Quoi de mieux pour réchauffer un dimanche matin tristounet qu’une bonne explosion de rage en mode Death/Groove ? Et alors que l’été et l’automne se livrent encore à un combat de titans, les danois de CROWN THE BEAST se proposent d’en être les arbitres. Des arbitres impartiaux, fondamentalement violents, et parfaitement inscrits dans l’air du temps. Et histoire d’en savoir un peu plus sur cette horde barbare, précisons qu’elle existe depuis 2016, mais que Spawn of Tomorrow est son premier témoignage musical. Car à part deux singles lâchés en 2018, rien à se mettre sous la dent, ce qui a le mérite de laisser l’auditeur juge impartial et sans attente de ce premier long.
Lars Von Løvendal & Søren Rønnebech Grønning (guitares), Jason Campbell (chant), le trio de base, soutenus par Jens Moseholm (basse) et Christoffer Leth (batterie), section rythmique qui s’est greffée en cours de route nous proposent donc une forme de violence très syncopée, moderne, mais avec une assise intéressante dans la culture extrême des pays nordiques. Entre Metalcore super lourd et Death moderne écrasant, CROWN THE BEAST joue la sécurité d’une brutalité intelligente, et agrémente ses attaques de mélodies en filigrane qui allègent l’ensemble sans nuire à son potentiel de destruction massive.
Doté d’une production énorme et profonde, cette autoproduction peut donc bomber le torse et toiser du regard la concurrence. Certes, inutile de le nier, le propos est connu, voire un peu générique parfois, mais l’envie est là, et certains morceaux accrochent vraiment l’oreille pour s’incruster dans la mémoire. J’avoue une légère faiblesse pour le dissonant « God Machine », aplati par une double grosse caisse en mode panzer, mais aussi plus aéré que le reste du tracklisting qui privilégie la claustrophobie et l’insistance. On louera évidemment les qualités de mise en place, le flair pour agencer la progression des morceaux, mais aussi cette envie de proposer autre chose que quarante minutes de coups de boutoirs.
Ainsi, le milieu de l’album s’éloigne quelque peu des systématismes, et nous laisse entrevoir un potentiel de diversité non négligeable. « Gates of Knowing » est par exemple une démonstration de savoir-faire glauque et gras, et c’est dans ces moments-là que CROWN THE BEAST se montre le plus fascinant et crédible. Sans aller jusqu’à parler d’originalité, on sent que l’inspiration peut dévier à tout moment, et ce plaisir de la surprise rend l’album beaucoup plus enthousiasmant. Car lorsque le groupe sort les licks Thrash et les ambiances morbides sur fond d’harmonies acides, l’environnement change, et on passe d’une cave de dissection à un paysage danois embrumé un matin d’hiver.
Il faut dire que le susmentionné « Gates of Knowing » accuse huit minutes de déroulé, ce qui a tendance à en faire le point fort de cet album. Il l’est, indubitablement, et très intelligemment placé en milieu de parcours, ce qui relance l’attention et porte Spawn of Tomorrow à des hauteurs insoupçonnées.
De l’autre côté du spectre musical, « Counting Bodies » est un body count à la Ruggero Deodato, et pulvérise les os, les colonnes vertébrales et les tympans de son agressivité épaisse et sans compromis. Le meilleur des deux mondes donc, pour une maîtrise absolue et une maturité bluffante. Entre les deux extrêmes, de quoi étancher sa soif de bestialité clinique, avec en exergue ces emphases rythmiques lourdes et suffocantes, nous laissant le souffle court et la mine basse. Parfait représentant de cette tendance à systématiser les riffs à la MESHUGGAH, « Mass Grave », est une fosse commune des illusions qui permet à Jason Campbell de brailler comme jamais.
Du bon donc, du classique dans le fond mais du féroce dans la forme, et une belle démonstration de puissance qui toutefois souligne les éléments à mettre en avant dans un futur proche. Certes, très bestial lorsqu’il percute de plein fouet, CROWN THE BEAST n’en reste pas moins plus convaincant lorsque la machine ralentit et que les humeurs prennent le pas. Il conviendra donc de développer cet aspect plus sournois et mystique à l’avenir, l’équilibre parfait n’étant pas encore atteint.
Mais l’envie est là, la pochette est superbe, et pour un dimanche blafard, CROWN THE BEAST fournit une bande-son tout à fait crédible. Et puis de toute façon, je hais les dimanches.
Titres de l’album :
01. Angels of Mercury
02. Deathecration
03. God Machine
04. Gates of Knowing
05. Spawn of Tomorrow
06. Mass Grave
07. Hate
08. Counting Bodies
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