The Steel Sword

Steel Sword

19/02/2021

Autoproduction

Quelle bonne idée a eu ce groupe d’insérer sur sa page Facebook une bio détaillée, qui permet au chroniqueur de s’y retrouver. Souvent à l’affut d’un minimum d’informations, le journaliste peine souvent à les trouver dans le cas de petits groupes au background local, ne sachant pas vraiment de quoi il parle avant d’avoir écouté un album une bonne dizaine de fois. Merci donc aux STEEL SWORD pour cette délicate attention, et c’est avec plaisir que je vous introduis à ce sympathique groupe péruvien, originaire d’Arequipa, qui fête en 2021 la sortie de son premier LP autoproduit. Pour le moment, l’œuvre n’est disponible que sur les plateformes de streaming, mais gageons qu’une sortie physique est dans les tiroirs.

Fondé en 2016 par le guitariste Juan Ugarte et le batteur Javier Villegas, STEEL SWORD a ensuite été rejoint par la vocaliste Lucia B. AmatyLeon. Désireux de s’éloigner d’un répertoire de reprises assez évident pour tout groupe amateur, les trois musiciens se sont donc concentrés sur des compositions originales, leur permettant de se démarquer et de se faire remarquer. Bientôt rejoints par le bassiste Rocko Takarai, après quelques essais infructueux, les musiciens formant l’ossature du groupe ont enfin pu s’appuyer sur un line-up complet pour propager la bonne parole de leur style en convergence, et pas si simple à définir. Et si l’on en croit les informations prodiguées par le groupe lui-même, la formation n’a pas tenu longtemps et a dû encaisser des départs successifs, dont celui de Jossein Martinez à la seconde guitare et surtout, celui d’un des deux membres fondateurs, Javier Villegas, rapidement remplacé par le cogneur actuel José Alejandro Gomez. C’est donc un quatuor affûté que nous rencontrons aujourd’hui via les dix morceaux de ce premier effort, sobrement intitulé The Steel Sword.

Outre sa bio gracieusement fournie, le quatuor a aussi la bonté de nous prévenir de son approche, légèrement excentrique sur les bords. En définissant sa musique comme étant du Heavy Glam Power Metal, STEEL SWORD assume le risque énorme de passer pour une bande d’inconscients pas vraiment au fait de la dangerosité des mélanges vin blanc/vin rouge, d’autant plus que sa musique n’a pas vraiment de lien avec le Glam, loin s’en faut. Non, et si les péruviens gardent des attaches Power Metal qui se formalisent autour de rythmiques puissantes et de riffs solides, autant dire qu’ils sont plutôt formellement Heavy Metal et Hard Rock, dans la plus grande tradition eighties des deux genres majeurs. Nous en avons la preuve indiscutable dès le titre d’ouverture « Heartbeat », qui développe des arguments Hard n’Heavy classiques, et qui ne cherche pas l’originalité à tout prix, se reposant sur des capacités individuelles dans la moyenne pour tenter la séduction old-school.

On est immédiatement saisi par le côté amateur de l‘entreprise, et notamment par cette production certes claire et précise, mais qui a de sérieux côtés DIY. La sensation n’est pas désagréable, loin s’en faut, mais il ne nous faut pas énormément de temps pour pointer du doigt les handicaps de l’entreprise. Outre un classicisme qui permet presque de ranger les péruviens dans la case encombrée de la passion old-school avouée, autant dire que le quatuor ne s’est pas vraiment trouvé une frontwoman à la hauteur. La voix de Lucia, pas foncièrement rebutante est quand même un peu légère pour un instrumental se voulant Power Metal (et ne l’étant pas vraiment), et les possibilités très limitées de la vocaliste empêchent parfois les morceaux de vraiment décoller, spécialement ceux faisant montre d’une ambition notable. Autre grief majeur - et non des moindres - cette durée excessive de l’album qui se repose un peu trop souvent sur des titres qui jouent le rappel alors que le public ne l’a pas forcément demandé. Pas moins de deux titres au-dessus de la barre des huit minutes, et placés en fin de parcours, une kyrielle d’autre jouant un peu trop le chronomètre, pour des idées pas vraiment porteuses, ni probantes. Les influences se font parfois un peu trop sentir de la même façon, et « The Satan's Book » de sonner comme du MAIDEN de série B repris par les MAID OF ACE.

Mais au-delà de tous ces reproches fondés, l’album n’en garde pas moins un certain charme naïf, comme ces peintures d’enfant, pas vraiment irréprochables techniquement, mais dégageant une émotion palpable. Entre des titres qui auraient facilement pu passer à la trappe (« Carmilla » qui s’empêtre dans les poncifs Metal des années 84/85 comme un éléphant dans les ronces), et d’autres plus inspirés et sensibles (« There's a Story », sur lequel la voix de Lucia est totalement dans son élément), la valse-hésitation est un peu gênante, d’autant plus que les riffs ont tendance à se mordre la queue de l’inspiration.

Cherchant parfois un angle d’attaque différent, STEEL SWORD s’enflamme à bon escient sur le bizarrement intitulé « Waffen SS », mais se rapproche enfin d’un Heavy Metal plus épique aux dimensions moins raisonnables. Lucia sort légèrement de sa zone de confort, même si sa palette vocale ne lui permet pas de nous surprendre, et alors qu’on s’attendait à un durcissement dans le ton, le conventionnel « Huascar » et ses chœurs complétement déplacés nous fait retomber dans la routine Hard Rock d’un groupe pas maître de son sujet. Il faut donc attendre la fin de The Steel Sword pour avoir droit à des morceaux plus aventureux et amples, en commençant par « The Steel Sword », l’hymne attendu à l’ambiance mystérieuse et prenante. Construit sur le genre de crescendo dont MAIDEN est familier, ce morceau reprend à la lettre les cavalcades rythmiques de Steve Harris et ses comparses mais à au moins le mérite de pousser la tension et d’offrir quelques moments de puissance vraiment charmants. « Winter Is Coming », en épilogue, se paie le luxe d’une intro aux mélodies presque Death, et referme l’histoire de façon assez persuasive.

STEEL SWORD est donc un groupe très sympathique, mais qui manque encore d’expérience, et à qui nous ne saurions que trop conseiller de faire le tri dans son inspiration pour ne garder que l’essentiel. Trop long d’au moins vingt minutes, handicapé par des capacités individuelles, ce premier album est donc encore un peu tendre pour s’imposer hors frontières.     

       

                                                                                              

Titres de l’album:

01. Heartbeat

02. The Satan's Book

03. Carmilla   

04. There's a Story

05. Waffen SS                      

06. Huascar

07. Infection

08. The Black Corsar

09. The Steel Sword  

10. Winter Is Coming


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par mortne2001 le 28/09/2021 à 14:45
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