« But Rosie, you're all right, when you hold me tight
When you turn out the light, looks like it's me and you again tonight, Rosie… »
C’est bien sûr Jackson Browne qui chantait ça, en 1977, sans savoir que son texte allait bénéficier d’un éclairage nouveau quelques huit années plus tard. Replaçons le contexte. 1985, le Hard-Rock, sans vraiment le savoir va connaître un énorme boom aux USA, mais en Europe, le mouvement est déjà lancé, par l’entremise d’une poignée de groupes anglais et allemands faisant déjà exploser les charts et les platines. A l’époque, la production commençait à prendre des proportions dantesques, et il n’était pas facile pour un groupe de se faire remarquer et de s’extirper de la masse. Certes, des cautions permettaient d’avancer d’un pas par rapport aux rangs arrières, comme d’arborer un blason Thrash, d’émerger de la NWOBHM et de faire avancer les choses, ou d’être originaire d’Allemagne et de prôner des valeurs que les SCORPIONS avaient déjà énoncées sur Blackout ou Love at First Sting. Et c’est justement d’Allemagne, et encore mieux, de Hanovre qu’un quatuor provenait ces années-là, bénéficiant d’un atout indéniable sur le reste de leurs confrères. Car ces confrères-là étaient des consœurs, et autant vous dire que les groupes entièrement féminins n’étaient pas légion. Nous avions bien évidemment les GIRLSCHOOL depuis quelques temps, nous avions eu les RUNAWAYS, mais en dehors des éternelles Lita Ford et Lee Aaron, le PMM (Paysage Musical Metal) se la jouait délicatement machiste et laissait les femmes en cuisine, pour mieux permettre à ces messieurs de se pavaner sur scène bardés de clous et arborant des grimaces de circonstance. Et alors que le destin aurait dû laisser dans l’ombre ces quatre musiciennes qui n’avaient pas grand-chose à offrir de plus que leurs homologues masculins, leur premier et unique EP fit grand bruit dans les rédactions, et suscita des émotions vives chez les amateurs de Heavy modulé et sensualisé. ROSY VISTA, étrange comme ce nom est resté gravé dans les mémoires alors que ces allemandes n’ont eu le temps de publier qu’un seul EP et un duo de singles. Mais je défie n’importe quel hard-rockeur de l’époque d’ignorer leur existence, et de ne pas avoir au moins une fois écouté You Better Believe It !, at home, ou chez un ami…
L’histoire aurait dû s’arrêter là, mais le destin à parfois des caprices imperméables à la compréhension, et c’est donc avec stupéfaction que nous avons appris récemment la reformation du groupe, bien décidé à prendre sa revanche et à enfin publier ce premier LP qui n’est jamais venu en temps voulu. Et plaisir suprême, c’est quasiment dans sa configuration d’origine que le quatuor de Hanovre nous en revient en 2019, avec toujours Andrea Schwarz au chant, Anca Graterol à la guitare et Marina Hlubek à la batterie, et la petite nouvelle depuis 2016, Angela Mann à la basse. Certes, ce comeback n’est pas des plus inopinés, puisque les musiciennes avaient déjà tenté de se replacer dès 2002, puis en 2008 en se croisant lors d’un concert, mais peu amènes à se précipiter, les ROSY avaient donc préféré préparer leur grand soir pour ne pas foirer leur retour sous la lumière, et autant dire qu’elles ont eu raison. Les Hard-rockeurs ne leur auraient pas pardonné de torcher un truc à la va-vite, et la décennie consacrée au peaufinage du nouveau projet ne fut pas temps perdu, puisque ce premier véritable album des allemandes résonne comme une véritable revanche sur le temps, se présentant sous la forme de douze compositions, dont une grosse partie d’inédits. Consciente qu’il fallait battre le rappel des souvenirs, Anca a donc choisi la voie de la prudence, proposant au reste du groupe de réenregistrer les cinq classiques qui figuraient déjà sur leur premier EP, les agrémentant de nouveaux morceaux et d’une reprise bien sentie d’un énorme classique. Et la vérité d’éclater au grand jour, les ROSY VISTA sont plus jeunes et en forme que jamais, et signent là l’un des comeback les plus improbables de l’histoire, suffisamment étonnant en tout cas pour baptiser ce nouveau projet Unbelievable. Incroyable, c’est le moins que l’on puisse dire, car peu de gens s’attendaient sans doute à retrouver leurs super-héroïnes en 2019, mais c’est chose faite, et en toute honnêteté, le plaisir tiré de ce hasard enchanté est total, puisque l’opération est un franc succès artistiquement parlant.
