Je m’étais un peu éloigné du BM depuis quelques temps, car je ne trouvais pas matière à réflexion. Ce que j’entendais était certes parfois de qualité, souvent moyen et de temps à autres médiocre, mais j’attendais le bon moment pour reprendre mon clavier et ne pas gloser dans le vide. Ayant connu en temps et en heures toutes les vagues internationales lorsqu’elles frappèrent l’underground, je me sentais plus exigeant envers les musiciens, qui souvent ne faisaient que répéter des formules consacrées ad nauseam. Mais il fallait bien qu’un jour je tombe sur un album différent, plus profond, pas forcément novateur, mais suffisamment éclairé pour m’extirper de mes ténèbres de motivation. Cette rencontre eut lieu lorsque mes oreilles rompues se posèrent sur le premier longue-durée de CÉNOTAPHE, Monte Verità, faux point de départ mais réel envol d’un concept prometteur, aux sorties antérieures révélatrices d’un gros potentiel. En l’état, CÉNOTAPHE est une jeune formation, mais avec un bagage certain, et un background fameux. Duo (Fog aka François Roux - instruments et composition, et Khaosgott - chant et textes), cette entité peut déjà se targuer d’une bonne réputation, gagnée à force de démos, de EP’s, de splits et de compilations. Les amateurs avaient reconnu en son temps les qualités intrinsèques de la séminale démo La Lave Exulte, et les esthètes en étaient restés à la magnificence d’Empyrée, le premier EP du combo. Entre ces sorties et après, des vues partagées avec CIRCLE OF OUROBORUS, une sortie compilée regroupant le premier EP Horizons avec sa suite logique Azur, pour aujourd’hui enfin oser l’exercice du LP complet, avec pas moins de quarante-six minutes de musique agencée, pensée, réfléchie et posée sur papier avec virulence mais pertinence.
Formé en 2015, CÉNOTAPHE a une longue histoire puisque Fog et Khaosgott ont tous deux joué dans la référence NÉCROPOLE aux côtés d’Amertume, membre de CAVERNE dont Fog a aussi fait partie, et c’est sans surprise que les analogies entre les trois groupes se recroisent au moment de juger de Monte Verità. Conceptuellement, cet album se base sur une montagne située à Ascona, en Suisse, qui au début du dix-neuvième siècle attirait les artistes, intellectuels et autres marginaux désireux de s’extirper de la masse humaine grouillante pour transcender leur esprit et leur soif de connaissance. Sans raconter précisément ces années-là, Monte Verità se sert de l’anecdote pour nous offrir une réflexion sur la solitude et l’isolement, et cette envie sublime de prendre de la hauteur pour échapper à notre condition prosaïque de simples mortels condamnés à la routine répétitive d’une vie unidimensionnelle. Et si l’on retrouve tous les fondements de la musique déjà exposés sur les sorties précédentes, sur cette fameuse démo ou ces EP’s salués par un public reconnaissant, les huit nouveaux morceaux osent s’écarter légèrement des sentiers rebattus pour proposer une vision musicale certes nihiliste dans le fond, mais perméable aux mélodies de biais et aux harmonies amères dans la forme. On retrouve la patte unique de Fog dans les compositions, avec cette propension à utiliser la vitesse en permanence via des blasts impitoyables, mais aussi le talent de conteur rauque de Khaosgott qui possède ce phrasé morbide unique que seuls les meilleurs hurleurs de BM savent utiliser à bon escient.
