Ô mon paîs, ô Toulouse, ô Toulouse
Je reprends l'avenue vers l'école
Mon cartable est bourré de coups de poings
Bourré de coups de poing qu’on redistribue dans un accès de générosité louable. J’imagine d’ailleurs très bien ces cinq-là se balader avec un sac US sur le dos, en pleine adolescence, SUFFOCATION à fond les ballons dans le casque de leur walkman, regardant sévèrement les passants comme s’il fallait en découdre. Cette sensation de brutalité ouverte est assez plaisante en soi, et résume tout un pan de la culture Metal avec une acuité phénoménale. Et après une expérience pareille, de partage de brutalité dans les rues d’une ville plus très rose, il est assez normal de devenir un adulte revanchard, les poings serrés et la rythmique compressée.
Oui, les CORPORAL PUNISHMENT sont toulousains, et oui, ils sont cruels. C’est en tout cas ce que laisse deviner ce premier longue-durée, succédant à un format moyen publié en 2023. Entre temps, le nouveau fléau s’est transformé en dix plaies d’Egypte, et donne lieu aujourd’hui à un règlement de compte sévère. On solde les espoirs déçus, les tronches qui ne vous reviennent pas, et on mise gros sur un rayonnement national pour préparer un plan d‘attaque à plus grande échelle. Onze morceaux, quarante-cinq minutes de gymnastique dorsale, pour une révélation qui ne surprendra personne.
Les CORPORAL PUNISHMENT ont un gros potentiel, malgré ce recyclage avoué de références assumées.
Fabien Wheeler (basse), Alex (chant), Kevin (guitare), François (batterie) et Félix (guitare) se lancent sur le marché, soutenus par M&O Music, défenseurs des causes nationales (déjà) gagnées. Ce premier long est charnu, carré aux entournures, suffisamment varié pour ne pas lasser, et aussi remonté qu’un pitbull privé de pâtée. Dans un registre qui fusionne la technicité de MORBID ANGEL, la froideur d’ENTOMBED et la percussion de SUFFOCATION, les toulousains sont comme des poisons dans l’eau, rongeant les chairs comme un acide hautement corrosif qui laisse des flaques de sang bouilli sur le tapis de bain.
Entre abattage industriel et artisanat soigné, Inverted Demise ne se démarque pas par son originalité, mais par son efficacité. Toujours prêt, généreux en coups fourrés, le quintet nous bouscule sans remords, et nous oblige à regarder la triste réalité dans les yeux : la violence, l’indécence, l’indolence, l’apathie et pas revenue, le bilan n’est pas des plus gais, et la fin approche. Alors, pour mieux profiter des instants qui nous restent, autant y aller carrément et faire un gros boucan. Dont acte.
Factuellement, CORPORAL PUNISHMENT, qu’est-ce que c’est ?
Une rythmique inépuisable, deux guitares au rendement ineffable, un chanteur qui vocifère ses fables, et une énergie collective à donner des puces à un chiot tout neuf. Instrumental supportant des invectives graves et des soli dissonants, structures mouvantes qui accumulent les cassures et déviations nocturnes, basse qui s’exprime en solitaire lorsque le silence s’impose, tout est là, et très bien synthétisé. Ce premier long est de ceux qui frappent en plein cœur, et qui le laissent exsangue. « Artificial Human Fabric » expose d’ailleurs très bien les intentions, et le reste du répertoire ne fait que répéter la formule ad nauseam. Mais dans le bon sens de la locution.
Techniciens affutés, passionnés mais sans aveuglement, les toulousains connaissent bien leur vocable, et lui confèrent de nouvelles lettres de noblesse sur le futé « Cyanide Blood ». Motif groovy, émulation collective, breaks sombres rudement bien amenés, pour trouver un équilibre stable entre crises de colère et moments de lucidité. Si le son de la batterie, très étouffé et mat pourra surprendre les amateurs de gros toms, sa complémentarité avec la basse ne saurait souffrir d’un quelconque reproche. Les deux fondations se collent à merveille, et permettent aux guitares de tricoter en toute sérénité.
Quoique ce mot n’ait pas droit d’asile sur un album pareil.
