Becoming Led Zeppelin

Led Zeppelin

Prime Video, Paris (France)

du 26/02/2025 au 26/02/2025

Alors que le monde retient son souffle jusqu’au 5 juillet prochain, attendant dans la fièvre la dernière apparition de BLACK SABBATH en compagnie de tout le gratin Metal, c’est à un autre dinosaure que cette chronique s’intéresse. Il est d’ailleurs assez juste de considérer que le quatuor de Birmingham a toujours incarné le pendant plus Heavy de LED ZEPPELIN, même si les deux groupes partageaient quelques vues occultes par le truchement d’un de leurs membres. Evidemment, si la légende a plus volontiers retenu l’œuvre de Page et Plant, c’est pour la simple et bonne raison que leur musique était sans doute plus universelle et plus ouverte. C’est ainsi que le quatuor londonien a traversé les époques et passé l’épreuve du temps avec une superbe inégalable. Et même les incartades solo de ses membres, pas toujours pertinentes, les reformations occasionnelles et les compilations posthumes n’ont en rien entamé l’aura immaculée de ce groupe unique, partagé entre les obsessions tolkiennes et les allusions salaces…de fort mauvais goût.

Mais alors, quel intérêt de remettre LED ZEPPELIN sous la lumière ? L’histoire étant déjà largement documentée, il convenait d’apporter un éclairage différent sur la mythologie, ce qu’a très bien compris Bernard MacMahon avec son Becoming Led Zeppelin.

Le nom de Bernard MacMahon n’est certainement pas le plus connu de la sphère du documentaire musical. L’homme n’a pour l’instant réalisé que quelques métrages consacrés à la musique Cajun, au Blues, mais aussi à la vague des années vingt, que l’on a nommées à juste titre les roaring twenties. On aurait pu attendre une réputation plus assise pour s’atteler à cette lourde tâche, mais le technicien s’acquitte de sa celle-ci avec application, et même…un peu trop.

En préambule, un avertissement. Comme son titre l’indique, Becoming Led Zeppelin n’est pas un documentaire lambda sur le groupe anglais. Il ne couvre pas la carrière du groupe, encore moins le parcours de ses membres après l’explosion. Ce documentaire se concentre sur les premières années, celles formatrices qui ont permis à Robert, Jimmy, et les deux John de préparer le terrain pour l’invasion à venir.

La période traitée s’étale donc entre 1968 et 1970. Deux petites années qui ont été cruciales dans le développement du mythe, et qui restent à ce jour les plus bouillonnantes du Rock anglais des seventies. Mais avant d’en arriver à l’union, il fallait passer par la réunion. C’est ainsi qu’un portrait individuel est consacré à chaque musicien, seul ou en duo, en studio ou en live, en direct ou en différé. Nous assistons ainsi à l’émergence de chacun sur la scène anglaise des années 60, la plus sacrée de l’histoire de la musique, lorsque les BEATLES, les STONES, les KINKS, les WHO s’affrontaient chaque semaine dans des joutes publiques ou discographiques.

Pas facile de se faire une place parmi ces mastodontes. Pourtant, bien avant de s’envoler sous la bannière LED ZEP, chacun de ses membres était déjà une référence. Page, pour ses heures de studio, son implication dans l’un des groupes les plus cultes de sa génération, les YARDBIRDS,  John Paul Jones, musicien de session recherché aux innombrables heures de vol, et ses arrangements léchés, Plant et Bonham pour leur collaboration, leur amitié, et leurs ambitions. Si les personnalités étaient à la base assez disparates, et l’osmose spéculative, lorsque les quatre musiciens se sont vus bookée une journée de répétition dans un petit studio, l’évidence leur a crevé les tympans : ils allaient parfaitement ensemble.

Pourtant, cette même évidence n’a pas été partagée par la presse anglaise, ni par son public. Le groupe a été jugé brouillon et bruyant, et surtout, d’une imagination fort limitée. C’est ce qui a poussé le manager du groupe, l’imposant Peter Grant à prendre la décision la plus culottée : bouder l’Angleterre, et s’envoler pour une tournée de promotion aux Etats-Unis, en compagnie de VANILLA FUDGE.

