Mutation III – Dark Black

Mutation

30/06/2017

Undergroove Records

« C’est marrant ton truc…Mais pourquoi t’écoutes NAPALM et THE BERZERKER en même temps ? Ah non laisse tomber, c’est le dernier MORBID ANGEL ?? »

(Silence de mort. Face à la cuistrerie et le sarcasme, l’indifférence est la meilleure arme.)

Bon, après tout, en partant du principe que personne n’est omniscient, je ne peux guère en vouloir à ce quidam de jouer l’amalgame et l’ironie facile. Pourtant, je pourrais lui reprocher de n’être guère plus érudit musicalement qu’un fan lambda de Katy Perry perdu dans les limbes de l’underground. Mais honnêtement, existe-t-il encore des fans d’extrême qui ne connaissent pas MUTATION ?

Nous sommes d’accord. Mais jouons quand même les pédagogues au cas où.

Pour les néophytes, le projet est né du cerveau fécond mais un peu dérangé de Ginger, des WILDHEARTS, qui depuis quelques années multiplie les projets annexes, à la grande satisfaction des flingués Noisy en tous genres. Avec à ses côtés des figures de légende (et de sales hyperactifs par la même occasion) de la trempe de Shane « everywhere i can » Embury, Ginger a eu de quoi s’occuper niveau bruit et Indus ambiant, mais admettons quand même que le troisième volet des aventures de sa créature ignoblement bruitiste a des allures de symphonie de l’outrance, et de compétition de débauche orgiaque gagnée d’avance.

Pour l’occasion, Ginger s’est encore entouré de beau monde, à commencer par Scott Lee Andrews (EXIT INTERNATIONAL et JAW OF DEATH) qui a co-écrit l’album avec lui. Les deux se sont probablement entendus comme larrons en foire, et concédons que la leur attire les curieux à dix bornes à la ronde.

Mais accrochez votre ceinture sur la grande roue, car les deux associés ont convié de grosses légumes à la fête.

On retrouve au casting de ce Mutation III – Dark Black une pléiade de molosses, genre générique hollywoodien pour vous en mettre plein les oreilles. S’y disputent les tickets boisson Phil Campbell (MOTORHEAD), Jon Poole (CARDIACS), Givvi Flynn (THE DOWNING POOLE, THE WILDHEARTS) et cerise sur la tarte à la crème, l’intra-terrestre Devin Townsend (lui-même et plein d’autres trucs) qui passez-moi l’expression, ne sont pas venus jouer pour jouer au ballon.

Tous leurs featuring sont d’importance, mais soyons réaliste et admettons après écoute que la présence du père de Ziltoïd n’est pas due au hasard. Si l’expérience extrême n’est pas réservée à Devin et son jouet stratosphérique urbain STRAPPING YOUNG LAD, force est de reconnaître que les points communs reliant Mutation III – Dark Black au pavé d’intensité City forment une belle constellation en forme de barrage ininterrompu de supers nova en train d’agoniser.

Du bruit donc, pas mal de fureur, pour un LP qui se veut trait d’union entre le passé et l’avenir, et qui culmine à des hauteurs de violence qui donnent le vertige. Mais visiblement, c’est encore la tête pensante Ginger qui résume le mieux l’affaire.

« Je voulais combattre les problème mentaux de façon sonore ». C’est réussi.

Mais comme le concept global tourne autour de la dépression, la constatation suivante est aussi pertinente.

« C’est un gros nuage gris qui plane au-dessus de toi et qui obscurcit toutes tes pensées positives ».

Comme vous le constatez, l’heure n’est ni à la joie de vivre, ni au repli sur soi. Elle est plutôt focalisée sur une forme très pure de colère, celle qui mène éventuellement à une catharsis, à compter que l’on triomphe de sa Némésis. Et celle(s) de Mutation III – Dark Black, ce sont les ténèbres, intérieures, externes, mais surtout sensorielles. Et dans le genre thérapie par la douleur, ce troisième pamphlet se pose là.

