L’affaire commence comme un simple dossier Melodeath posé par erreur sur le bureau des nouvelles admissions Thrash. « The End », fausse fin mais vrai départ reprend les recettes fulgurantes d’AT THE GATES pour nous attirer dans les filets de son administration, et l’on se dit alors que tout va être simple et que les tampons vont vite tamponner. Sauf que cette histoire finlandaise n’est pas des plus simples, et que ses chapitres distillent une toute autre chanson que les airs déjà rabâchés que l’on connaît par cœur. Fondé en 2017, MISTERER est l’archétype du groupe productif et inclassable, se jouant des codes pour en imposer de nouveaux et incarner avec panache cette fameuse New wave of Finnish Thrash Metal dont il se réclame. Déjà auteur d’un premier long en 2019, Ignoramus, MISTERER revient donc à peine un an plus tard pour dévoiler la suite de ses plans, qui s’avèrent plus complexes que la moyenne des agencements Nordiques. Pas question de vintage ici, pas question d’old-school facile et de ficelles rafistolées avec un peu de passion, mais bien une musique sinon novatrice, du moins plurielle et juste assez audacieuse pour fédérer les fans de Thrash traditionnel et les amateurs de modernisme modéré. Nous en venant de la grande Helsinki, Beavis (basse), Timo Hänninen & Juhani Flinck (guitares) et Mikko Herranen (batterie/chant), éclairent donc d’une lumière différente l’agressivité des années 2000, en faisant constamment référence aux idoles de leur propre région du monde, mais en imposant aussi leur patte. D’où une utilisation assez culottée de la mélodie et des dissonances, pour éviter de se cacher derrière la facilité d’un groove Metal trop attendu.
Impeccablement bien produit, Under Attack, bien que caché sous une pochette laide et volontairement rétrograde est un second album bien dans son époque. Loin des copier/coller de la vague suédoise et des séances de rattrapage de la mode américaine, ces onze nouveaux morceaux affichent une confiance tangible en leur potentiel de puissance, sans négliger l’intelligence de quelques arrangements bien choisis. Et si « The End » guide sur une piste évidente et facile, attendez un peu avant d’émettre un jugement un peu trop définitif. Une fois vos oreilles posées sur le malicieux et sarcastique « Joker », pendant musical du célèbre personnage DC Comics, qui retrouve l’allant des meilleurs groupes Nu des années 90, vous comprendrez immédiatement que les finlandais ne vont jamais vraiment là où on les attend.
Et si d’aventure, ce morceau n’était qu’une partie émergée d’un iceberg énorme, roulant sous la houle comme un gigantesque choc trouant la coque de vos certitudes ? C’est en effet le cas, et nul besoin de vigie ou de jumelles pour s’en rendre compte, mais juste d’un peu d’instinct. En adoptant la posture addictive du Groove Metal le plus efficace et uptempo (« Life = Death »), Under Attack est une attaque constante contre la linéarité de la production Thrash de ces dernières années. Les riffs sont certes faciles parfois, mélangeant les automatismes de la vague COAL CHAMBER/SPINESHANK et les syncopes suédoises AT THE GATES/SOILWORK, mais savent aussi s’écarter du chemin pour emprunter quelques astuces à MACHINE HEAD, SLAYER, et même KREATOR lorsque l’ambiance se durcit. Le chant de Mikko Herranen, loin des facilités d’usage, suit parfois la ligne tracée par Corey Taylor au sein de SLIPKNOT pour imposer des humeurs plus sensibles, et « We Kill », malgré sa charge féroce de proposer des harmonies subtiles et une cassure inattendue.
