Sous cette splendide pochette genre Serial Mum de John Waters revu et corrigé par un graphiste maniaque des pin-up et d’Angelina Jolie, se cache l’album Thrash/Crossover de ce pas si joli mois de mai. Et qu’à cela ne tienne, il ne nous vient ni des Etats-Unis, ni d’Allemagne, ni de Colombie, mais bien du Brésil, terre fertile en décibels et autres exactions bruitistes. Du Crossover d’accord, mais qui penche légèrement du côté Hardcore où il risque de slammer, puisque le son des ESKRÖTA est clairement ancré dans le Punk. Formé en 2017, ce trio ne prend donc pas de gants et revendique fièrement ses influences, et fait montre d’un appétit féroce sans se vautrer dans la vélocité et les arrangements faciles et ludiques du Crossover de tradition. Très colérique, ce premier pamphlet fait donc la part belle aux riffs hargneux, aux lignes vocales belliqueuses et subtilement Death, mais aussi aux chœurs revanchards qu’on imagine bien entonnés la bave aux lèvres. Constitué de trois amis/musiciens, ESKRÖTA est donc l’association d’un batteur (Jhon França, qu’on retrouve aussi à divers postes dans BLASTHRASH et CERBERUS ATTACK), d’une bassiste (Tamy Leopoldo, aussi dans ABORN) et d’une grogneuse/riffeuse (Ya Exodus, membre de KULTIST), qui une fois réunis font autant de barouf que les RATOS DE PORAO multipliés par les SEPULTURA époque Thrash, ce qui vous en dit plus long que bien des discours. Cenas Brutais et sa superbe pochette n’est toutefois pas le premier effort de la bande, qui s’est déjà autorisé un EP (Eticamente Questionável en 2018) et un split avec les collègues d’AFRONTA (Ultriz, l’année dernière), mais il représente la première accroche professionnelle d’un groupe qui a la rage et qui entend bien le montrer au monde entier.
Dans les faits, les ESKRÖTA jouent effectivement du Crossover, mais à la mode sud-américaine. Inutile donc d’attendre les traditionnels plans Mosh et autres cassures fluides, puisque leur approche est bien plus radicale. Je le disais plus en amont, les trois acolytes aiment le brutal et ne font aucune concession, rappelant le début du glissement de la scène Hardcore vers quelque chose de beaucoup plus Metal. On sent l’influence des groupes nationaux de la fin des années 80, mais la bestialité outrancière si chère à leur pays leur est toutefois inconnue. Leur Metal est certes véloce et sombre, mais il ne verse jamais dans la débauche, même si quelques morceaux font méchamment grimper la température et le tempo (« Condenados », Thrashcore, mais construit). Avec onze morceaux dans la besace pour moins d’une demi-heure au compteur, les originaires de São Paulo gardent la concision sous le coude, et avancent tête baissée pour nous rentrer dans le lard, attitude franche et constatable via la calotte « Grita » qui vous attend en début d’effort. La bête et les deux belles ne sont donc pas là pour rigoler, mais bien pour thrasher et crossoverer, misant tout sur des riffs simples et amples, des saccades évidentes, et des refrains aux chœurs guerriers et aux nappes vocales démultipliées. Ce qu’on retient de ce premier LP, c’est son énergie brute, sa férocité, mais aussi son enthousiasme sans bornes, qui nous emporte dès les premières mesures. Les instrumentistes se savent compétents mais pas historiques, et exploitent donc leurs capacités dans la limite du raisonnable, se reposant sur une efficacité de composition vraiment notable.
En restant honnête, on avouera que pas mal de titres respectent des structures similaires, que les riffs ne sont pas tous mémorisables mais plutôt volontairement rapides, dans la plus grande tradition du Hardcore le plus échevelé, que les breaks sont parfois un peu téléphonés, mais l’ambiance générale le confinant à la folie, on accepte cette linéarité en évaluant l’album dans sa globalité, et non dans le détail. Il faut dire que dans son rôle prépondérant de guitariste/hurleuse, Ya Exodus est méchamment convaincante, poussant des cris de damnée jusqu’à s’époumoner, et relançant l’attention à chaque baisse de régime. La section rythmique, sinon inventive est efficace, et fait ce qu’elle peut avec un beat qui ne varie que très peu, bloqué sur des accélérations répétitives, mais avec une telle frontwoman aux commandes, inutile d’en faire trop. Reconnaissons que le timing rend service à l’album, en le stoppant juste avant que l’agacement ne se manifeste, mais avec des tranches de vie aussi démentes que « Follow the Money », « Cárcere » ou « Não Vale Nada », inutile de faire la fine bouche, puisque le but du jeu est bien de headbanguer et de se trémousser. Mais le trio se montre aussi convaincant dans des formats moins évidents, et « Tribunal Popular » de faire montre de qualités Heavy, en tant que seul morceau à passer la barre des trois minutes. Inutile dès lors de formuler des reproches à un groupe dont la seule ambition est de se faire plaisir en nous faisant plaisir, puisque le but est facilement atteint. Et lorsque la voix de Ya se veut plus sournoise et vicieuse, le plaisir justement est total, et « Refugees » d’oser des figures moins imposées et plus Thrash.
