Intéressant de constater que les groupes de Hardcore ne se contentent plus de jouer la sécurité, ou d'accepter les frontières des deux camps usuels qui séparent leur approche. D'ordinaire, en termes de créativité, nous avions droit au choix cornélien et simple divisant les options par deux. D'un côté, le Hardcore classique, plutôt orienté street credibility, et ancré dans une tradition historique issue des rues de New-York ou de Boston. De l'autre, le Deathcore, sous genre bâtard qui depuis une dizaine d'années cherche la compression ultime du son pour sonner plus compact qu'une tuile vous tombant sur la gueule au coin d’une maison. Une troisième voie émerge aussi, plus évolutive, se servant un peu dans tous les plats pour finalement échapper à toute catégorisation. Mais peu de groupes tentent de retrouver l'essence d'origine, celle qui permettait aux musiciens d'appartenir à plusieurs camps tout en s'affiliant Hardcore de fait. Insuffler des éléments extérieurs pour enrichir la colère, et y mettre le feu via une emphase particulière sur la violence crue. Est-il encore possible d'espérer qu'une autre voie moins diplomatique se présente à nous, et nous entraîne dans des négociations Metal tout en gardant ses fondements Core bien ancrés dans l'inconscient collectif ? C'est une possibilité qui se dégage si l'on en croit le troisième album des originaires de l'Ohio de HOMEWRECKER, qui avec Hell is Here Now nous livrent une joli flambée de traditionalisme ancrée dans un quotidien enflammé des traumas du présent. La solution de l'équation pourrait d'ailleurs se cacher dans les trente-quatre minutes de cette livraison sans concessions, qui ne rejette en rien la puissance métallique, tout en assumant l'héritage sec d'un Hardcore qui ne tourne pas le dos à son histoire.
HOMEWRECKER c'est peu ou prou une trademark très personnelle, et ce, depuis leurs débuts. Les américains nous avaient laissé en rade il y a quatre ans, après leur second et explosif effort Circle Of Death, qui jouait tout autant la brièveté que l'immédiateté. On sentait un potentiel énorme chez ces musiciens qui ne cherchaient pas vraiment la crédibilité pure si chère à cette scène Hardcore qui n'en finit pourtant pas de s'ouvrir à d'autres influences tout en prétendant se replier sur elle-même. On y voyait plutôt un avenir possible pour elle, sans qu'elle ne trahisse la « cause », un avenir dessiné de brutalité purement Death et Thrash, mais mâtiné d’âpreté Core parfaitement assumée. Et ce troisième longue durée vient confirmer tous les espoirs placés en eux, puisqu'il porte à un certain degré de perfection cette formule n'admettant d'autre inconnue que l'appellation que les critiques pourraient lui apposer. Mais l'appellation en elle-même n'a que peu d'importance au regard du résultat impressionnant obtenu en quelques années de retenue. Cette absence semble avoir décuplé la puissance du quatuor (Matt Barnum – guitare/chant, Matt Izzi batterie/chant, Ezra Cook – basse et Carson Ward – guitare), qui tente un retour fracassant par la grande porte via cet implacable Hell is Here Now qui en effet, semble nous promettre des enfers remontés sur terre. Mais ces enfers seraient plutôt du genre personnels, puisque les auteurs se plaisent à les définir comme une colère larvée qu'on se refuse à laisser exploser, nous condamnant de fait à souffrir au jour le jour, incapable de laisser notre haine exploser à la face d'un monde qui le mériterait.
Pour faire plus simple et compréhensible, et sans tomber dans l'analyse thématique rébarbative, les HOMEWRECKER proposent une idée simple, mais redoutablement probante. Ils se proposent de vous laisser entrevoir ce que pourrait donner le Hardcore s'il était composé par de vrais thasheurs, et la façon dont il sonnerait s'il était ensuite interprété par des grogneurs Death patentés. Le tout, sans renier le credo initial, et sans non plus tomber dans le pillage d'idées remises au goût du jour. A l'écoute des douze nouveaux morceaux qu'ils nous balancent sans complexes, on se prend à rêver d'une transposition dans un langage purement métallique extrême des us et coutumes en vigueur dans le Hardcore, un peu comme si SLAYER et DISMEMBER faisaient cause commune pour se fondre dans un même élan de rage. En se basant sur des riffs d'une ampleur incroyable, en permettant à la rythmique de sonner toujours aussi sauvage, et en hurlant à pleins poumons par-dessus cette bande instrumentale ravageuse, les américains nous démontrent qu'il est tout à fait possible de faire les yeux doux à toutes les fragrances de l'extrême sans provoquer de trahison. D'ailleurs, plusieurs des licks développés sonnent comme du SLAYER pur jus, tandis que les arrangements vocaux nous suggèrent des accointances sévères avec l'univers Death scandinave des années 90. Tournant complètement le dos à un Deathcore dans lequel ils ne se sentiraient pas vraiment à l'aise, les originaires d'Ashtabula, sans vraiment tomber dans le Crossover, laissent parfois leur musique prendre de faux-airs de classiques de PANTERA joués façon NOLA sans l'esprit sudiste, et réinterprétés par une bande de dégénérés fascinés par le Death précis et technique et le Thrash furieux et épileptique («Demons In Disguise »). Osant même de temps en temps distiller quelques mélodies maladives, qu'une énorme basse grondante vient écraser de tout son poids (« Final Rest » qui sur ses premières mesures ressemble comme deux gouttes d'eau à du MORGOTH revu et corrigé par les DISGRACE), tout en restant dans des balises de véhémence vraiment patente, le quatuor revisite à sa sauce le Hardcore contemporain et classique en le forçant à affronter ses démons Metal.
