En ce samedi soir, l'habituel rendez-vous des amateurs de musiques lentes, fuzz, psychédéliques, Stoner, Doom, Sludge, Heavy Rock allait tourner au plomb avec deux groupes connus pour leur écrasante lenteur. Nos français de WITCHORIOUS dont la notoriété n'a de cesse de progresser avec un quadrillage en règle de l’hexagone et une qualité d'écriture qui semble parler à un large public. Ensuite, il y a LUCIFUNGUS, un duo Australien venu nous dispensé son fuzz particulièrement rampant. Encore une fois, la Yeah Crew qui se démène pour faire vivre cette scène dans l'Est de la France nous a régalé.

En entrant dans le bar, on constate de suite que le public est plus en nombre que sur les derniers évènements, l'occasion même de revoir des têtes pas croisées depuis de trop nombreux mois. Bref, ça s'annonce bien.
WITCHORIOUS est donc un jeune groupe français qui publie en 2020 son premier EP éponyme mais c'est avec son album éponyme, sorti cette année chez Argonauta, que le groupe commence à faire parler de lui. Le single "Monster" et son clip vidéo est parti prenante dans cette montée en puissance, un titre efficace aux allures de single ultime alliant ambiance plombée et songwritting percutant. L'entrée sur scène est très dynamique, le son est écrasant, et la bonne présence et mise en place du trio ne charge pas à transpirer. Le décor est sobre, avec des bougies et des lumières rouges, les morceaux s'enchainent sans pause, ni blanc, le public est pris dans un flot de lourdeur et celui-ci ne tarde pas à montrer son adhésion à ce qui se trame sous ses yeux. Bien entendu, ce même titre "Monster", étant dégoupillé dès le deuxième titre, le public devient dingue et chante les paroles avec le groupe. Le guitariste Antoine ne ménage pas sa nuque et son dos alors que la session rythmique portée par les frères et soeur, Paul et Lucie, forme une épaisse couche de béton armé. Paul possède une frappe très puissante, précise et cela renvoie une touche assez moderne avec ses breaks peu communs dans la scène Doom Metal. L'ambiance dégagée assez froide peut être rapprochée d'une certaine époque de HANGMAN'S CHAIR, le concert file à très grande vitesse, sans que l'ennui ne s'empare d'un public au taquet du début à la fin. Belle prestation d'un groupe à surveiller si peut que l'aspect moderne, dans le chant et dans la batterie, ne vous rebute pas. Visuellement, Lucie à la basse et aux choeurs, et Antoine, se font souvent face et headbanguent à l'unisson mais ils viennent aussi chercher le regard des premiers rangs pour bien que le public se sentent invité à la fête, il est certain que le trio a travaillé sa posture sur scène et le résultat est plus que convaincant.

Après une courte pause qui permet au public assoiffé d'assouvir son besoin primaire et nous voici en présence d'un duo, LUCIFUNGUS, groupe dont je ne connais pas la musique avant ce soir. Comme d'habitude, je fais confiance à la programmation des excellents Yeah Crew et encore une fois, je ne suis pas déçu. Je ne cache pas que la musique des Australiens me parlera au final plus que celle du groupe d'ouverture, et le bassiste-guitariste-chanteur, Dave Drynan nous annonce de suite la couleur, leur dernier album en date Lucifungus4, sera joué en intégralité ce soir ! Le duo s'est formé en 2018 et la complicité entre Dave et son batteur, Brad Nicholson, qui assure également quelques choeurs, ne fait aucun doute. Dave active donc à sa guise le son de guitare et/ou de basse à l'aide de son pédalier, on le voit régulièrement maintenant dans les duos, et au niveau du chant, si on y entrevoit un esprit brut, il y a aussi quelques parties chantées très bien restituées ce soir sur cette scène où le public n'a rien perdu de sa superbe. Les australiens peuvent même compter sur quelques aficionados présents au premier rang. Dave, au t-shirt HELLHAMMER qui annonce la couleur sur l'esprit old-school de leur musique, entame donc "Slugs Are The Enemy" et nous sommes embarqué dans une succession de parties calmes, de parties rampantes et d'autres clairement plus rentre dedans, certaines frisant même le CATHEDRAL spirit par moment, une vraie jouissance qui va de BELZEBONG à CATHEDRAL, donc, en passant par ELECTRIC WIZARD. Quel show, quelle présence de ce duo où Brad donne tout, absolument tout, lachant quelques mots en français, comme s'ils avaient besoin de ça pour s'attirer la sympathie d'un public qui lui mange littéralement dans la main. Le groupe se retire sur un titre à la rythmique d'une valse endiablée. Quelle excellente découverte et l'homme qui promène le groupe à travers l'Europe nous informe au stand merchandising qu'ils seront de retour par chez nous en 2026 avec un autre groupe Australien, voilà qui promet, on guette déjà la date.

Merci encore une fois à la Yeah Crew pour cette programmation de dingue et au Sacobri pour l'accueil toujours impeccable. On se revoit en décembre pour APPALOZZA et PELEGRIN, le 7 éxactement.