Murder Of Crows

Nuclear

13/11/2020

Black Lodge Records

L’Amérique du sud a toujours traité le Thrash différemment, plus violemment, et osons le terme, assez proche d’un Black Metal balbutiant, mais déjà ferme de sa méchanceté. Sans faire encore une fois référence aux plus bestiaux représentants brésiliens, il faut admettre que le continent et ses pays phares (Brésil, Colombie, Pérou et Chili) a une façon très particulière de distiller la violence, refusant de la diluer dans l’eau pour la rendre moins forte en oreilles. Et une fois encore, alors que nous atteignons les frontières du Chili, cette philosophie se vérifie avec le cinquième longue-durée des nationaux de NUCLEAR. Fondé en 2003, le collectif a d’abord connu une première partie de carrière dans les nineties sous la bannière ESCORIA, avant d’aborder le nouveau siècle sous son patronyme définitif. C’est donc à des musiciens rodés et expérimentés que nous faisons face, et qui depuis leurs débuts défendent une certaine idée de la brutalité musicale, jouant avec la frontière séparant le Thrash et le Death pour livrer une performance haute en violence et forte en décibels. Et après quatre longue-durée assez respectés dans l’underground, dont le dernier remonte quand même à 2015 (Formula for Anarchy), les NUCLEAR ont décidé de passer la vitesse supérieure, en mixant toutes leurs influences pour nous proposer un cocktail méchamment corsé, à base de Thrash typiquement 80’s, de Death des glorieuses nineties, et de Groove Metal estampillé 2K. En résulte une boucherie tout sauf artisanale, mais pas encore industrielle, qui ne rechigne pas à utiliser les codes anciens du Doom pour mieux imposer la vélocité comme mode d’expression.

Articulé en quintet (Matías Leonicio - chant, Sebastián Puente & Francisco Haussmann - guitares, Eugenio Sudy - batterie et Roberto Barría - basse), NUCLEAR nous propose donc une synthèse très en phase avec son époque, de façon double. D’une part, en respectant les dogmes du Thrash classique, d’autre part, en le teintant d’une optique plus moderne en termes de production et d’arrangements. Entre des plans à faire rougir Gary Holt et les siens, et des breaks à rendre fous les LAMB OF GOD et MACHINE HEAD, Murder Of Crows tourne méchamment rond, et certainement plus rapidement que les classiques trente-trois tours minute. Doté d’une production anonyme par l’absence de nom mais performante dans les faits, ce nouvel album d’une durée raisonnable de quarante minutes représente la quintessence de l’art Thrash moderne, celui qui sait revisiter ses classiques et les transposer dans un idiome moderne, sans en trahir la pureté. Et c’est après une intro aux volutes hispanisantes que les choses sérieuses commencent, avec un morceau d’entame éponyme qui se propose d’étaler tous les arguments les plus probants. Guitares épaisses, rythmique grave et rebondissante, chant rauque et légèrement Core, l’agression est effective, mais la malice aussi. Jonglant entre les tendances, les chiliens déroulent les riffs les plus pertinents, pour nous offrir une construction en gigogne se terminant dans la violence la plus fluide.

Loin des relectures les plus formalistes de leurs concurrents, les cinq musiciens rivalisent de talent pour transformer des idées passéistes en trouvailles up in time, et j’en veux pour preuve irréfutable le très malin et dense « Abusados », qui durant cinq minutes fait le tri et ne garde que les positions les plus fermes, entre licks à la SLAYER, accélérations à la SEPULTURA, et cruauté à la DEMOLITION HAMMER, pour un tour de piste redoutable, et aussi complexe qu’il n’est direct. Les breaks sont précis, Sebastián Puente et Francisco Haussmann terriblement inspirés, et la gravité d’ensemble ne nous noie pas dans les affres du désespoir, mais nous donne justement l’énergie pour lutter contre un système créatif corrompu et entièrement dédié à la paraphrase la plus lénifiante.