C’est ainsi que durant la carrière dans les bacs du séminal Led Zeppelin I, les anglais ont écumé les salles américaines, au point de s’y faire un nom. Certes, tous les concerts n’affichaient pas complet, loin de là, mais le terreau était étalé, et le terrain fertilisé. Alors, après une année complète de représentations et de réflexion sur la suite des évènements, II est apparu comme l’évidence qu’il était, et l’assertion que les boomers avaient trouvé leur groupe fétiche. Reparti aux Etats-Unis, le groupe ne reviendra en Angleterre qu’en conquérant, s’affichant au festival de Bath comme un vainqueur sans challenger possible.

Factuellement, le documentaire est d’un traditionalisme indéniable. Pas de mouvement de caméra, pas de gimmick, des musiciens interviewés avec sobriété, et surtout, aucune allusion aux fascinations érotomanes et autres anecdotes interdites au moins de dix-huit ans. Robert Plant et Jimmy Page, les enfants terribles du Rock anglais, dans la fleur de l’âge de leurs cheveux blancs, passent presque pour des saints, alors que John Paul Jones reste le plus flegmatique et pragmatique de la bande. De nombreuses images d’archives viennent compléter le tableau, avec la chance de découvrir des morceaux dans leur intégralité. Ainsi, une version apocalyptique de « Dazed and Confused », une autre totalement lunaire et hors contexte de « Communication Breakdown » sur un plateau de télévision au public peu réceptif et sensible des oreilles, et évidemment, un « Whole Lotta Love » suintant le stupre par tous les pores sur scène.

Avec cette alternance régulière entre séquences musicales et mémoires parfois floues, le groupe apparaît réduit à l’humanité de ses individualités. Nous sommes loin de la morgue de seventies, et des concerts dans les stades, des groupies alignées et des têtes d’espadon utilisées à des fins inavouables. Le parti-pris correspond parfaitement à la thématique, et ces années de travail acharné pour devenir les nouveaux héros du Rock n’Roll.

Mais la véritable valeur ajoutée de Becoming Led Zeppelin est toute autre. Quarante-cinq ans après la disparition tragique de John Bonham qui a déclenché la séparation du groupe, le tempétueux batteur au foie en acier trempé revient à la vie pendant ces deux heures de métrage, pour nous raconter sa version de l’histoire. Ses propos, d’une sincérité désarmante ajoutent un charme indéniable à ce documentaire assez statique et scolaire, et vient contrebalancer les déclarations plus académiques de ses anciens comparses.

Le final est d’ailleurs un merveilleux moment de tendresse. Alors que la caméra s’attarde sur les trois survivants, la bande-son laisse filtrer la dernière déclaration du percussionniste, pleine d’amitié et de complicité. John Bonham parle simplement de son plaisir de jouer avec Jimmy, Robert et John, et les visages illuminés de tendres sourires des trois concernés en dit long sur les liens qui les unissaient à ce frappeur hors norme qui cognait avec ses mains comme un bûcheron sur un arbre mort.

Celui au sommet duquel trône LED ZEP depuis la fin des années 60 n’a jamais tremblé depuis. Il est certain qu’aucun autre groupe ne chamboulera l’histoire de la musique comme les anglais l’ont fait pendant plus de dix ans, devenant en quelque sorte les BEATLES des seventies. Le rendez-vous du 5 juillet prochain avec BLACK SABBATH prend alors des airs d’enterrement de luxe.

Mais le Rock ne mourra jamais. Pas tant que la jeune génération se fascinera pour des chansons comme « Kashmir » ou « The Battle of Evermore ».


par mortne2001 le 09/04/2025 à 19:37
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Commentaires (1) | Ajouter un commentaire


Humungus
membre enregistré
11/04/2025, 09:48:02

Miam miam !

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mortne2001

@Gargan exact, oubli impardonnable...Mais que veux-tu, je suis une vieille baderne qui pense que DEEP PURPLE est de la musique de jeunes et que tout est pourri depuis la mort de Roy Orbison. Mais totalement d'accord pour "Whiter Shade of Pale", quel feeling....

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C'est toi qui deicide, mec.   

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Excellent !!

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