Hate Force

Hate Force

22/02/2019

Closed Casket Activities

Dystopian Death Metal.

 

C’est ainsi que ces américains définissent leur art, sans autre explication. Et sans avoir écouté une seule note de leur musique, il est difficile de savoir à quoi ils font référence. En même temps, les univers dystopiens sont devenus une obsession quasi obligatoire pour les groupes concernés par leur avenir, et la thématique n’a rien d’étrange dans l’extrême. Mais dans les faits, comment cela se traduit-il ? Dns ce cas précis, par une approche très sourde et diffuse du Death Metal, qui propose une combinaison habile et oppressante de Death anglais des origines (BENEDICTION et BOLT THROWER), et de Death américain moderne, lourd, glauque, concentré, légèrement déprimant sur les bords, mais artistiquement enthousiasmant en termes de gravité. Fondé en 2014, ce collectif plus ou moins nihiliste regroupe quelques figures connues de l’underground le plus underground, et compte dans ses rangs trois musiciens habitués à la violence, sous des formes diverses. On retrouve donc au poste clé de leader James Pligge, des HARM’S WAY, à la guitare et au chant, accompagné de Drew Brown (WEEKEND NACHOS, LIKE RATS) à la batterie/guitare et basse, et Todd Nief (LIKE RATS) à la guitare et basse, soit une belle brochette de musiciens rodés à l’exercice de la brutalité et de la vélocité, qui ont donc uni leurs forces pour donner corps à une version putride d’un Metal sans concessions, basé sur la pesanteur, la répétitivité, et le melting-pot de brutalité. Il n’est en effet pas rare de constater que certains morceaux proposent un survol de l’histoire extrême mondiale de ces trente dernières années, sans pour autant que le groupe ne surfe sur la vague de la nostalgie. Trois membres actifs de la scène Hardcore ricaine donc, se retrouvant autour d’un concept un peu plus épais et sombre, pour une visite des bas-fonds de l’humanité, sans espoir, sans lumière, mais qui parvient quand même à échapper à la négation absolue par sa capacité à changer de cap quand il le faut et à oser des inserts un peu plus mélodiques que la moyenne. Raisonnablement s’entend.

Neuf titres, trente-sept minutes d’agression sonore, HATE FORCE ne fait ni dans la dentelle ni dans la logorrhée verbale, mais prend quand même le temps de vomir sa bile en abordant des thèmes de circonstance. Et dès « Death Sentence », on sent que le trio n’est pas là pour faire de la figuration, mais bien pour occuper les premiers plans avec ses convictions, toutes aussi noires les unes que les autres. Pour schématiser un peu l’opération, imaginez le BENEDICTION de Subconscious Terror et le BOLT THROWER de The IVth Crusade, le tout chapeauté derrière la console par le GRAVE d’Into The Grave, et vous aurez un aperçu plus ou moins exhaustif des philosophies musicales de ces trois originaires de Chicago, qui ont visiblement bien retenu les leçons des grands maîtres de la froideur. Mais le mimétisme en est à ce point troublant qu’il est difficile de croire que les trois instrumentistes viennent du milieu Hardcore, leur attitude semblant naturellement Death, au moins autant que celle des pionniers du genre. Certes, rien ne viendra bousculer l’ordre établi, certes, les fondations du mausolée ne trembleront pas sur leurs bases, mais le tout est d’une telle rigidité et aussi implacable que le destin d’une société globale condamné à l’extinction qu’on se prend au jeu, terrassé par tant de gravité et de puissance. Et en termes de puissance, les HATE FORCE n’ont de leçon à recevoir de personne, puisque chacun de leurs titres semble repousser les limites de la lourdeur, l’utilisant comme une arme d’aplatissement massive, mais avec suffisamment d’intelligence pour ne pas tomber dans le piège d’un Doom/Death prévisible et rebutant. En multipliant les cassures, et en acceptant la vitesse d’un style qui a souvent frisé le chaos, Hate Force, l’album, est une mine de plans se télescopant, de riffs en pleine transcendance post-mortem, et de vocaux dégueulés comme autant de psaumes désabusés, le tout prenant parfois des allures de cérémonie funèbre et d’enterrement de dernière clase d’une humanité n’ayant pas eu la force d’échapper à son avenir en forme d’impasse.  

Plus concrètement, les structures se basent sur une mouvance de ton, hésitant entre le plombé made in UK de l’orée des années 90, et le gros grain américain du nouveau siècle, celui-là même qui acceptait de remettre en cause son leadership pour accepter d’avoir cofondé un genre et non pas inventé à lui seul. Et si évidemment, le tout est parfois un peu redondant dans l’agression, certaines inclinaisons Blackened Core, D-Beat et Crust permettent d’aérer la moisissure ambiante, comme le démontre avec méchanceté le morceau d’ouverture « Death Sentence ». Mais ne vous y trompez pas, ce désir d’insérer des éléments extérieurs ne doit pas souiller la caution purement Death de l’entreprise, aussi vintage qu’elle n’est contemporaine. Le souci, en dehors de quelques précisions concernant cette production aussi énorme qu’elle ne laisse respirer tous les instruments, est qu’il n’y a pas grand-chose à raconter à propos d’un album qui se contente d’alterner les figures imposées pour imposer son point de vue. Sans me montrer condescendant ou méprisant, je dois avouer que Hate Force est le genre de LP qui s’écoute et se ressent, mais qui reste terriblement difficile à décrire, autrement qu’en s’attachant à de petits détails. Ainsi, les accélérations fumeuses de « Stolen Valor » permettent de s’isoler dans un exutoire de véhémence, tout comme les blasts introduisant le morceau suivant, « Bleeding Tears ». Notons aussi une efficacité prouvée dans les saccades de guitares qui soudain se prennent de passion pour les riffs poisseux et plombés, et soulignons aussi la pertinence de ce chant qui ne dévie jamais de sa ligne de conduite grognée, se calant parfaitement au creux des thèmes musicaux proposés. Mais en dehors de ces quelques annotations de bas de page, pas grand-chose à souligner, cette mise en jambes faisant suite à deux démos se montrant très formelle, efficace dans le fond, et convaincante dans la forme. Une récréation en aparté de carrières bien remplies, et un bel hommage au Death des années 90.  