Evidemment, inutile de le cacher, ce premier/nouvel album reste très formel en termes de créativité, et aurait pu sortir il y a trente ans sans que personne ne soit choqué de sa modernité. On retrouve donc les filles telles qu’on les avait quittées, dotées d’un meilleur son, mais toujours aussi passionnées par ce Hard Rock mordant qui n’hésite pas à se durcir en Heavy Metal de temps en temps. La fougue, la force, la puissance, mais aussi les nuances, la sensibilité, une certaine perméabilité aux harmonies et la variété sont donc les valeurs maîtresses du nouveau concept qui recycle avec brio les idées de l’ancien, et loin de simplement jouer la carte de la nostalgie, le quatuor de Hanovre nous offre des morceaux séduisants, haletants, construits et compétitifs, qui n’ont pas à rougir d’une quelconque comparaison avec la production old-school actuelle. Car les ROSY VISTA sont sans doute plus crédibles que cette horde de suiveurs tentant désespérément de retrouver les sonorités d’époque, eut égard au fait qu’elles firent partie de cette même époque, et qu’on sent leur background au détour de chaque riff et de chaque intervention vocale. Parlant de chant, Andrea Schwarz n’a rien perdu de son lyrisme vocal et de son timbre grave et rauque, et c’est avec délice qu’on la constate en grande forme, comme ses trois acolytes qui s’en donnent à cœur joie pour faire rugir les guitares, trembler la basse et fracasser la batterie, dans un déluge d’électricité qui laisse parfois place à des espaces plus aménagés. Les cinq titres que l’on trouvait déjà sur You Better Believe It ! ont bénéficié d’un lifting qui n’a en rien gommé leurs traits secs et sauvages, et les nouveaux titres, d’égale qualité, n’ont pas à prendre ombrage d’un rapprochement quelconque, se montrant aussi performants et convaincants. Et c’est véritablement l’euphorie qui émane des pistes qui étonne le plus, les filles ayant les crocs et étant bien décidées à mordre dans leur vie artistique à pleine dents, à tel point qu’elles s’en sortent même avec les honneurs en tâtant de l’exercice difficile de l’appropriation d’un classique aussi galvaudé que le « Born to be Wild » des STEPPENWOLF.
Mais dès « Crazy », l’un des inédits placés en ouverture, on sent que l’ambiance est à la fête et que les filles ne sont pas là pour faire de la figuration passéiste. Ecume aux lèvres, harmonies en bandoulière, cohésion d’ensemble, tout est là pour que l’opération soit un succès, et c’est certainement à dessein que le groupe a immédiatement placé à la suite un ancien morceau, en l’occurrence « Sadistic Lover », pour bien replacer le contexte. Et entre Hard-Rock saignant, Heavy abordable et slow de circonstance (« Too Much Feeling », une absence de plus de trente ans, ça laisse des traces à l’âme quand on parvient à s’accrocher et à revenir chanter), le tableau dépeint est terriblement actuel, débordant de chœurs précis, d’arrangements travaillés et digne d’être loué. Mais si l’émotion est palpable, la fragilité et la pudibonderie ne sont pas de mise, et un intermède explosif comme le très MOTORHEAD assoupli « Hopatina » et sa speederie sauvage est là pour le prouver, puisque ce sont les poings qui doivent se lever, et non les mouchoirs s’agiter. Très solides pendant cinquante minutes, les ROSY VISTA déroulent comme si cet album avait été la suite logique et immédiate de leur premier EP, et gageons que sorti en 85/86, il aurait fait un véritable malheur, plaçant les allemandes au sommet de la hiérarchie mondiale. Déluge de guitare en fusion, Unbelievable finit par trahir son titre et devenir évident dans sa crédibilité, avec des démarcages intéressants comme cette relecture de « Rockin’ through the Night » qui sonne comme un crédo, ou « Changin’ my Mind » qui en dit plus long qu’il n’y parait sur l’état d’esprit général…Alors, comment terminer cette chronique que vous avez déjà compris largement positive ? Simplement qu’aussi incroyable que cela puisse paraître, les ROSY VISTA sont bien de retour, et plus efficaces que jamais, et ça… You Better Believe It !