C'est évidemment probant dès les premières mesures, et l'atomique «One With Torment » de nous le prouver sans hésiter, traînant les UNLEASHED et autres AUTOPSY du côté de NYC, histoire de leur faire comprendre que la brutalité n'a ni frontières, ni limites de genre. Approche purement Metal pour développé/couché typiquement Hardcore, la musique des HOMEWRECKER montre ses muscles saillants pour exploser les carcans de style, et provoque la lourdeur du Death pour mieux titiller la susceptibilité du Thrash, qu pourtant ne rechigne jamais à s'hybrider. Mais il subsiste encore quelques passages secs, et d'autres beaucoup plus gras et épais, tirant même sur le D-beat à la suédoise revu et corrigé US (« Bound By Validation »), voire même des intermèdes plus glauques nous rappelant au bon souvenir du SLAYER de Seasons In The Abyss (« Fade To Oblivion »). Mais après recensement des idées, après étalement des arguments, on en vient à penser que ces quatre-là ont trouvé la solution idéale pour ne plus se faire cataloguer, sans que l'on puisse leur contester l'appellation Hardcore. Un tour de force d'une brutalité jamais excessive mais toujours justifiée, qui prouve que les extrêmes sont fait pour s'attirer et cohabiter. Une musique qui illustre à merveille le combat quotidien de citoyens qui doivent ravaler leur rancœur sous peine de tout détruire, y compris leur propre vie. Message reçu les gars. Pas facile à encaisser, mais diablement réaliste.
Titres de l'album:
L'album est vraiment bon ! On retrouve bien cette ambiance poisseuse décrite dans la chronique.
20/06/2025, 20:58
C'est à se demander ce qu'il mange le matin. L'avantage de nous sortir plusieurs albums par an c'est qu'il y en a toujours un ou deux d'excellents ! D'ailleurs ça me fait penser que je n'ai pas encore écouté convenablement le der(...)
19/06/2025, 10:16
Le 2 août a déterminé, sûrement au Sylak car il manquait 2 groupes avant de boucler l'affiche. Ils ont eu du mal cette année car les cachets ont doublé voir tr
18/06/2025, 21:01
Il s'agit de MINDWARP. J'avais choppé cet album (qui était leur 2ème) sorti en 2016 chez Great dane records. Un très bon album de death proche de l'esprit de CARCARIASS. Donc pas étonné de le voir ressortir sous ce nom
17/06/2025, 15:06
J'aurai dû dire "L'un des trucs"...Car l'affiche est une fois de plus laaaaaargement à la hauteur.Employons donc les bonnes formules !
17/06/2025, 08:48
L'un des rares trucs (jamais vu qui plus est) qui me fait littéralement piaffer à l'attente de l'Alcatraz bordel !!!
17/06/2025, 08:46
"Believe in nothing", j'peux comprendre, mais "The plague within"...Ce dernier étant pour moi aussi important que "Faith divides us (...)", j'ai du mal a te cerner cher Simony.
17/06/2025, 08:44
MON groupe de chevet, la voix de Nick et le touché de Greg sont pour moi les clés de mes émotions musicales. Bizarrement, "The Plague Within" et "Believe In Nothing" sont les 2 albums que j'écoute le moins. J'ADORE ce groupe ! Tout simplem(...)
16/06/2025, 21:25
Si ça intéresse quelqu'un ils ont mis l'album en intégralité sur bandcamp :https://agoniarecords.bandcamp.com/album/tetrad-mj'ai pas encore tout écouté(...)
16/06/2025, 19:22
Merci pour cette vidéo qui rend bien hommage à Paradise Lost, qui est un de mes groupes préférés depuis presque 32 ans. Découvert à l'époque grâce à l'émission Headbangersball, j'avais 15 ans et j'&eac(...)
16/06/2025, 12:30
Clairement l'un de mes groupes de chevet.Un talent plus qu'indéniable et malgré ce creux de la vague entre 99 et 2007, des gonzes qui se tiennent encore à ce jour bien droit dans leurs bottes.A propos de cette période que je pouvais, comme beauc(...)
16/06/2025, 11:51
Oui comme ils le disent sur le site officiel, bonjour les prix des concerts aujourd'hui avec l'inflation ,Désolé mais je ne peux plus suivre. Trop chère les concerts
15/06/2025, 08:42
Je me demande comment fait Rogga Johansson, avec autant de groupes, il arrive toujours à sortir des trucs vraiment bons !! Quelle energie !!
13/06/2025, 00:29
En fait, ce qui me pose problème, ce n'est pas le fait d'aimer ou pas ce genre de vidéo (lyrics video), c'est les remarques dépréciatives (condescendantes) d'Akerfeldt à ce sujet. Bien sûr, c'est super d'avoir un bon clip, seu(...)
12/06/2025, 01:04
Author & Punisher est aussi annoncé à Montpellier le 23 octobre 2025 avec Wyatt E et Yarostan à la place de Bong-Râ.
11/06/2025, 12:53