Titres de l'album :

                            1.Intro

                            2.Death Sentence      

                            3.Stolen Valor

                            4.Bleeding Tears

                            5.Coward

                            6.War Machine

                            7.Traitors

                            8.Into the Sea

                            9.Moab

Facebook officiel

Bandcamp officiel


par mortne2001 le 04/08/2019 à 14:56
80 %    1097

Commentaires (1) | Ajouter un commentaire


Simony
membre enregistré
05/08/2019, 10:03:37
Ça sent l'album fait pour moi ça !

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Voyage au centre de la scène : PARADISE LOST

Jus de cadavre 15/06/2025

Vidéos

Aluk Todolo + Spirit Possession

RBD 10/06/2025

Live Report

SWR Barroselas Metalfest 2025

Mold_Putrefaction 08/06/2025

Live Report

Anthems Of-Steel VII

Simony 30/05/2025

Live Report

Clinic LI-SA X et Paul GILBERT

mortne2001 29/05/2025

Live Report

The Sisters of Mercy + Divine Shade

RBD 21/05/2025

Live Report

Great Falls + Kollapse

RBD 04/05/2025

Live Report

Chaulnes MÉTAL-FEST 2025

Simony 27/04/2025

Live Report

Star Rider/Blaze Bayley

mortne2001 24/04/2025

Live Report

LOUDBLAST : 40 ans de carrière !

Jus de cadavre 20/04/2025

Vidéos
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
MorbidOM

Si ça intéresse quelqu'un ils ont mis l'album en intégralité sur bandcamp :https://agoniarecords.bandcamp.com/album/tetrad-mj'ai pas encore tout écouté(...)

16/06/2025, 19:22

Nico

Merci pour cette vidéo qui rend bien hommage à Paradise Lost, qui est un de mes groupes préférés depuis presque 32 ans. Découvert à l'époque grâce à l'émission Headbangersball, j'avais 15 ans et j'&eac(...)

16/06/2025, 12:30

Humungus

Clairement l'un de mes groupes de chevet.Un talent plus qu'indéniable et malgré ce creux de la vague entre 99 et 2007, des gonzes qui se tiennent encore à ce jour bien droit dans leurs bottes.A propos de cette période que je pouvais, comme beauc(...)

16/06/2025, 11:51

Oliv

Oui comme ils le disent sur le site officiel, bonjour les prix des concerts aujourd'hui avec l'inflation ,Désolé mais je ne peux plus suivre. Trop chère les concerts 

15/06/2025, 08:42

Seb

Je me demande comment fait Rogga Johansson, avec autant de groupes, il arrive toujours à sortir des trucs vraiment bons !! Quelle energie !!

13/06/2025, 00:29

Styx

Bonjour. L'album paraîtra ce vendredi 13 Juin 2025.

12/06/2025, 20:35

Moshimosher

je voulais dire vidéos plutôt que clips...

12/06/2025, 01:07

Moshimosher

En fait, ce qui me pose problème, ce n'est pas le fait d'aimer ou pas ce genre de vidéo (lyrics video), c'est les remarques dépréciatives (condescendantes) d'Akerfeldt à ce sujet. Bien sûr, c'est super d'avoir un bon clip, seu(...)

12/06/2025, 01:04

RBD

Author & Punisher est aussi annoncé à Montpellier le 23 octobre 2025 avec Wyatt E et Yarostan à la place de Bong-Râ.

11/06/2025, 12:53

michael scott

god no please no lol

11/06/2025, 11:37

Licks0re

Ça vaut vraiment le coup d'écouter ce qu'ils font, j'aime beaucoup et c'est vraiment bon ! 

09/06/2025, 21:35

Jus de cadavre

Super report mec ! Le genre de fest qui me plairait de malade !

09/06/2025, 10:53

Salmigondis

  Cry for the fallen trouser ?

08/06/2025, 13:34

ALK putain de POTE

SIDA visuel et auditif

08/06/2025, 10:08

DCD

Le clip du premier single :https://www.youtube.com/watch?v=JSAlEVzLhDc

07/06/2025, 09:18

Arioch91

Je comprends son raisonnement car je le partage en partie. Je déteste le mot "contenu" quand on parle de vidéo. Ca ne veut pas dire grand chose. Les lyrics video, je trouve que c'est une solution de facilité. On se contente de coller une(...)

07/06/2025, 09:04

stench

J'suis probablement trop vieux, je trouve ça atroce, autant à écouter qu'à regarder.

07/06/2025, 08:32

Humungus

On en cause de la chemise trop petite qui laisse dépasser la panse ?

07/06/2025, 07:39

Drina Hex

On se retrouve en live

07/06/2025, 01:23

Moshimosher

Ben, mince alors, c'est un vieux con Akerfeldt, en fait... dommage... après, tant  que la musique est bonne, que demande le peuple ? (Après, je suppose qu'il n'arrivera jamais au niveau de Chris Barnes, mais, bon...)

06/06/2025, 18:05