Une grosse demi-heure pour une douzaine de tronçons stridents et assourdissants, c’est rapide, très, mais surtout, très intense. Si les deux premiers volumes du projet MUTATION valaient leur pesant de démons bruitistes s’extirpant de cerveaux malades, le troisième ressemble à un exorcisme version longue durée qui commence par un jet de bile verdâtre et qui se termine dans une apothéose de lévitation et de blasphèmes. En offrant une combinaison fatale entre ATARI TEENAGE RIOT, STRAPPING YOUNG LAD, MEATHOOK SEED et MORBID ANGEL (version mi Technoïde/Mi Death Metal), Ginger et Scott nous font tourner en bourrique autour des murs et du plafond d’une pièce sombre qui pourrait bien incarner leur propre psyché déviante et schizoïde.

Résultat, leurs hurlements et dissonances s’apparentent à un Reign In Blood Electro-Death-Indus-Noise pour accros à la méthamphétamine musicale qui rend malade et fait très mal.

Et si en plus, vous vous accordez autour d’une touche finale de MINISTRY vraiment mal dans sa peau blanchâtre (« Toxins (Caravan Tapes) », plus vrai que nature), alors vous admettrez comme moi que l’agonie des sens à vraiment du bon, même si on y laisse une grosse partie de son équilibre psychologique et nerveux.

En mettant de côté l’intro/avertissement « «… » », d’« Authenticity » à « Victim (Caravan Tapes) », le carnage est intégral, et nous donne des palpitations, comme lors d’une rave suburbaine qui tourne mal pour cause de came pas testée en laboratoire. L’attaque est frontale, ne connaît aucune faiblesse ni baisse de régime, et vous endommage de façon irréversible les tympans, histoire de vous rendre sourd en plus d’aveugle à toute forme d’espoir.

L’association entre Ginger et Scott Le Andrews tourne comme une usine de cauchemar, et relègue la concurrence Noisy à des années lumières Pop, un peu comme si un Devin en pleine crise de colère régressive se frittait avec le fantôme des SKINNY PUPPY venu frapper ses chaînes un peu trop près des haut-parleurs de son enfance.     

Et comme les morceaux ont été pensés en toute logique de continuité, l’opéra suit ses actes comme le patient sa thérapie, sans pour autant refuser toute forme de variation (« Devolution », qui ne doit rien à DEVO, mais qui pilonne bien lourd dans un créneau Death Indus à la MEATHOOK SEED vraiment distordu et malsain).  

Certains portent carrément bien leur nom (« Hate », ou l’anti hymne à l’amour revu et corrigé perfide Albion), et d’autres flirtent avec les barrières de la non musicalité la plus assumée (« Dogs », chien teigneux et enragé, qui alterne les aboiements technoïdes et les riffs en coups de pattes Rock sur fond de vaccin antirabique Noise Indus, blasts/jappements offerts par le vétérinaire).

       

(Silence de mort. Face à l’effronterie et le sadisme, la peur est la seule arme de défense)

MUTATION reste donc la créature hideuse que l’on a toujours connue, mais mute, comme affectée par un virus T dans un Raccoon City de l’absurde, ravagé par des guerres intestines. Et Mutation III – Dark Black est la bande son de ses dérives nocturnes à la recherche de victimes potentielles, encore assez inconscientes pour se plonger dans le noir le plus total.

Un disque/humanoïde passé dans le programme Némésis, et jeté hors d’un asile de fous surpeuplé. Engendré par la peur et qui par extension, la suscite. Merci Ginger et Scott de nous ramener à votre réalité. Bruyante, assommante, mais tellement proche de la nôtre.


Titres de l'album:

  1. "..."
  2. Authenticity
  3. Toxins
  4. Devolution
  5. Irritant
  6. Skint
  7. Hate
  8. Victim
  9. Dogs
  10. Deterioration
  11. Toxins (Caravan Tapes)
  12. Victim (Caravan Tapes)

Facebook officiel


par mortne2001 le 20/07/2017 à 18:16
88 %    1306

Commentaires (1) | Ajouter un commentaire


Noohmsul
membre enregistré
20/07/2017, 20:19:18
Et bien moi je ne connaissais pas Mutation ! Je suis en train d'écouter quelques morceaux sur youtube, et c'est, disons... déroutant. Je ne sais pas quoi en penser, mais je vais réécouter plus en détail.