L’art du contrepied, l’art du recyclage plein de flair, les finlandais ont donc plus d’un tour dans leur sac. Avec une bonne liste d’invités (MC Raaka Pee – chant sur « Totalitarian », Marko Hietala – chant sur « We All Are the Same », Petri Lindroos, Matias Kupiainen et Ben Varon – soli sur « We All Are the Same », Samy Elbanna – solo sur « We Kill » et Niki Jurmu – solo sur « The End »), Under Attack repose donc sur de solides fondations collectives, retrouve parfois l’amertume d’ALICE IN CHAINS en ouvrant les fenêtres (« A Sense of Purpose » exemple de proto-Sludge lourd et emphatique, mené d’une voix gravissime), mais rebondit souvent sur le linoléum élastique de « Totalitarian » qui bounce comme une superballe lancée à un chat taquin. On headbangue, on danse, on virevolte, on reprend même les refrains faciles à tue-tête, et la fête de lancement proposée par les finlandais rameute tous les voisins, même ceux venus de Norvège ou de Suède.
Avec seulement quarante-deux minutes, ce second long est percutant et condensé, provoque même les leaders sur leur propre terrain (la basse de « Human Pollution » qui multiplie les clins d’œil à Paul Raven), et suscite chez l’auditeur une curiosité que les nouveautés actuelles peinent à stimuler. On trouve de tout dans ce bazar de violence, même des citations de la vague NOLA, sur « We All Are the Same », mais si les rayons sont bien achalandés, ils restent rangés, propres, et accessibles. Pas question de bourrer les têtes de gondole avec de fausses promotions, les produits sont de qualité, et pour une somme modique. On peut y acheter des articles estampillés Death/groove comme le pénétrant « Premonition », mais aussi de quoi préparer le dîner de gala en glissant dans son pochon le final « Servants ». Violence, pertinence, flair, les MISTERER n’ont rien laissé au hasard, et portent l’écho d’Ignoramus bien au-delà des reliefs de Finlande. Car si le premier album du quatuor intriguait, Under Attack confirme à plein régime, et n’accuse qu’un seul défaut, mais de taille. Cette infâme pochette qui risque de faire fuir les amateurs de finesse, et rameuter les accros d’un Heavy Metal de bas étage et aussi fin qu’une 8.6 rotée sur un parking. Et si le ramage compte plus que le plumage, il faut quand même faire attention à ne pas renvoyer une image vulgaire en jouant une musique aussi riche.
Titres de l’album:
01. The End
02. Mass Grave
03. We Kill
04. Joker
05. Life = Death
06. A Sense of Purpose
07. Totalitarian
08. Human Pollution
09. We All Are the Same
10. Premonition
11. Servants
Je comprends son raisonnement car je le partage en partie. Je déteste le mot "contenu" quand on parle de vidéo. Ca ne veut pas dire grand chose. Les lyrics video, je trouve que c'est une solution de facilité. On se contente de coller une(...)
07/06/2025, 09:04
J'suis probablement trop vieux, je trouve ça atroce, autant à écouter qu'à regarder.
07/06/2025, 08:32
Ben, mince alors, c'est un vieux con Akerfeldt, en fait... dommage... après, tant que la musique est bonne, que demande le peuple ? (Après, je suppose qu'il n'arrivera jamais au niveau de Chris Barnes, mais, bon...)
06/06/2025, 18:05
Mouais, un peu médiocre son commentaire sur les lyrics videos... perso, j'aime bien avoir la musique et le texte qui défile... c'est pas spécialement élaboré mais je voix pas en quoi c'est minable...
06/06/2025, 18:02
Cet album me procure le même effet que le précédent album sorti en 2020 : une pure tuerie !
04/06/2025, 21:00
Merci pour cette belle chronique.Voici notre site.https://burningdead-official.com/fr/categories/
04/06/2025, 14:18
Ah pis j'avais même pas vu (encore entendu) qu'il y avait une reprise de GOATLORD !!!Ceci confirmant donc cela.
04/06/2025, 07:35
Tout ce que j'aime !!! !!! !!!En même temps, venant d'un groupe dont le batteur porte un t-shirt TRISTITIA, ce ne peut-être que bonnard...
04/06/2025, 07:34
Je n’ai jamais entendu parler de ce split vous savez ou l’écouter ou ce le procurer
03/06/2025, 13:35
Effectivement difficile de rester insensible à ce type de festival, à taille humaine, avec une ambiance conviviale sans tomber dans la cour des miracles et surtout avec une bell prog’. Très content d’avoir découvert Gravekvlt et pris la mandale attendue de (...)
02/06/2025, 23:00