Indie Recordings nous offre une petite friandise en amont du prochain Halloween, et autant dire que ce bonbon est du genre corsé et acide. Merci donc au label norvégien de garnir notre petit panier alors que nous ne sommes pas encore déguisés, nous évitant ainsi une tournée du voisinage pour dénicher la chaumière la plus généreuse en la matière.
Le bonbon en question est importé de la Suède voisine, pays qui depuis vingt ans pousse sa production au-delà du maximum pour envahir le monde de douceurs et autres snacks à déguster sur le pouce. Mais dans le cas des ERADIKATED, le produit est envisagé sur le long terme, et dans un créneau de marque de luxe. Et ce premier longue-durée, fait maison, fait certainement partie des gouts les plus fins de cette rentrée 2023.
Fait maison, puisque enregistré et produit par Ragnar Östberg, le guitariste du groupe dans son propre home-studio, le East Hill Audio. Et le musicien a bien travaillé, sans conteste possible puisque Descendants ressemble à une bombe prête à exploser au moindre faux mouvement, rappelant parfois le trajet sous haute tension du Salaire de la Peur de Clouzot.
Mais ici, pas de nitroglycérine dans le camion, pas de chemin de terre endommagé et bossu, juste une tension permanente qui appuie sur les nerfs comme une obsession tenace. Et pour cause, puisque le quatuor suédois (Elvin Landaeus Csizmadia – guitare/chant, Ragnar Östberg – guitare/chœurs, Erland Östberg – basse/chœurs et Calle Frogner Moberg – batterie) est présenté comme un groupe original et à l’identité propre, et volontairement détaché de la vague old-school qui se contente souvent de reprendre les astuces des grands pour les présenter aux plus petits.
Nonobstant cette volonté de s’éloigner de la masse, les influences de nos amis du jour transparaissent quand même au travers de ces compositions certes franches, mais encore référencées. On sent du SLAYER, du DEATH ANGEL, mais aussi du GAMA BOMB, pour un développé qui accepte les impératifs de son époque, fatiguée de voir que chaque semaine charrie son lot de plagiats et autre copies carbone.
Basé sur un concept de futur dystopien si cher aux artistes du vingt-et-unième siècle, Descendants est un album logique, pensé, composé avec fureur mais soin. Les compositions varient bien le rythme, et le chant hargneux d’Elvin Landaeus Csizmadia, ferme, permet d’accrocher l’oreille de l’auditeur pour ne plus relâcher son étreinte. Musicalement très carré et professionnel, ERADIKATED ne se permet pas grande fantaisie, mais joue avec les ambiances, taquinant le Heavy pour solidifier le Thrash, et inversement. Et si le gimmick « non-rétrograde » est somme toute assez galvaudé, autant accepter le fait que le quatuor suédois propose quelque chose de plus que ses concurrents directs.
Quelque chose de plus, certes, mais pas forcément quelque chose d’original. Si certains titres jouent avec les codes en s’appuyant sur une rythmique joueuse ou une succession de riffs heureux, la plupart se reposent sur des recettes éprouvées, entre modération solide et vélocité limpide. Maîtrisant parfaitement l’art séculaire de la syncope, ERADIKATED est le genre de groupe aux t-shirts bien repassés et au noir immaculé. Toute tâche est évitée par le port d’un tablier de sécurité, et si, de temps à autres, l’ombre du MESHUGGAH de début de carrière pointe le bout de ses mathématiques, le tout est emballé dans une équation assez simple à résoudre.
« Flames » excellent titre, permet de toucher du doigt la quintessence même de cette réalisation, entre médium pris à la bride et Speed/Thrash qui s’énerve poliment. Souvent ornés de soli tout à fait capables, les titres s’enchaînent dans une logique implacable, et l’album se déguste d’une traite, comme tout concept-album qui se respecte.
En jouant serré et sous un timing raisonnable, les suédois ont fait le bon choix, gardant leur fraicheur aux chansons qui bourgeonnent comme de l’acné sur le visage glabre d’un thrasheur de la nouvelle génération. « Unleash », très redondant et californien fait le job en intro, immédiatement suivi du très EXODUS « Flood ». Mais il faut attendre « Dead Heaven » pour que l’atmosphère devienne plus pesante et moins bon enfant, grâce à une intro habile qui cite Araya et les siens dans le texte.
Sans aller jusqu’à parler de révélation, il est tout à fait raisonnable de considérer ERADIKATED comme un solide espoir de la scène suédoise, un de plus. Avec ce premier album professionnel jusqu’à la moindre double-croche (« Bloodlike Red » qui rappelle un peu les légendaires pères fondateurs d’AGONY), le quatuor occupe une place qu’on imagine enviable pour un futur radieux. La maturation du talent permettra des figures moins classiques, et le deuxième album s’annonce sous d’excellents auspices.
A suivre de très près donc, puisque Indie Recordings n’est pas label à soutenir des groupes évidents juste pour le plaisir de grossir les chiffres de sa production mensuelle.
Titres de l’album:
01. Unleash
02. Flood
03. Drought
04. Descendants
05. Dead Heaven
06. Hazardous
07. Faced
08. Flames
09. Reckoning
10. Bloodlike Red
11. Coffin
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@Ivan : la scène metal est un ehpad géant, aucun intérêt de suivre de vieux grigous qui sucrent les fraises.
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