Le Thrash a le vent en poupe ces temps-ci, j’en veux pour preuve ma troisième chronique du style en une seule matinée. Après le Brésil et la Finlande, c’est au tour de l’Espagne de nous envoyer ses mercenaires les plus dangereux, via les EXTINCTCIDE dont les préoccupations semblent être d’ordre écologique. Sous sa pochette faisant écho aux terribles incendies que subit le monde depuis deux ou trois ans, Woods Of Fire cache une musique furieuse, énergique, à la croisée des chemins, mais violente de bout en bout. Formé en 2014 à Grenade, ce quatuor d’enfants terribles du Thrash boom des années 80 (Javi Blanco - guitare, Sori Casares - guitare, Victor Thrashgoat - basse/chant et Samuel Fernandez - batterie, seul nouveau membre depuis 2019) a d’abord publié un moyen-format en 2015 (Nothing Will Survive, comme quoi leurs obsessions sont stables), avant de composer, de jouer live pour affiner un répertoire explosif que le fan prendra en pleine tronche.
Admettons immédiatement que l’approche des ibères n’a rien d‘original dans son recyclage d’idées pérennes, mais acceptons aussi que son énergie débridée excuse bien des convenances. Première constatation, EXTINCTCIDE confirme la tendance actuelle des vocalistes totalement timbrés qui hurlent comme des sorcières capturées par Jean Reno. Victor Thrashgoat n’échappe donc pas à la règle, et permet à son groupe espagnol de sonner comme un combo allemand des années 80, à l’image d’un ASSASSIN plus technique, mais dix fois plus intense.
Doté d’une production à la chaleur thermonucléaire, ce premier album fait la part belle à un Thrash excessif dans la démarche, mais incroyablement précis dans la mise en place. En multipliant les changements de rythme, et en fricotant en plus d’une occasion avec le Thrashcore, produisant alors une détonation à même de faire fuir tous les animaux de la forêt, y compris les ours bruns les plus agressifs. On peut toucher du doigt cette rage sur le phénoménal et radical « Praying For Extermination », qui met à la colle le DEATHROW le plus véloce et le WEHRMACHT le plus barge. Le chaos est donc toujours à portée de foulée, mais le trio de tête peut compter sur la régularité et la précision de son nouveau cogneur Samuel Fernandez, véritable poulpe sous meth qui multiplie les attaques de grosse caisse et les fills supersoniques.
Un seul mot d’ordre : folie et propreté instrumentale. Adeptes des breaks acrobatiques à la lisière d’un Techno-Thrashcore totalement improbable, les EXTINCTCIDE n’en oublient pas pour autant les mélodies, et se livrent à une démonstration hallucinante de dextérité, au point d’inventer au passage le Chaotic Thrash/Jazz, genre à part entière qui via une poire de lavement injecte de la nitro dans le cul des ANACRUSIS.
Et la tension ne baisse jamais d’un cran, même lorsque le tempo revient dans des balises plus raisonnables, les riffs décochés par la paire infernale Javi Blanco/Sori Casares se succédant à une cadence hallucinante, pour permettre à leur batteur de se livrer à une démonstration de destruction de futs en bonne et due forme (« Cruel Endeavour »). Entre radicalisme excessif et envie de pousser les choses à leur paroxysme, avec des descentes et glissés de basse parfaitement démoniaques, et des lignes de chant exhortées comme un mauvais payeur chassé hors de chez lui à coups de nerf de bœuf, Woods Of Fire est un incendie aux proportions énormes et dramatiques, qui ne brule pas que les forêts, mais aussi vos tympans. Sorte de post-Interstellar Experience nucléaire, ce premier album est d’une telle intensité qu’on pourrait même l’affilier à un Thrash/Death de première bourre, si les plans n’étaient pas totalement affiliés au Thrash allemand le plus extrémiste.
« Roaches From Chernobyl » maintient la cadence déraisonnable en l’agrémentant de soli incendiaires, et on abandonne vite toute volonté de comptabiliser les plans tant ils s’entrechoquent à une vitesse affolante. « What !? » continue sur le même rythme, mais propose une version plus évolutive de cette folie incroyable, avec encore une fois un nombre hallucinant d’idées qui se télescopent comme des électrons libre dans un canon.