Tout est à l’image de cette pochette bleutée. Un univers dévasté, un ciel morbide aux silhouettes émaciées, mais une vraie beauté dans la laideur qui laisse à penser que le monde d’après ne sera pas plus cruel que l’actuel. Alors, on se laisse porter par cette bestialité clinique, pour un périple de tous les dangers. Celui d’être écrasé par cette double grosse caisse survitaminée, d’être décapité par ces six cordes aiguisées, ou alpagué par cette gorge abimée. En tout cas, quel que soit le traitement, il est peu enviable. Mais notre masochisme musical nous attire vers lui comme un aimant vers un amant.
Fast, mid, down, tout est exploité, avalé, digéré et régurgité. Les nuances permettent de facilement différencier les morceaux, et l’impact live de ces chansons est déjà largement palpable. On imagine bien CORPORAL PUNISHMENT sur les routes avec NO RETURN, LOUDBLAST ou BENIGHTED, pour un package maousse aux cervicales renforcées.
Inverted Demise célèbre trente ans de Death Metal incorruptible et inoxydable. Et le point de départ d’une sale histoire qui nous réserve encore de très mauvaises surprises.
Titres de l’album:
01. Artificial Human Fabric
02. Victory... And the day after
03. Compulsion For Murder
04. Tormenting Flesh And Soul Alike
05. Living Scarecrows
06. Until The Rope Sets Me Free
07. Bones To Dust
08. Cyanide Blood
09. Gom Jabbar
10. The New Plague
11. Inverted Demise
Pour moi, par ordre décroissant préférentiel, ce sera :Massacra - Enjoy the ViolenceMercyless - Abject OfferingsLoudblast - Disincarnate
23/04/2025, 12:56
Allez, mon top 3 français des années 90: Massacra - Signs of the Decline Mercyless - Abject OfferingsLoudblast - Sublime Dementia
23/04/2025, 08:42
Je rajoute une couche avec l'album d'Anialator sorti en fin d'année dernière. Je l'ai beaucoup écouté et l'écoute encore avec plaisir.
22/04/2025, 19:35
Plus fan de Massacra que de Loudblast perso, même si je possède les deux premiers albums du groupe.
22/04/2025, 19:34
De mon côté j'ai toujours eu du respect pour le groupe même si ce n'est pas ma génération, je n'étais pas né quand ils se lançaient... Donc ils ne m'ont pas marqué comme ils ont pu le faire avec leurs fans de la prem(...)
22/04/2025, 17:35
Pour moi Loudblast, ce sont des suiveurs avec un bon train de retard sur ce qui se fait à chaque époque et Clearcut fait partie de cela... Bref, je ne suis pas très client de leurs albums, on m'avait chanté les louanges de Burial Ground, je me suis ennuyé..(...)
22/04/2025, 16:04
@RBD : ton dernier paragraphe est plein de vérité. Quant au pseudo DPD je préfère le laisser croire ce qu'il veut. Vu comment il écrit, il a pas dû encore sortir de l'école. J'encourage néanmoins les thr(...)
22/04/2025, 13:35
@Tourista : tu t'es trompé, la news sur les 40 ans de Loublast, c'est plus haut
21/04/2025, 20:53
Le Metal est parfois sur le fil du rasoir de la beauferie... Voire tombe carrément dedans.
21/04/2025, 11:45
Vidéo vue, merci.De mon côté, je préfère le son de Sublime à celui de Disincarnate et c'est aussi le style de death que j'affectionne. Bien lourd, posé et mid tempo tout en étant agressif. Par exemple, c'est pour cela qu(...)
20/04/2025, 18:02
Comme je le dis dans la vidéo, leur sommet c'est Desincarnate. Puis The Burial Ground. Je suis moins fan de Sublime.
20/04/2025, 14:08
Pour moi Loudblast c'est surtout Sublime Dementia et Cross the Threshold. (Quand à la vidéo je ne manquerai pas de la regarder ce soir).
20/04/2025, 12:45
Si je comprends, cette charge allait contre cette part non négligeable du public Metal qui reste bloquée aux groupes de leur jeunesse mais ont cessé de se tenir au courant dès qu'ils ont reçu des responsabilités (premier travail, première rela(...)
19/04/2025, 14:36
J'écrit comme un enfant de 5 ans ici et je dois encore ajouter des précisions, imagine le truc, peut-être que l'Ehpad c'est metalnews au final. Combien de personnes postent depuis leur lit de mort ici ?Le metal généraliste c'est d&eacut(...)
19/04/2025, 09:13
J'ai pas tenu 30 s...J'imagine qu'ils seront sur la mainstage au HELLFEST en juin prochain non ?
19/04/2025, 08:38