Voilà donc de quoi vous occuper si vous manquez d’activités, et si le contenu de Cenas Brutais n’est pas totalement à la hauteur de sa pochette, il n’en reste pas moins un beau témoignage de la scène Crossover brésilienne, totalement à part du reste du monde.
Titres de l’album :
01. Grita
02. Tribunal Popular
03. Vai se Arrepender
04. Cárcere
05. Cruzamento Maldito
06. Condenados
07. Não Vale Nada
08. Massacre
09. Follow the Money
10. Refugees
11. Filha do Satanas
effectivement bien black speed thrash crade ! la bonne recette lol merci pour la decouverte
31/07/2025, 18:02
J'étais pour ma part présent le samedi...J'emmène ma gamine de 9 piges à un "gros" concert chaque année et ce depuis 3 ans, donc c'était forcément une obligation pour moi en 2025 que de lui faire enfin voir la b&ecir(...)
30/07/2025, 09:58
Je t'en prie @Simony et merci à toi pour ce live report car j'étais curieux de l'avis de quelqu&ap(...)
30/07/2025, 00:27
Ah pardon, je n'ai pas entendu ces mots là, effectivement ça change l'interprétation de ce qu'il a voulu dire.... sacré Bruce. Le "pour être exact" c'était plus pour moi, pas pour toi @Ivan Grozny
29/07/2025, 21:49
Sympa la vidéo ! Ça m'a donné envie de refaire l'intégrale de leur discographie, et de découvrir les quelques albums non écoutés, et sans doute d'aller à leur prochain concert.
29/07/2025, 15:03
Comment ça pour être exact, j'étais là aussi hein. Il a bien dit "méchante femme" : https://www.youtube.com/watch?v=Itx3Rw11p0I ;-)
29/07/2025, 14:58
@Orphan : Le premier soir, j'étais en fosse, légèrement sur la droite assez proche de la scène, le son était très brouillon en effet (du coup je me demande si les décalages que j'ai entendu pour Dave Murray pourrait revenir de la sonorisa(...)
29/07/2025, 13:35
La salle n'était pas adaptée ! La fosse est trop grande et pas remplie !Du coup les écrans étaient trop petits !Et le son vraiment pourri !Du coup même quand Bruce parlait au public on ne comprenais rien ..
29/07/2025, 12:59
Bon live report.Toutefois j'ai une question, qu'avez vous pensé du son ? Personnellement hormis la voix de Bruce et certains solo, je l'ai trouvé particulièrement brouillon.J'était placé à droite, places assis(...)
29/07/2025, 09:37
Groupe que j'ai découvert (tardivement) avec Eve, déjà excellent, et les deux ep "of salt" qui tournent régulièrement. Encore une réussite j'ai l'impression, mais à voir si ça dure dans le temps..
29/07/2025, 08:24
Pas mal d'informations erronées dans ce live report, mais c'est sympa de lire des propos construits :)Je publierai mon live report dans un zine, Hard Rock à Mort ! qui devrait voir le jour d'ici la fin d'année ;)
28/07/2025, 19:59
Ceci dit pour Metallica je reconnais qu'ils cherchent à pousser d'autres groupes en première partie, alors que l'évidence aurait été de prendre du thrash.
28/07/2025, 17:54
Tu ne vas pas me faire écouter Iron Maiden. Mon truc c'est l'extrême, je peux avoir une certaine sympathie pour la technicité et le bricolage mais ça s'arrête là, il faut qu'ils s'arrêtent. Ces groupes parasitent les fes(...)
28/07/2025, 17:48
Il me semble que la setlist est la même sur toutes les dates de cette tournée un peu particulière, il s'agit sans doute de marquer l'événement (et pour cela No prayer for the dying n'a clairement pas sa place selon moi dans une telle collection de (...)
28/07/2025, 16:13
Tous les retours que j'ai lus de ces concerts étaient trop dithyrambiques pour être fidèles, merci d'apporter un récit un peu plus poussé. Les quelques critiques étayent d'autant mieux, en fin de compte, l'impression très positiv(...)
28/07/2025, 13:48