Encore une affaire rondement menée par ce bon vieux Serafino Perugino, qui est en passe de devenir l’entremetteur Metal le plus efficace du marché. Ses idées de couples fonctionnent toujours à merveille, et au vu du carnet d’adresse du bonhomme, vous pouvez lui faire une confiance aveugle en ce qui concerne les mariages arrangés haut de gamme. Le boss de Frontiers n’aime rien de plus que provoquer la collision de talents universels pour créer de petits big bangs et des all-star-bands, en s’appuyant sur la polyvalence et le talent de son homme de confiance maison, l’omnipotent Alessandro Del Vecchio, couteau suisse d’Italie qui ne doit dormir que les nuits de pleine lune rousse. Cette fois-ci, ce sont deux musiciens au potentiel extraordinaire qui se retrouvent dans le labo italien, avec à gauche l’incroyable chanteur brésilien Nando Fernandes (SINISTRA, BROTHER AGAINST BROTHER), et à droite, le guitariste allemand Jens Ludwig, soliste d’EDGUY et partie prenante du concept AVANTASIA. Si les deux hommes n’ont évidemment pas le même parcours, ils n’en restent pas moins de sérieuses références dans leur domaine, et leur association, une réussite logique.
Une fois encore entièrement concocté de l’intérieur par Frontiers, le projet THE GRANDMASTER permet donc aux deux hommes de bosser avec Alessandro, trop heureux d’obliger et de composer. Del Vecchio, outre la console a comme d’habitude manié la basse, les claviers et lâché quelques chœurs, tandis que le batteur Mirkko De Maio s’est chargé de la frappe des peaux. Quatre musiciens de pedigree, pour un concept assez simple : fusionner le Heavy Metal le plus traditionnel avec un Hard-Rock mélodique de grande classe, porté par un chanteur aux cordes vocales d’or et un guitariste aux cordes nobles et au toucher historique.
Deux mondes qui s’affrontent, pour une célébration de la mélodie la plus fédératrice. Une façon très classique d’aborder le répertoire Metal, pour un résultat qui séduira tous les amateurs de puissance traditionnelle, et plus spécialement, les fans de DIO, RAINBOW, ou Jorn LANDE. Aucune prise de risques, aucune déviation vers des paradis plus excentrés, aucun chemin de traverse, mais une belle ligne droite et un pont solide et majestueux enjambant les flots de feu d’un Heavy Metal hautement mélodique. La team composition du projet est donc allée se ressourcer du côté des seventies et des eighties pour adapter les recettes traditionnelles aux exigences du vingt-et-unième siècle, et produire une musique consensuelle et universelle.
De fait, Skywards se présente sous la forme de onze morceaux tous plus impeccables les uns que les autres, enrobés dans un son parfaitement équilibré, moins compact que d’ordinaire pour Del Vecchio, qui a su adapter sa sauce à la légèreté du projet. Le type même d’album qui ne prendra pas une ride avec les années tant ses racines sont ancrées dans la culture populaire du Heavy le plus abordable. Et c’est bien ce qui permet à THE GRANDMASTER de transcender son classicisme, proposant ainsi de véritables chansons qui ont déjà des faux airs d’hymnes immortels. On pourra évidemment reprocher au label de se faire confiance et de se gargariser de ses propres réussites, mais il est à l’inverse impossible de reprocher à Serafino et Alessandro d’avoir bâclé le travail.
Si les chansons ne réservent aucune surprise notable au niveau des arrangements ou des progressions harmoniques, la qualité d’interprétation et de mise en place est remarquable, avec deux musiciens au sommet de leur art. C’est évidemment la voix pure et lyrique de Nando Fernandes qu’on remarque en premier lieu, et autant admettre que l’homme a rarement aussi bien chanté. Tellement bien d’ailleurs qu’on se demande parfois s’il n’est pas le fils légitime du regretté Ronnie James, lorsque l’emphase Heavy des compositions nous ramène aux grandes heures de Holy Diver ou The Last in Line. Tout comme DIO, le groupe, qui a toujours su s’appuyer sur la complémentarité d’un chanteur d’exception et d’un guitariste volubile, THE GRANDMASTER ne cherche pas midi à quatorze heures, se souvient de la méthode royale de RAINBOW, et adapte la recette à une époque un peu moins figée dans la tragédie grecque en musique. Ce qui donne lieu à une alternance de morceaux nerveux et de pièces plus conséquentes et lyriques, pour un équilibre respecté et agréable.
