Covenant of Death

Vånda

02/04/2021

Autoproduction

Ça y est, Pâques est terminé, dimanche et lundi. Nous pouvons donc reprendre nos activités blasphématoires, et abandonner STRYPER et BARREN CROSS pour des groupes plus en phase avec nos idées noires. Et quoi de plus blasphématoire qu’un groupe de BM suédois, qui joue qui plus est avec les codes du genre pour le rapprocher d’un crossover global, au dépend de l’éthique. VÅNDA, qui signifie « agonie » en suédois, est donc le genre de combo qui ne se contente pas d’un déguisement d’Halloween pour faire peur aux fans de Melodic Rock, et qui puise dans l’underground l’essence même de son art. Fondé en 2017 à Kramfors/Sundsvall, ce quintet a d’abord sorti une démo pour tâter le terrain (The Devouring Darkness, 2018), avant de prendre trois années pour préparer son premier longue durée, totalement autoproduit, et qui révèle le visage grimaçant d’une formation excentrée, et fière de l’être.

              

Covenant of Death est donc, comme vous l’aurez compris, une affaire plus complexe qu’un simple Black Metal de base. D’ailleurs, en l’écoutant, je pensais le classer dans une catégorie bien différente, les influences D-Beat, Thrash, Death étant plus nombreuses que les allusions aux forêts envahies de personnages blafards. Admettons alors que le débat va plus loin d’une pluie de blasts sur fond de riffs classiques. VÅNDA pourrait donc incarner la première ligne d’un métissage intéressant, de ceux qui obligent le genre à ôter ses ornières et à regarder de tous les côtés pour se défendre. De fait, l’album risque de déplaire aux puristes qui s’attendent de la part de musiciens suédois à un traditionalisme de rigueur, eu égard à leur héritage lourd à porter. Mais qu’importent les puristes, puisque le groupe ne s’est jamais adressé à eux, et ce premier album a tout d’une boîte de Pandore qui une fois ouverte, révèle ses trésors, mais lâche aussi ses forces démoniaques et séduisantes.

Je n’ai trouvé que peu d’informations sur la toile pour vous en dire plus sur ces inconnus. Je peux à la rigueur vous communiquer un line-up (P. Lundgren - basse, E. Wiklund - batterie, P. Sjölander & M. Holmbom - guitares, et C. Runsvik - chant), et vous enjoindre à les découvrir par vous-mêmes en lançant la première piste « Light the Fire », qui effectivement allume le brasier sans hésiter. Seconde plus longue composition de Covenant of Death, cette entame à l’intro grandiloquente et classique pose les bases de la philosophie, embrasse sa grandeur et ses ambitions, et développe des arguments de variation, pour que l’auditeur ne soit pas perdu par la suite. Les guitares, au départ assez formelles dans ce tourbillon mélodique usuel, finissant par adopter des postures héritées d’un Thrash/Death vraiment abrupt, et si l’ambiance se rapproche en effet de ce que le BM pouvait proposer de plus malsain dans les années 90 (en repiquant les idées d’HELLHAMMER, cela va de soi), les structures et développements refusent la facilité d’une agression constante, et se situent en convergence d’un Death sombre et d’un réflexe Punk assez étonnant.

Tout est formidablement bien en place, et le chant lointain de C. Runsvik est absolument parfait. Le parti-pris catchy de certains licks permet de s’accrocher à des gimmicks tout sauf faciles, alors que le groupe ne perd pas de vue le nihilisme artistique de l’entreprise. Toutefois, lorsque le tempo accélère et que les riffs partent en saccade, le spectre d’un Thrash diffus plane sur les titres, ce qui ne fait que renforcer leur singularité. Et non, nous ne parlons pas ici d’un vulgaire Blackened Thrash à la sud-américaine, mais bien d’un BM suédois adapté aux exigences d’instrumentistes et de compositeur plus fins que la moyenne.   

La puissance est là, les allers retours dans le passé aussi, et si le quintet se bloque souvent sur le même nombre de BPM, le duo de guitares sait trouver l’approche pour différencier les climats. « Violence and Mayhem » rappelle un jeune BATHORY plus discipliné et technique, avant de partir en vrille dans une bestialité froide, alors que « Omnis Hypocrita » joue la brutalité la plus clinique, atténuée d’accès de calme Heavy du plus bel effet. Le tout suit donc son cours, sans incident majeur, mais avec une puissance à décorner ABBA. Loin de l’avant-garde, mais à distance respectable de la meute, les VÅNDA changent souvent de camp, s’affiliant à la lancinance d’un BM vraiment appuyé et véhément (« Brinnande Hat »), avant de dévier vers un développement mélodique à la DISSECTION en mode très simplifié (« World Reborn »).

Le but étant sans doute de sonner aussi efficace qu’original, sans sombrer dans l’expérimentation. L’opération est donc réussie, tous les ingrédients étant parfaitement dosés, y compris cette énorme basse claquante et roulante, phénomène asse rare dans le BM qui la noie fréquemment dans le mix avec la grosse caisse.

Et entre les charges les plus pesantes et éprouvantes (« Non Serviam », plus MARDUK qu’ADX), les interludes Ambient délicats (« II »), et cet épilogue emphatique qui résume à merveille tout ce qui a précédé (« Goddess of Death », et son riff d’intro redondant qui pourrait remporter la palme du riff Thrash de l’année, un comble), Covenant of Death intrigue jusqu’au bout, mais permet aussi de relâcher sa pression intérieure. Travail très intéressant produit par les suédois, qui ont refusé la linéarité du BM pour lui faire adopter des formes moins tranchantes et des climats moins figés. VÅNDA signe donc l’un des meilleurs albums de Black Metal qui n’en soit pas, et se positionne sur l’échiquier de l’histoire de l’extrême suédois avec beaucoup de malice.  

  

                                                                                                                                                                                                        

Titres de l’album:

01. Light the Fire

02. Violence and Mayhem

03. Omnis Hypocrita

04. Brinnande Hat

05. World Reborn

06. Non Serviam

07. II

08. Goddess of Death


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par mortne2001 le 19/11/2021 à 14:38
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