Drogulus

Gluttony

01/10/2022

Autoproduction

La gourmandise est un vilain défaut, mais aussi un péché capital. Ceci étant posé, doit-on condamner tout quidam se repaissant des restes encore fumants du cadavre Death scandinave des années 90 ? Evidemment non, puisqu’il fait preuve de goût, et sait pertinemment ce qui est bon pour lui et les autres. Personne ne s’est jamais vraiment remis de l’émergence de cette scène et de ses représentants les plus nobles. Les ENTOMBED, DISMEMBER, UNLEASHED et autres joyeusetés macabres, remises au goût du jour par le prolifique et boulimique Rogga Johansson dès qu’il a cinq minutes après avoir avalé sa pâte d’anchois, et qui ont durablement marqué les esprits, au point d’accoucher d’une trademark : le Swedish Death.

Dès qu’on écrit ces deux mots qui juxtaposés font trembler les échines, on visualise leurs caractéristiques et les dégâts qu’ils causent sur l’organisme. Cette fameuse pédale HM-2, ces riffs congelés, cette voix d’outre-tombe et ce rythme soutenu qui ont toujours fait la légende du froid, légende qui continue de faire fantasmer la jeune génération.    

De fait, le cas GLUTTONY en est un classique, formel, traditionaliste, et rétrograde au possible. Cette gourmandise qui dure depuis le début des années 2010 fête aujourd’hui son troisième gâteau de viscères, via un Drogulus totalement impitoyable. Quatuor démoniaque, GLUTTONY résulte de l’association de quatre musiciens avec foi(e) mais sans loi (Anders Härén - guitare et leader, John Henriksson - batterie, Max Bergman - basse et Magnus Ödling - chant, soit un line-up inchangé depuis le premier album), fascinés par leurs propres racines, et capables de faire se confronter les deux écoles suédoises : celle d’ENTOMBED et celle d’AT THE GATES.  

Mais attention, les ingrédients ne sont pas dosés de la même façon. Le passé le plus lointain l’emporte au niveau des proportions, et seul le chant de Magnus Ödling nous rappelle au bon souvenir du Néo-Death des mid-nineties. Mais le mélange de l’instrumental et des parties vocales permet de créer un décalage assez intéressant, et un crossover efficace, à défaut d’être original.

Car il est évident que pour la troisième fois en mode longue-durée, GLUTTONY a privilégié la puissance immédiate à la créativité sur le long terme. Ainsi, ce Drogulus flatte les plus bas et misanthropes instincts dès ses premières notes, mais ne risque pas de rester gravé à la postérité sur la durée. On y trouve tout ce qui a toujours fait le charme froid de cette mouvance suédoise, ces riffs macabres, cette rythmique mouvante en chien de fusil et ces lignes de chant voraces, mais l’appétit du quatuor est assez facile à contenter, avec des structures formelles en mises en bouche et des orientations évidentes en plat de résistance.

GLUTTONY pourrait dans l’absolu être un nouveau projet de l’intarissable Rogga Johansson. Ce qui en dit long sur son formalisme et son absence totale de prise de risques. On déguste ce Death de banc d’école avec plaisir, mais on reste sur sa faim, conscient que ces musiciens pourraient aller plus loin, mais préfèrent s’arrêter sur la case nostalgie par facilité. Et comme en sus, la production de l’objet en question donne le sentiment d’avoir bénéficié des bons soins des studios Sunlight, les convenances sautent aux yeux et la surprise reste aux abonnées absentes.

Pas désagréable, mais plus industriel qu’artisanal. En reproduisant  les recettes déjà usitées sur ses deux premiers albums, GLUTTONY fait preuve de timidité, et semble dépassé par les enjeux du festin que nous sommes en droit d’attendre de sa part. Certes, les quelques accélérations fulgurantes nous en donnent pour notre argent et nos cervicales, mais le propos généraliste et la composition standard empêchent de vraiment se satisfaire de cette offrande, d’une viande légèrement faisandée et sortie du congélateur un brin trop tard.

Mais si la facilité ne vous dérange pas, je vous invite à découvrir une œuvre qui mérite le détour, pour son parfum du passé et ses instincts froidement enragés. Il est difficile en étant honnête de résister à un morceau de l’efficacité de « Of Blasphemous Infinity », qui profite d’un décor reconstitué à la congère près, ou de nier le potentiel destructeur d’un lapidaire « Old in Wrath and Woe ».

Si la gourmandise est un vilain défaut, la fainéantise l’est aussi. En choisissant le pilotage automatique, les suédois de GLUTTONY se voient condamnés au purgatoire, pour cette faute grave consistant à se satisfaire du minimum pour impressionner et caresser dans le sens des poils.  

  

         

Titres de l’album :

01. The Pallid Mask

02. Feed off the Flesh

03. Legions of Eternal Death

04. Drogulus

05. Of Blasphemous Infinity

06. Old in Wrath and Woe

07. Under Rotting Portraits

08. Temples of Tsathoggua

09. Towers of Frost


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par mortne2001 le 16/05/2023 à 17:56
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