Commencer son nouvel album par un burner de la trempe de « Fool’s Paradise » est un indicateur fiable de confiance en soi maximale. Mais cette confiance est-elle surprenante de la part des italiens de WHEELS OF FIRE ? Nommés après un album majeur de l’institution 60’s CREAM, le quatuor revient enfin sur le devant de la scène, six ans après l’avoir foulée pour la dernière fois avec Begin Again. Ceci dit, les musiciens n’ont jamais été les chantres d’une régularité métronomique. Begin Again suivait de sept ans son prédécesseur, ce qui a tendance à rendre chaque visite de la bande importante et plaisante.
All In. On mise tout et on compte sur le jeu ou la chance. Une pochette chamarrée pour une figure centrale décharnée, et un contenu lui aussi haut en couleurs. On sait que les italiens sont passés maîtres dans l’art du Hard mélodique depuis très longtemps, tenant même la dragée haute aux insurpassables suédois de temps à autres. C’est le cas ici, avec une douzaine de compositions qui frappent fort, vite, intensément et sincèrement. Quelque part entre le Hard US des années 80 et la fougue transalpine de la décennie suivante, avec quelques clins d’œil complices à l’orfèvrerie scandinave.
Enregistré au Pristudio de Bologne par l’ingé-son capé Roberto Priori (DANGER ZONE, RAINTIMES, STREETLORE, NIGHT PLEASURE HOTEL), ce cinquième album est une ode aux nuits éclairées de néons, peuplées d’une faune interlope au look étrange et aux regards de nyctalopes. Une virée dans les entrailles du Hard Rock nerveux, heureux, parfois sensible, mais toujours courageux. Et cette bordée de chansons a de quoi rassasier les amateurs d’émotions, mid, soft ou fortes. Le juste milieu est souvent trouvé sans vraiment chercher, et le panache italien est déjà à son rendement le plus effectif sur le bondissant « Under Your Spell ».
Davide "Dave Rox" Barbieri (chant/claviers), Stefano Zeni (guitare), le petit nouveau Simon Dredo (basse) et Fabrizio Uccellini (batterie) jouent donc l’osmose la plus parfaite, et l’illusion la plus probante. En découvrant le velouté et plaintif « Resonate », on se croirait de retour dans les années 80, lorsque le Billboard débordait de ballades Metal, lâchées par WINGER, POISON, WHITESNAKE, SLAUGHTER, WHITE LION et j’en passe. La sensibilité, la sincérité sont donc les deux mamelles de All In, qui joue sa main tapis en pleine confiance.
Avec une diversité non négligeable, et un investissement passionné, nos amis italiens raflent la mise, et parviennent à sonner plus américain que les groupes US de l’époque. « 99 Lies » le souligne avec une belle emphase, et une rythmique à la frontière d’une Synth-Pop typique de l’époque. Le son de l’album, agressif mais smooth aux entournures permet toutes les figures, et ne fatigue pas le tympan en tentant de retrouver les fréquences passées. On avance donc comme dans une fête foraine, louchant sur toutes les attractions en cherchant celle adaptée à l’envie du moment.
Il y a évidemment de tout, des sages auto-tamponneuses au manège à sensations, en passant par le tir à la carabine et le snack sur le pouce, la peluche gagnée trônant sur la table comme une déclaration d‘amour. D’ailleurs, WHEELS OF FIRE ne fait pas grand mystère de son envie de rester jeune pour toujours, en proposant le jumpy « Neverland » qui nous entraîne sur les traces de Peter et son paon.
Est-ce à dire que Stefano Zeni et ses troupes se prennent pour des adolescents attardés et bien décidés à faire du temps leur allié ? Oui et non, puisque le sérieux avec lequel cet album a été abordé est un réflexe très adulte, l’aspect positif et entraînant des compositions accentuant cette jeunesse pas si perdue n’étant qu’une conséquence très logique et attendue.
Amusant de recenser tous les noms qui viennent à l’esprit en écoutant ce disque magique. SHOTGUN SYMPHONY, PINK CREAM 69, TYKETTO, TRIXTER, la crème de l’arrière-garde mélodique, qui revient à la vie sous le regard hagard d’une foule la glace à la main, trop heureuse de repartir vers hier plutôt que vers demain. Le groove diabolique mais bon enfant de « EmpTV » et son ambiance légèrement Glam, le Heavy syncopé de « 9.29 » qui honore EXTREME et les siens, et la délicatesse cristalline de « Invisible » incarnent le grand écart fait par un disque qui refuse les contraintes de genre. Comme un faux best-of d’une décade d’excès et de rêves vécus, All In est une assomption ferme et définitive, et une mise tout sauf aléatoire. S’il est toujours conseillé de souligner le bagage instrumental de musiciens au-dessus de tout soupçon, il convient aussi de louer leurs qualités de compositeurs, entre ENUFF Z’NUFF et tout la clique des OS mélodiques de la période 1988/1992.
Moins bombastic que ses homologues suédois, mais moins usant du coup, WHEELS OF FIRE ne s’en remet pas qu’à des refrains en or massif pour imposer son art lascif. Ici, tout est étudié et scruté à la loupe, pour que le moindre plan fasse mouche. Et « Walking On The Wire » d’emballer la nuitée avec ses chœurs bien placés et sa rythmique échevelée.
En long, en large, en travers, rien ne va de travers, et ce disque est certainement le meilleur du moment dans un créneau exigeant. Un peu de WINGER musclé sur « Heaven Is Sold Out », et des adieux les yeux mouillés et le cœur abimé (« Staring Out The Window »), l’histoire se termine sur une tonalité nostalgique et amère, la séparation sur le quai étant des plus difficiles.
WHEELS OF FIRE s’impose une fois de plus comme le chevalier blanc du Heavy/Hard US renouvelé. Loin des systématismes scandinaves, loin de la facilité parfois un peu grossière des revivalists américains, le quatuor parvient toujours à trouver un bel équilibre entre les œillades énamourées et les cavales d’évadé. Tapis ?
Tapis.
Titres de l’album:
01. Fool’s Paradise
02. Under Your Spell
03. End Of Time
04. Resonate
05. 99 Lies
06. Neverland
07. EmpTV
08. 9.29
09. Invisible
10. Walking On The Wire
11. Heaven Is Sold Out
12. Staring Out The Window
@LeMoustre : alors grand-père, t'as réussi à sorti des soins palliatifs?
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