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Walls of Jericho + Get Real

RBD 02/07/2025

Live Report

Voyage au centre de la scène : PARADISE LOST

Jus de cadavre 15/06/2025

Vidéos

Aluk Todolo + Spirit Possession

RBD 10/06/2025

Live Report

SWR Barroselas Metalfest 2025

Mold_Putrefaction 08/06/2025

Live Report

Anthems Of-Steel VII

Simony 30/05/2025

Live Report

Clinic LI-SA X et Paul GILBERT

mortne2001 29/05/2025

Live Report

The Sisters of Mercy + Divine Shade

RBD 21/05/2025

Live Report

Great Falls + Kollapse

RBD 04/05/2025

Live Report

Chaulnes MÉTAL-FEST 2025

Simony 27/04/2025

Live Report

Star Rider/Blaze Bayley

mortne2001 24/04/2025

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
DL100

Merci à Clawfinger pour ce grand moment de transgression validée par l’ordre moral dominant. C’est rassurant de voir que la “rébellion” moderne consiste à tirer sur une cible usée jusqu’à la corde, avec des punchlines dignes (...)

04/07/2025, 07:16

Ivan Grozny

Il tourne pas mal chez moi ce disque, et c'était un vrai plaisir de revoir le groupe live récemment après les avoir un peu mis de côté. Un autre concert en tête d'affiche ne serait pas de refus !

03/07/2025, 16:57

Ivan Grozny

Morceau décevant et sans surprise. La présence de Chris Kontos dans le groupe y fait pour beaucoup dans mon intérêt pour ce retour,  mais pour le moment bof.

03/07/2025, 16:47

Jus de cadavre

Je n'ai jamais aimé ce groupe, mais j'étais passé devant durant un Hellfest et en effet c'était juste insupportable toutes ces harangues (littéralement toutes les 10 secondes). Moi je m'en beurre la raie, mais pour les fans ça doit &ec(...)

03/07/2025, 12:55

Buck Dancer

Toujours aussi léger !!! 

03/07/2025, 03:25

Simony

Clairement ! Trop de blabla et de remplissage.

02/07/2025, 18:56

Jeff48

Vu à Toulouse et je n'ai pas du tout accroché,  pourtant vu 2 ou 3 fois depuis 2005. Et j'avais bien aimé. Rien ne surnage, ça bastonne mais pour moi aucuns titres ne sort du lot.Par contre j'ai adoré Slapshot

02/07/2025, 16:01

Jourdain R.

Votre article sur le kintsugi est un véritable hommage à l’art de reconnaître la beauté dans la fragilité et les cicatrices : mentionner son origine au XVe siècle et sa philosophie wabi‑sabi renforce(...)

02/07/2025, 15:38

vomi d\'anus

@Abrioche91 : la canicule t'a trop tapé sur la tête, mon pauvre vieux. Parce que se faire à répondre aux trolls, je n'avais plus vu ça depuis VS.

02/07/2025, 12:25

Benstard

La blague. 

02/07/2025, 10:20

Arioch91

@Ultra Pute, t'es bien limité comme garçon. Et tu dois sacrément bien te faire chier pour venir commenter connement ce que les autres écrivent.Moi aussi, j'aime bien les commentaires gratuits (la preuve) mais je suis surtout là pour commenter l&(...)

02/07/2025, 08:50

Ultra Pute

@senior boomerdo : va changer ta couche, grand-père

01/07/2025, 20:38

Ultra Pute

ok boomer

01/07/2025, 20:36

LeMoustre

Pas trop mal dans l'idée.Vocalement on s'y tromperait aussi.A voir sur tout l'album, le précédent, mis à part l'opener, m'avait bien déçu 

01/07/2025, 15:38

senior canardo

ça tartine ! bien cool cool cette grosse basse @niquetoncul oui ça doit te changer de Jinjer   

01/07/2025, 14:19

Buck Dancer

Prost. Celtic Prost.

01/07/2025, 03:16

Gargan

Quand tes parents écoutaient Bal Sagoth et Demilich   

30/06/2025, 20:17

Nique ton cul

Tiens, le retour du papy boomer! Normal, quand du thrash de croulant, il sort de l'ehpad. Et si c'est pas signé, c'est que c'est nul à chier, pépé!

30/06/2025, 19:47

LeMoustre

Toujours aussi bon.Pas de label ?

30/06/2025, 14:35

Ivan Grozny

Si seulement Spiros pouvait arrêter d'haranguer le public toutes les 30 secondes avec ses "come on my friends", les lives de Septicflesh y gagneraient beaucoup.

30/06/2025, 11:36