Nous y sommes, dimanche de Paques, les sales mômes sont tous dans leur jardin de pavillon de banlieue à chercher leur Kinder dans les jardinières, sous l’œil ému des parents. Y’a quand même des claques qui se perdent et des centres commerciaux qui font leur beurre. Moi, j’ai un jeu beaucoup plus amusant pour les mouflets. Les emmener dans un terrain vague, lieu de prédilection d’un tueur en série, pour retrouver des fémurs ou des phalanges, des tibias ou des vertèbres, en tout cas, rien en chocolat, parce que l’esprit n’y est pas. Tiens, d’ailleurs, allons donc ce matin fouiller dans le marigot d’une fosse commune pour y dénicher des ornements d’Halloween, en Espagne, du côté des Asturies. C’est là-bas que le duo CRUMMER s’est formé il y a un an, et après une poignée de morceaux avant-coureurs, le concept lâche enfin via Pathologically Explicit Recordings son premier long, animé des plus mauvaises intentions. Qui sont donc les deux malfrats se cachant derrière ce baptême au fait ? A gauche, Lalo, aka Gonzalo González, guitare, basse et claviers, membre de CATHEXIA et LEGACY OF BRUTALITY, et à droite, Abel Suárez, chant, actif au sein de CATHEXIA et REPLICA. Les deux hommes se connaissent donc bien pour avoir partagé nombre de répétitions et de concerts, et se sont donc concentrés sur un Death des plus nostalgiques pour marquer de leur empreinte cette année 2021.
Et l’osmose entre les deux brutes est effective dès les premières mesures de ce premier LP totalement impitoyable. Evoluant dans un registre multiple, les deux espagnols frappent vite et fort, unissent les méthodes américaine et suédoise, pour produire le Metal de la mort el plus efficient du marché. Et c’est après une courte intro très efficace que les choses sérieuses commencent, au rythme trépidant de « You are Dead ». Sans savoir si les deux espagnols s’adressent à Jésus ou à une pauvre victime passant là par hasard, on se laisse prendre au jeu d’une optique classique, mais jouée avec les tripes et un talent certain.
Son énorme, un peu froid dans les graves mais complètement bouillant dans les médiums, Deathwards bien que paru le 1er avril est tout sauf une blague, et une nouvelle entrée dans le dictionnaire de la vague vintage brutale de ces dix dernières années. La guitare de Gonzalo est épaisse come une entrecôte du dimanche, sa basse gronde mais se fond dans les parties de batterie, et le chant d’Abel Suárez, proche de Marc Grewe et John Tardy fait le reste du job en cimentant les plans de lignes nauséeuses, sadiques, et à la limite de l’apoplexie parfois, conférant à cet album une aura morbide dont il avait vraiment besoin. En résultent des morceaux salement efficaces, jouant avec le tempo pour nous faire le coup du lapin (de Pâques), lâchant quelques blasts sur fond de licks funèbres, pour racler les fonds de cuve du Death de tradition (et c’est un compliment, ne soyez pas dupe). Tout fonctionne au premier degré ici, la passion en premier lieu, et aussi surprenant que cela puisse paraître, CRUMMER fait jeu égal avec les cadors du genre en digressant avec pertinence, et en utilisant les stridences et les dissonances avec beaucoup d’intelligence (« Drowned in a Sea of Solitude », l’un des meilleurs bas-morceaux du lot).
Pas vraiment de surprise fondamentale, mais une percussion permanente, des allusions futées au répertoire classique, des écrasements qui tassent bien les vertèbres, et une façon de recycler pleine de flair. Il faut dire que la pression est maintenue tout du long, mais aussi que les riffs sont parmi les plus cruels de notre époque. Loin de se satisfaire d’une simple copie des OBITUARY, MORGOTH, SUFFOCATION et autres INCANTATION, les espagnols jouent leur carte, et la jouent bien, comme en témoigne un morceau lapidaire comme « Echoes Among the Tombstones », qui rappelle tout autant Stockholm que Tampa. Entre deux écoles, Deathwards ramasse les morceaux et compte les dents, et nous emporte dans un ballet ininterrompu de violence, évoluant d’un Heavy vraiment poisseux à un Death vraiment furieux.
En tant que fan hardcore du genre, je n’ai pas pu résister à cette ambiance délétère, et à ces chansons savamment structurées. Les plans s’enchaînent comme à la grande époque de CARCASS (légende anglaise à laquelle « The Chosen Ones » doit certainement être dédié), les interludes glauques sont placés juste là où il faut (« Deathwards into Unlight »), et le duo fait même preuve d’ambition post-mortem sur « Sacks of Bones », sac d’os retrouvé dans un fossé et contenant les restes de pas mal de victimes infortunées. C’est lourd, oppressant, grave comme un coup de pelle sur la tronche, et à peu près aussi gai qu’une mise en terre en décembre. Et de façon tout à fait humble, les CRUMMER tirent leur fémur du jeu en amoncelant des idées certes formelles, mais très efficaces, et toujours traitées d’un point de vue personnel. Monstrueux, « Iced Gardens of Remembrance » nous tasse la colonne vertébrale de ses riffs et à-coups à la BOLT THROWER, tandis que « Era of Obscurity » referme les portes de l’enfer dans un déluge de sons assourdissants.