On reprochera peut-être ce formalisme qui finit par ternir la noblesse de l’album en la souillant d’une patine de redondance, mais les individualités, et la performance collective sauvent le projet du marasme en évitant au dernier moment l’écueil de l’ennui. Les claviers maniés par Alessandro, parfois envahissants, se font ici plus discrets pour faire briller les intros (« Skywards – Earthwards », aux proportions épiques, et qui profite d’une entame sensible très judicieuse), et le tout ressemble à un meuble ancien, de bois plein, rénové et poli qui s’offre une seconde jeunesse sur le marché du neuf.
Loin d’être gratuite, l’association des deux homme semble couler de source lorsqu’on écoute des morceaux comme « Lunar Water » ou « Song of Hope », et d’ailleurs, Jens Ludwig confirme lui-même cette impression :
« Au final, j’ai vraiment ressenti une connexion avec tous les gens impliqués, et plus particulièrement avec Alessandro. Je n’avais pas besoin de plus. C’était le bon moment, le bon endroit, les bonnes chansons et la bonne équipe…et il semblait parfaitement logique d’y prendre part. »
Si cette déclaration a tout d’une satisfaction promotionnelle contractuelle, elle prend tout son sens une fois l’album digéré, et le naturel de l’opération éclate comme une évidence : seule une complicité réelle a pu déboucher sur un burner de la trempe de « True North » ou sur le déjà classique « Surrender ». Et c’est finalement cette sincérité qui permet à Skywards de voler au-dessus de ses concurrents, ses ailes n’étant pas plus grandes, mais son énergie beaucoup plus intense. Comme un enfant naturel de DIO, THE GRANDMASTER s’inscrit dans un classicisme indéniable, mais majestueux.
Titres de l’album:
01. Lunar Water
02. The Tempest
03. Someday Somehow
04. Dead Bond
05. Cannot Find The Way
06. Song Of Hope
07. Skywards – Earthwards
08. True North
09. Surrender
10. Turn The Page
11. The Source
Pardon pour les fautes, mais quitte à écouter ce genre de trucs, Anna von Hausswolff le faisait beaucoup mieux il y a 10 ans. C'est ce qu'on appelle l'avant-garde je suppose.
05/07/2025, 06:51
Le problème de de Kayo Dot c'est qu'il dépend de l'envie du moment de Toby Driver et de qui l'entoure, tu peux avoir un album de drone/post-rock suivit d'un album de death metal, il n'y a pas de groupe et aucune identité. C'est dommage parce(...)
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Merci à Clawfinger pour ce grand moment de transgression validée par l’ordre moral dominant. C’est rassurant de voir que la “rébellion” moderne consiste à tirer sur une cible usée jusqu’à la corde, avec des punchlines dignes (...)
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Il tourne pas mal chez moi ce disque, et c'était un vrai plaisir de revoir le groupe live récemment après les avoir un peu mis de côté. Un autre concert en tête d'affiche ne serait pas de refus !
03/07/2025, 16:57
Morceau décevant et sans surprise. La présence de Chris Kontos dans le groupe y fait pour beaucoup dans mon intérêt pour ce retour, mais pour le moment bof.
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Votre article sur le kintsugi est un véritable hommage à l’art de reconnaître la beauté dans la fragilité et les cicatrices : mentionner son origine au XVe siècle et sa philosophie wabi‑sabi renforce(...)
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02/07/2025, 12:25
@Ultra Pute, t'es bien limité comme garçon. Et tu dois sacrément bien te faire chier pour venir commenter connement ce que les autres écrivent.Moi aussi, j'aime bien les commentaires gratuits (la preuve) mais je suis surtout là pour commenter l&(...)
02/07/2025, 08:50
Pas trop mal dans l'idée.Vocalement on s'y tromperait aussi.A voir sur tout l'album, le précédent, mis à part l'opener, m'avait bien déçu
01/07/2025, 15:38
ça tartine ! bien cool cool cette grosse basse @niquetoncul oui ça doit te changer de Jinjer
01/07/2025, 14:19