Titres de l'album :
1. Crazy
2. Sadistic Lover
3. Master of Control
4. Too Much Feeling
5. Tables are Turned
6. Until I’m Satisfied
7. Hopatina
8. Poor Rosy
9. Sound of your Love
10. Rockin’ through the Night
11. Changin’ my Mind
12. Born to be wild (cover STEPPENWOLF)
Je m'attendais vraiment pas à ce qu'Ozzy tiennent 30 min sur chacun de ses shows...Bon, on peut pas dire que c'était "beau" à voir mais si j'avais eu la chance de gauler une place, j'aurai tout de même été bien con(...)
07/07/2025, 07:36
Putain je suis fan de Slayer mais c'était bien dégueulasse. Ça devient une parodie. Et oui merci pour tout Ozzy et tommy.
06/07/2025, 21:25
Oui c'est bien beau mais étaient ces gars durant l'ère Obama ou il a absolument tout trahis ? Trump on connait son histoire personnelle et ses financements. c'est sans surprise..
06/07/2025, 14:20
Pardon pour les fautes, mais quitte à écouter ce genre de trucs, Anna von Hausswolff le faisait beaucoup mieux il y a 10 ans. C'est ce qu'on appelle l'avant-garde je suppose.
05/07/2025, 06:51
Le problème de de Kayo Dot c'est qu'il dépend de l'envie du moment de Toby Driver et de qui l'entoure, tu peux avoir un album de drone/post-rock suivit d'un album de death metal, il n'y a pas de groupe et aucune identité. C'est dommage parce(...)
05/07/2025, 06:47
Merci à Clawfinger pour ce grand moment de transgression validée par l’ordre moral dominant. C’est rassurant de voir que la “rébellion” moderne consiste à tirer sur une cible usée jusqu’à la corde, avec des punchlines dignes (...)
04/07/2025, 07:16
Il tourne pas mal chez moi ce disque, et c'était un vrai plaisir de revoir le groupe live récemment après les avoir un peu mis de côté. Un autre concert en tête d'affiche ne serait pas de refus !
03/07/2025, 16:57
Morceau décevant et sans surprise. La présence de Chris Kontos dans le groupe y fait pour beaucoup dans mon intérêt pour ce retour, mais pour le moment bof.
03/07/2025, 16:47
Je n'ai jamais aimé ce groupe, mais j'étais passé devant durant un Hellfest et en effet c'était juste insupportable toutes ces harangues (littéralement toutes les 10 secondes). Moi je m'en beurre la raie, mais pour les fans ça doit &ec(...)
03/07/2025, 12:55
Vu à Toulouse et je n'ai pas du tout accroché, pourtant vu 2 ou 3 fois depuis 2005. Et j'avais bien aimé. Rien ne surnage, ça bastonne mais pour moi aucuns titres ne sort du lot.Par contre j'ai adoré Slapshot
02/07/2025, 16:01
Votre article sur le kintsugi est un véritable hommage à l’art de reconnaître la beauté dans la fragilité et les cicatrices : mentionner son origine au XVe siècle et sa philosophie wabi‑sabi renforce(...)
02/07/2025, 15:38
@Abrioche91 : la canicule t'a trop tapé sur la tête, mon pauvre vieux. Parce que se faire à répondre aux trolls, je n'avais plus vu ça depuis VS.
02/07/2025, 12:25
@Ultra Pute, t'es bien limité comme garçon. Et tu dois sacrément bien te faire chier pour venir commenter connement ce que les autres écrivent.Moi aussi, j'aime bien les commentaires gratuits (la preuve) mais je suis surtout là pour commenter l&(...)
02/07/2025, 08:50