Depuis quelques années, le cinéma nous propose de nouveau des histoires prospectives, des aventures temporelles parfois naïves, mais de temps en temps suffisamment pertinentes pour qu’on se pose les bonnes questions.
Je pourrais citer aléatoirement le très bon Time Lapse, le juvénile Project Almanach, ou le tortueux Predestination. En remontant plus loin, nous avions aussi eu droit au minimaliste Primer, au déroutant mais essentiel Looper, et au terrifiant et émouvant Enter Nowhere. Mais tous envisageaient le concept sous le même angle. Le temps n’est qu’une boucle, qui se répète à l’infini, comme l’histoire ou les histoires qui en découlent, et parfois, il arrive que ses bords se touchent pour répéter ad vitam aeternam un évènement jusqu’à vous rendre fou, ou conscient de votre propre nature.
C’est plus ou moins l’axe de narration musical et thématique choisi par les Hollandais de THE BLACK FALL qui avec leur premier album (quoique je n’en sache rien…) s’amusent à faire se fondre les époques et styles les uns dans les autres, pour finalement créer une réalité alternative diablement intéressante d’un point de vue artistique.
Difficile toutefois de trouver des renseignements sur eux sans piocher dans leur page Facebook assez sommaire. Il semblerait que les informations les concernant se soient perdues dans un vortex ou une faille espace-temps, ce qui nous oblige à nous contenter du minimum…Les THE BLACK FALL évoluent donc en quatuor (Stefan – guitare/chant, Wouter – guitare, Luuk – basse/chant et Tiemen – batterie), sont nés aux alentours de 2013, et se revendiquent d’influences assez évidentes dans leur créneau, de PORCUPINE TREE à PINK FLOYD, en passant par PINEAPPLE THIEF, OPETH, Steven WILSON, pour les plus évidents, mais aussi de MESHUGGAH, TOOL, MASTODON, KARNIVOOL et GOJIRA pour les plus capillotractés et brutaux.
Mais au final, et après écoute de The Time Traveler, je pense que ces références ne sont ni citées au hasard ni usurpées, même si l’ombre de GOJIRA ou MASTODON ne couvre pas vraiment la lumière de leurs choix de composition…
Il n’empêche…Dans le créneau surchargé et hautement redondant du Rock/Metal progressif, les quatre bataves s’en tirent largement avec les honneurs, en refusant les facilités inhérentes à la pratique. Même si leurs morceaux sont évidemment d’une certaine façon placés sous l’égide des PORCUPINE TREE et autres Steven Wilson, les figures imposées inévitables, même si certaines parties fleurent bon le Metal progressif moderne découlant des origines contemporaines des 90’s, les quatre musiciens ont suffisamment de répondant pour ne pas tomber dans le piège des citations trop révérencieuses.
Alors oui, THE BLACK FALL sur The Time Traveler se la joue progressif, mais surtout Rock et Metal avant tout, avec parfois quelques inflexions Pop, et ne se contente pas d’aligner les plans gratuits et téléphonés pendant vingt minutes, histoire de remplir le cahier des charges.
Pourtant au jugé, quatre morceaux pour plus de quarante minutes de musique, c’est une indication qui peut rebuter les plus modérés d’entre vous. Mais je vous assure que ces trois-quarts d’heure passés en compagnie des Hollandais sont agréables, variés, et se dispensent dans l’espace vital comme un rêve éveillé dont on n’a pas forcément envie de s’extirper.
Pourquoi ? Parce que ces quatre-là s’y entendent pour développer des ambiances variées, tenant autant du progressif des 70’s pour la variété d’inspiration, que du Néo évolutif des 2000’s, qui n’hésitait pas à durcir le ton pour afficher clairement son affiliation Metal.
D’ailleurs, chaque titre est une déclaration en soi, l’affirmation du postulat pré cité, et même si deux d’entre eux dépassent la barre du quart d’heure, on ne sent jamais l’essoufflement pointer le bout de sa gamme.
La preuve, lorsque l’album fut terminé, j’avais le sentiment que quelques minutes seulement s’étaient écoulées, ce qui valide ce concept de « voyage dans le temps » et de relativité restreinte si chère à Albert.
Alors oui, PORCUPINE TREE reste l’influence la plus criante, et si la patte de MESHUGGAH n’est pas vraiment posée sur le sol mouvant de ce premier album, le Metal puissant et racé y a quand même droit de cité. D’ailleurs, un morceau comme le bref « Modern Day Slave » se permet de synthétiser tout ça en à peine trois cent secondes, tout en étalant des mélodies cristallines.
DREAM THEATER évidemment pour ces progressions rythmiques presque Thrash, Steven Wilson pour ces breaks inopinés et délicats, et une petite pincée de TOOL pour l’ambivalence de ton, lumineux mais sombre à la fois. Un chant qui n’hésite pas à s’arracher les cordes vocales lorsqu’il le faut, et une accumulation d’idées qui s’emboitent en gigogne, le tout dans un format court.
Mais le format long leur colle aussi à la peau, comme le démontre avec une facilité déconcertante l’ouverture « A Threshold of Love and Death », qui résume un parcours de vie comme pourrait le faire un RUSH des seventies perdu dans les couloirs du temps, et rencontrant METALLICA, OPETH et Neal Morse. Envoutement mélodique, percussions rythmiques, distorsion polie mais agressive à la fois, et surtout, un art du prolongement de style qui permet aux THE BLACK FALL d’éviter les écueils pompeux du progressif stérile. Difficile de dire s’ils jouent du Heavy Metal stricto sensu, ou du Hard Rock légèrement durci, mais peu importe le moyen puisque la manière affiche un panache modeste, mais criant. Guitares acoustiques doucereuses, lignes vocales veloutées, pour une approche à la ANT MILL débarrassé de ses velléités alternatives, ou une vision très personnelle d’un Post Rock expurgé de ses prétentions arty boursouflées.
On retrouve peu ou prou le même schéma sur le long final « The Time Traveler », qui effectivement nous propose un cheminement temporel artistique intéressant, et qui juxtapose l’abstraction d’un TOOL à la démesure labyrinthique faussement simple d’un Wilson. Double grosse caisse qui affirme sa compression, chœurs de guitare désincarnés, cocottes qui singent l’Indie Anglaise des 80’s et gros riffs explosifs qui découlent sur des rivières d’arpèges cristallins…Subtil mélange d’énergie Metal et d’aménagements Rock et Pop, pour un faux crescendo qui se termine dans un épilogue de dextérité qui n’en fait jamais trop et qui s’échoue sur les rives d’un passé des cotes de Canterburry, sans pour autant se réclamer de son enseignement…
Progressif, Hard-Rock, Pop, Indie, Alternatif, Metal même par empruntes fugaces, The Time Traveler est aussi un Style Traveler qui refuse les restrictions, et revendique sa liberté de ton. Un album qui séduira les amateurs du genre, mais qui ne rebutera pas ses détracteurs, ce qui fait donc des Hollandais de THE BLACK FALL une entité fédératrice qui vous offre le temps d’un album, la possibilité de choisir votre époque.
Le temps passe, mais se répète constamment. Comme le talent.
Titres de l'album:
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effectivement bien black speed thrash crade ! la bonne recette lol merci pour la decouverte
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