Vous comprendrez donc assez facilement que je ne sois pas d’humeur à mater des marmots débiles en train de se pourlécher les babines d’un chocolat mal emballé et au goût faisandé. Je préfère personnellement le goût de la viande avariée, et l’odeur des cadavres anonymes abandonnés sur un chantier.
Titres de l’album:
01. Funerarium Ritual
02. You are Dead
03. The Silence of Death
04. Echoes Among the Tombstones
05. Drowned in a Sea of Solitude
06. The Chosen Ones
07. Deathwards into Unlight
08. Sacks of Bones
09. Iced Gardens of Remembrance
10. Era of Obscurity
Le troll DPD (quel beau nom !) en tête de gondole dans la fosse. Comment c'est possible ça genre de gus ?
11/07/2025, 13:36
Mdr y'en a qui ont un niveau de goûts musicaux digne de la fosse des Mariannes. JPP de lol quand je lis ça Tout est dit.
11/07/2025, 13:34
@Humungus : mdr. On s'est compris.@Buckdancer : oui j'imagine que tu as raison
11/07/2025, 13:32
Un troll sur metalnews.fr c'est comme un exibitioniste dans le désert, il peut arriver à capter l'attention de quelqu'un de temps en temps mais tu sens que niveau stratégie c'est pas optimal.
11/07/2025, 13:28
Le Hellfest n'est plus qu'un fest mainstreem comme tant d'autres et n'a plus rien à voir avec ses origines.Le nombre de blaireaux au M2 y est devenu affolant au point qu'il n'y a que ça.Pour ma part, je préfère aller dans les(...)
11/07/2025, 12:42
Deafheaven > Black Sabbath d'ailleurs, aucune hésitation. quelle chanson de Black Sabbath atteint le niveau d'intensité de Dream House ?
10/07/2025, 21:43
T'aimes ça hein le cuir et le metal salace, je préfère Patrick Sébastien, je le trouve moins pédé. Le petit bonhomme en mousse on s'en rappelle, ça c'est une chanson qu'on oublie pas, comme ce que te chantais ta maman..
10/07/2025, 21:36
@DPD : putain, cette merde de Chat Pile, de la noise bâtarde gay friendly qui pompe Godflesh et Korn. Et dans un autre post, tu parles de Deafheaven. Mais mec, arrête de donner des leçons et va donc faire une Bun Hay Mean.
10/07/2025, 21:20
Et ce qui s'est fait de marquant question death c'était le dernier Dead Congregation et le surprenant Reign Supreme de Dying Fetus. Et qu'on me parle pas de Blood Incantation tout est impeccable, il y a beaucoup de travail derrière, mais aucune symbiose entre les part(...)
10/07/2025, 15:17
L'underground est pas une qualité en lui-même, le dernier concert que j'ai vu t'avais les groupes qui enchaînent les plans thrash-death-black sans aucune cohérence, du sous Deathspell Omega (désolé mais dans le black dissonant tu seras toujou(...)
10/07/2025, 15:09
C'est à peu près le constat que nous sommes plusieurs à faire me semble-t-il, mais je mettrais tout de même Converge, The Dillinger Escape Plan ou Botch ailleurs que dans le metalcore. Mais pourquoi pas. ;-)@Jus de cadavre "Je crois qu'il faut acce(...)
10/07/2025, 14:34
@GPTQBCOVJe suis horrifié par l'idée de finir comme ça, voir Darkthrone se réduire aux lives jouant la fameuses trilogie pour payer les affaires courantes notamment des frais de santé, la social-démocratie m'en sauvera j'imagin(...)
10/07/2025, 14:16
Non mais même le metalcore t'avais la grande époque de Converge, Dillinger Escape Plan, Botch et compagnie...certains parleraient de hardcore chaotique mais bon. T'avais pas que de la musique lisse à refrain, ce n'est pas le diable que certains veulent peindre.&(...)
10/07/2025, 13:47
Si le Metalcore était à la mode il y a 20 ans, disons alors que (malheureusement) cela perdure car 1/4 des groupes jouant dans de gros et moyens fests ont un qualificatif se terminant par "core".
10/07/2025, 13:22
Cela m'espante toujours de voir des festivals complets (ou presque) un an à l'avance sans avoir annoncé aucune tête d'affiche.Le public est devenu très friand des gros festivals. Je pense évidemment à toute cette frange de festivalier(...)
10/07/2025, 12:23
Certains commentaires sont à côté de leur pompes, la grande mode du metalcore c'était il y a quoi ? 20 ans ? la bizarrerie c'est que pas mal de ces gens sont passés au black-metal pour une raison que j'ignore ce qui donne toute cette scene en -post(...)
10/07/2025, 12:04