Alternant les humeurs et insistant sur les vices, Murder Of Crows se partage entre longs morceaux progressifs et saillies cruelles et immédiates, valsant entre le lapidaire « Friendly Sociopath » que les VIO-LENCE auraient pu faire leur, et le plus fourbe final « Useless to Mankind », qui garde la pression pendant cinq minutes avant de fondre sa bestialité dans une outro acoustique faisant le lien avec l’intro de la même délicatesse. Belle façon de prouver que leurs théories sont valides, et que leurs arguments bouclent la boucle sans insister sur leur pertinence, et on ressort de l’écoute de cet album grandi, et conforté dans ses opinions, sachant pertinemment que confié entre les bonnes mains, le Thrash a encore pas mal de choses à hurler. Mais avant d’en arriver à cette conclusion, il aura fallu encaisser des coups d’une portée rude, des uppercuts de la trempe de « Misery Inc. » qui vous en colle une bonne, des bourrasques faisant voler les perruques dans un ciel d’orage (« Hatetrend », la haine à l’état pur), mais aussi des insistances plus Heavy et dissonantes qui démontrent que le quintet en a sous le coude, et n’est pas encore prêt à photocopier les partitions de ses influences à la note près.

Assez mûrs après quatre albums pleins pour jauger des envies de sa fanbase, NUCLEAR semble s’ingénier à mériter son nom à chaque intervention, et laisse ses réacteurs chauffer aux maximum sans risquer la rupture. Et une fournaise comme « Facing Towards You » réconcilie SLAYER et DEMOLITION HAMMER, les deux références se mettant à la colle pour réduire la concurrence en un tas de cendres. Licks tournoyant à la sud-américaine, accélérations en blasts dantesques, soli transpiré dans une étuve, l’atmosphère est chaude bouillante, et le résultat sans appel : Murder Of Crows est une tuerie de masse en précision, qu’on se repasse en espérant devenir le sniper le plus précis de la profession.

Signés sur le label scandinave Black Lodge Records, les chiliens de NUCLEAR ont parfaitement négocié ce virage délicat de leur carrière, et s’ouvrent grand les portes du leadership sud-américain. Et si vous souhaitez sevrer vos oreilles avec un traitement aussi traditionnel que moderne, ce cinquième LP sera le traitement idéal. Et en plus, aucune posologie à respecter : vous pouvez vous l’avaler comme bon vous semble.                     


   

Titres de l’album:

01. Pitchblack

02. Murder of Crows

03. No Light After All

04. When Water Thickens Blood

05. Friendly Sociopath

06. Abusados

07. Misery Inc.

08. Facing Towards You

09. Hatetrend

10. Blood to Spare

11. Useless to Mankind


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par mortne2001 le 21/09/2021 à 14:31
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Benstard

Incroyable un groupe qui s'attaque à faire une reprise de Dead Congrégation !!! Je me languis d'écouter ça . Faut pas se louper la ahah.

31/05/2025, 21:53

Simony

Ah ah ce message d'au revoir est magnifique"Je dois y aller maintenant… chercher un boulot et jouer à Roblox avec mon fils…"

31/05/2025, 09:12

mortne2001

@Gargan exact, oubli impardonnable...Mais que veux-tu, je suis une vieille baderne qui pense que DEEP PURPLE est de la musique de jeunes et que tout est pourri depuis la mort de Roy Orbison. Mais totalement d'accord pour "Whiter Shade of Pale", quel feeling....

30/05/2025, 09:39

Salmigondis

C'est toi qui deicide, mec.   

30/05/2025, 06:15

Gargan

Tu presses lecture, retour immédiat 35 ans en arrière ! 

29/05/2025, 22:47

Gargan

Bah tu as oublié la reprise finale de dragon ball par Lisa, question de génération hehe. Je ne connaissais pas tant que ça Paul Gilbert (un peu Mr Big et Racer X, mais pas plus), super bonhomme et musicien incroyable. Enorme panard sur la reprise de Procol Harum.

29/05/2025, 22:28

Rodimus

Excellent !!

27/05/2025, 13:11

Ivan Grozny

Cool qu'ils aient signé chez Osmose !

27/05/2025, 12:19

Humungus

J'avoue avoir délibérément censuré cette information de premier choix... ... ...

26/05/2025, 07:32

Oliv

Et Avatar lol 

25/05/2025, 20:35

Humungus

Et accompagné de PANTERA !!! !!! !!!

25/05/2025, 07:32

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21/05/2025, 16:13