Difficile, voire impossible de reprendre son souffle dans cette apnée de violence, et cet empilement de fulgurances à rendre fou le VIO-LENCE d’Eternal Nightmare. Il nous faut le superbe interlude mélodique « Grief For Tomorrow » pour reprendre quelques forces au passage, et affronter la fin de l’album, pas plus complaisante que le reste. Les deux derniers titres, aussi cruels, rapides et méchants que le reste du tracklisting nous permettent de perdre totalement nos esprits, et de comprendre que les espagnols d’EXTINCTCIDE ont pondu l’album de Thrash le plus fou de ce premier semestre 2021.
Véritable ode à la bousculade en pleine apocalypse, Woods Of Fire est une expérience de panique totale. Une empoignade d’apocalypse, quelques instants avant la fin, qui offre un dernier défouloir aux plus brutaux. Une catharsis extraordinaire, jouée par des extra-terrestres fans de Thrash sans limite ni contrainte.
Titres de l’album:
01. Disintegrator
02. Woods Of Fire
03. Praying For Extermination
04. Cruel Endeavour
05. Roaches From Chernobyl
06. What
07. Moving Forward
08. Grief For Tomorrow
09. Wretched World
10. Extincticide
Putain je suis fan de Slayer mais c'était bien dégueulasse. Ça devient une parodie. Et oui merci pour tout Ozzy et tommy.
06/07/2025, 21:25
Oui c'est bien beau mais étaient ces gars durant l'ère Obama ou il a absolument tout trahis ? Trump on connait son histoire personnelle et ses financements. c'est sans surprise..
06/07/2025, 14:20
Pardon pour les fautes, mais quitte à écouter ce genre de trucs, Anna von Hausswolff le faisait beaucoup mieux il y a 10 ans. C'est ce qu'on appelle l'avant-garde je suppose.
05/07/2025, 06:51
Le problème de de Kayo Dot c'est qu'il dépend de l'envie du moment de Toby Driver et de qui l'entoure, tu peux avoir un album de drone/post-rock suivit d'un album de death metal, il n'y a pas de groupe et aucune identité. C'est dommage parce(...)
05/07/2025, 06:47
Merci à Clawfinger pour ce grand moment de transgression validée par l’ordre moral dominant. C’est rassurant de voir que la “rébellion” moderne consiste à tirer sur une cible usée jusqu’à la corde, avec des punchlines dignes (...)
04/07/2025, 07:16
Il tourne pas mal chez moi ce disque, et c'était un vrai plaisir de revoir le groupe live récemment après les avoir un peu mis de côté. Un autre concert en tête d'affiche ne serait pas de refus !
03/07/2025, 16:57
Morceau décevant et sans surprise. La présence de Chris Kontos dans le groupe y fait pour beaucoup dans mon intérêt pour ce retour, mais pour le moment bof.
03/07/2025, 16:47
Je n'ai jamais aimé ce groupe, mais j'étais passé devant durant un Hellfest et en effet c'était juste insupportable toutes ces harangues (littéralement toutes les 10 secondes). Moi je m'en beurre la raie, mais pour les fans ça doit &ec(...)
03/07/2025, 12:55
Vu à Toulouse et je n'ai pas du tout accroché, pourtant vu 2 ou 3 fois depuis 2005. Et j'avais bien aimé. Rien ne surnage, ça bastonne mais pour moi aucuns titres ne sort du lot.Par contre j'ai adoré Slapshot
02/07/2025, 16:01
Votre article sur le kintsugi est un véritable hommage à l’art de reconnaître la beauté dans la fragilité et les cicatrices : mentionner son origine au XVe siècle et sa philosophie wabi‑sabi renforce(...)
02/07/2025, 15:38
@Abrioche91 : la canicule t'a trop tapé sur la tête, mon pauvre vieux. Parce que se faire à répondre aux trolls, je n'avais plus vu ça depuis VS.
02/07/2025, 12:25
@Ultra Pute, t'es bien limité comme garçon. Et tu dois sacrément bien te faire chier pour venir commenter connement ce que les autres écrivent.Moi aussi, j'aime bien les commentaires gratuits (la preuve) mais je suis surtout là pour commenter l&(...)
02/07/2025, 08:50