je comprends son raisonnement car je le partage en partie. Je déteste le mot "contenu" quand on parle de vidéo. Ca ne veut pas dire grand chose. Les lyrics video, je trouve que c'est une solution de facilité. On se contente de coller une(...)
07/06/2025, 09:04
J'suis probablement trop vieux, je trouve ça atroce, autant à écouter qu'à regarder.
07/06/2025, 08:32
Ben, mince alors, c'est un vieux con Akerfeldt, en fait... dommage... après, tant que la musique est bonne, que demande le peuple ? (Après, je suppose qu'il n'arrivera jamais au niveau de Chris Barnes, mais, bon...)
06/06/2025, 18:05
Mouais, un peu médiocre son commentaire sur les lyrics videos... perso, j'aime bien avoir la musique et le texte qui défile... c'est pas spécialement élaboré mais je voix pas en quoi c'est minable...
06/06/2025, 18:02
Cet album me procure le même effet que le précédent album sorti en 2020 : une pure tuerie !
04/06/2025, 21:00