Finalement, la vague de COVID n’aura pas eu que des désagréments. Certes, elle nous a privés de live, essence même de la musique, mais elle a condamné les musiciens à se montrer créatifs pour occuper le temps et pallier au manque de tournées. Elle a même abouti à des naissances, des groupes se montant de toutes pièces pour vaquer à des occupations plus saines que le sudoku ou la fabrication de cocaïne de synthèse. Ainsi, le Portugal a vu croitre ses rangs métalliques, avec la formation de TORN FABRIKS, tissu déchiré raccommodé par trois petites mains de la scène Thrash locale. Durant cette période confinée, Jorge Matos (ex-SIMBIOSE), Ricardo Santos (ex-MORBID DEATH) et Gualter Couto (ex-FLIGHT OF EDEN, ex-MORBID DEATH) ont donc choisi d’unir leurs forces au sein d’un même ressentiment, aboutissant à l’enregistrement d’un premier EP en 2021 (Mind Consumption), et aujourd’hui, d’un full-lenght réglementaire à bien des niveaux.
Impera est donc le fruit des réflexions brutales de ces trois portugais, bien décidés à imposer leurs vues nostalgiques sur la production européenne. Il est aussi le fuit d’amours sincères envers le Thrash des années 90, plus costaud que son aîné des années 80, et produit plus efficacement par des ingénieurs du son ayant largement eu le temps d’apprendre à mettre la violence en relief. De fait, ce premier album sonne incroyablement puissant, avec une batterie tonitruante (le son de la caisse claire et des futs est l’un des plus impressionnants que j’ai pu entendre), une guitare constamment sur la brèche, et un chant bien mixé au centre, qui ne bouffe pas l’instrumental de ses gueulantes incessantes.
Musicalement évidemment, le tout est sous influence notable. On pense à GRIP INC, à une version plus chaude d’un DESTRUCTION moderne, mais aussi au TESTAMENT le plus actuel. Beaucoup de formalisme donc, mais aussi de prudence dans la composition, puisque les morceaux restent tous sous la barre des quatre minutes, ce qui est chose rare dans le créneau Thrash passéiste. Pas d’ambitions progressives donc, mais une envie de castagner les tympans avec des marteaux épais, et surtout, d’aller droit au but sans tergiverser et accumuler les breaks ou autres prouesses techniques dispensables.
TORN FABRIKS se base donc sur une série de riffs particulièrement performants, et sur une vitesse de croisière élevée, mais raisonnable. Penchant plus du côté de la Bay-Area que de la Ruhr, Impera est un véritable cas d’école de Thrash compréhensible, qui semble prendre un certain plaisir à provoquer une collision entre WARBRINGER et WARFECT, sans toutefois tomber dans les travers de la parodie old-school lourde. Ici, on joue carré, ensemble, et l’osmose est patente dès les premières secondes du véritable premier morceau « The Outcome ».
Mais qui dit raisonnable dit parfois, et même souvent, redondant. Les morceaux se suivent et se ressemblent beaucoup, la faute à une guitare qui s’en tient à ce qu’elle sait faire le mieux et à un beat égal dans les BPM. Le petit grain de folie qu’on est en droit d‘attendre d’un album de Thrash fait cruellement défaut ici, et si la patte EXODUS reste savoureuse, cette raison gardée dans le propos empêche l’album de vraiment décoller et survoler cette zone de respect des codes.
Avec deux ou trois morceaux plus Heavy ou au contraire débridés, l’album aurait pu atteindre une excellence remarquable, mais le contraire se produit, la lassitude gagnant au fur et à mesure de l’avancée de l’album. Dommage, parce que certaines calottes sont notables, la plus percutante restant le hit incontournable « We, Torn Fabriks », l’un des morceaux les plus rapides qui propose en plus un featuring vocal qui aère un peu la pièce.
Alors, en fin de compte, nous nous trouvons face à un full-lenght qui sent un peu trop le propre, et qui manque de culot pour vraiment surprendre. En épurant quelques titres, on se fait une jolie playlist de vingt minutes, et on se dit que peut-être, les TORN FABRIKS auraient gagné à laisser quelques chansons de côté pour nous offrir un superbe EP. Mais en dépit de ces griefs justifiés, Impera reste une accroche solide, et une carte de visite qu’on distribue avec de sérieux espoirs de décrocher un CDI Metal.
Titres de l’album :
01. Intro
02. The Outcome
03. Hallucinating Levels
04. Here
05. Leave Me Be
06. Red Alert
07. Against All Odds
08. We, Torn Fabriks (Feat. Junqueiro)
09. Highest Price
10. Rise or Fall
11. We, Torn Fabriks - Original Version
Voyage au centre de la scène : interview de Jasper Ruijtenbeek (The Ritual Productions)
Jus de cadavre 07/05/2023
Élue pochette de l'année. Et musicalement c'est pas dégueu. Faut que j'écoute ça attentivement.
29/05/2023, 16:54
Ça sentirait pas un peu la pochette faite par IA ça ?. Midjourney sera bientôt le "cover artist" le plus productif sur Metal archives...
26/05/2023, 20:56
Le premier album a énormément tourné chez moi, gros Hardcore à bagarre avec riffs à la Slayer mais toujours avec une ambiance... jouasse ! Genre, du HxC en chemise Hawaïenne.Mais là je dois dire que le titre Good Good Things m'a fait dr&o(...)
25/05/2023, 18:25
RIPC'est quand même le second du line originel qui passe l'arme à gauche....
25/05/2023, 15:17
Grosse perte, voilà un Monsieur dont la contribution à la scène Rock en général est largement inconnue.Un grand merci pour avoir permi tant de chose et montrer non pas une mais plusieurs voies possibles pour s'exprimer dans la musique.
25/05/2023, 08:37
MARDUK a communiqué depuis en disant que ce n'était là que l'une des nombreuses fois où il est apparu totalement ivre sur scène (il aurait par exemple fait un streap tease sur scène...) et que c'était une condition de départ p(...)
25/05/2023, 08:35
Du calme les excités antitout, vous disiez pareil de slayer, jouer avec l'interdit c'est tout à fait l'esprit adolescent du metal
24/05/2023, 21:49
Le clip - aussi moche soit il - est déjà bien plus intéressant que 99% des clips métal réalisé en usine désaffecté avec ces sicos mode playback.
24/05/2023, 16:39
L'intelligence artificielle n'est pas - par définition - l'intelligence. Un bon monde d'assistés qui se prépare.Le clip n'est pas si mal malgré tout.
24/05/2023, 15:10
Juste au moment où je me mets à apprécier de nouveau pleinement Type-O après une parenthèse de presque vingt-cinq ans... Comme quoi il reste toujours un public pour les grands groupes même après leur disparition active.
24/05/2023, 13:44