Musicalement, le tout est évidemment assez opaque, la production épaisse mais diffuse, laissant tout de même une grande latitude à tous les instruments maniés par Fog, dont une basse qu’on discerne sans avoir à faire d’effort. On sent assez vite que le duo a voulu clairement s’éloigner de ses années NÉCROPOLE en développant son propre style, et toutes les affiliations directes constatées sur les sorties précédentes ont disparu, laissant place à une approche plus personnelle faite de violence crue et de poésie noire. Les néophytes et allergiques à la cause du BM aussi raw que grandiloquent ne verront pas de différence entre ce premier album et la majeure partie de la production actuelle, pourtant, en filigrane s’inscrit un individualisme notable, nous rapprochant tout autant de la première vague nordique que de la scène canadienne du nouveau siècle, le tout emballé dans une emphase littéraire typiquement française. Et même si les riffs n’ont pas l’aura de gimmicks immédiatement accrocheurs, ils n’en constituent pas moins les strates indispensables au canevas global, comme le démontre « Myosis », la mise en bouche initiale qui laisse une guitare acide occuper l’espace après une courte intro brumeuse. A partir de son intervention, les débats s’affolent, et on retrouve le CÉNOTAPHE brut et sauvage, au rythme implacable, au chant hurlé à pleins poumons, au parfum légèrement MAYHEM historique, mais aux ambitions terriblement individualistes. Terriblement violent, ce premier LP n’en est pas moins d’une poésie trouble, parfaitement en adéquation avec cette superbe pochette reprenant le tableau « Meditation » peint par Frantisek Kupka en 1899, et dopé par une production finalisée au Caveau studio à l’été 2019. Avec des compositions signées par Fog au printemps 2018 et des paroles écrites par Khaosgott juste avant d’entrer en studio, Monte Verità est une ascension vers des vérités personnelles, vers un calme relatif propre à la contemplation d’un monde agonisant, que « Aux Cieux Antérieurs » décrit parfaitement de son emphase énorme, et de ses inserts en chant clair, aussi surprenants que malsains.
Huit morceaux conséquents, dont chacun retiendra ce qu’il juge le plus pertinent, mais surtout, une poignée de longues interventions, dont le final impérial « Monte Verità », d’une lenteur processionnelle, tout en progression évolutive, et allusif à tous les courants BM depuis les origines troubles de HELLHAMMER et BATHORY. Une œuvre aussi précieuse qu’elle n’est brutale, une sècheresse instrumentale qui ne cache pas la richesse de composition, et un vrai départ pour CÉNOTAPHE qui est clairement en passe de devenir l’une des références incontournables du BM européen. A noter que l’album est disponible en plusieurs formats chez plusieurs labels, en vinyle chez Nuclear War Now, en CD chez Ossuaire, et tout un tas d’autres distributeurs. Histoire de ne pas le manquer, ce qui serait une faute de goût impardonnable.
Titres de l’album :
1. Myosis
2. Aux Cieux Antérieurs
3. L'oeuf de Mammon
4. De mon Promontoire Astral
5. Intolérante Thébaide
6. Ne M'oubliez
7. Emersion
8. Monte Verità
Le troll DPD (quel beau nom !) en tête de gondole dans la fosse. Comment c'est possible ça genre de gus ?
11/07/2025, 13:36
Mdr y'en a qui ont un niveau de goûts musicaux digne de la fosse des Mariannes. JPP de lol quand je lis ça Tout est dit.
11/07/2025, 13:34
@Humungus : mdr. On s'est compris.@Buckdancer : oui j'imagine que tu as raison
11/07/2025, 13:32
Un troll sur metalnews.fr c'est comme un exibitioniste dans le désert, il peut arriver à capter l'attention de quelqu'un de temps en temps mais tu sens que niveau stratégie c'est pas optimal.
11/07/2025, 13:28
Le Hellfest n'est plus qu'un fest mainstreem comme tant d'autres et n'a plus rien à voir avec ses origines.Le nombre de blaireaux au M2 y est devenu affolant au point qu'il n'y a que ça.Pour ma part, je préfère aller dans les(...)
11/07/2025, 12:42
Deafheaven > Black Sabbath d'ailleurs, aucune hésitation. quelle chanson de Black Sabbath atteint le niveau d'intensité de Dream House ?
10/07/2025, 21:43
T'aimes ça hein le cuir et le metal salace, je préfère Patrick Sébastien, je le trouve moins pédé. Le petit bonhomme en mousse on s'en rappelle, ça c'est une chanson qu'on oublie pas, comme ce que te chantais ta maman..
10/07/2025, 21:36
@DPD : putain, cette merde de Chat Pile, de la noise bâtarde gay friendly qui pompe Godflesh et Korn. Et dans un autre post, tu parles de Deafheaven. Mais mec, arrête de donner des leçons et va donc faire une Bun Hay Mean.
10/07/2025, 21:20
Et ce qui s'est fait de marquant question death c'était le dernier Dead Congregation et le surprenant Reign Supreme de Dying Fetus. Et qu'on me parle pas de Blood Incantation tout est impeccable, il y a beaucoup de travail derrière, mais aucune symbiose entre les part(...)
10/07/2025, 15:17
L'underground est pas une qualité en lui-même, le dernier concert que j'ai vu t'avais les groupes qui enchaînent les plans thrash-death-black sans aucune cohérence, du sous Deathspell Omega (désolé mais dans le black dissonant tu seras toujou(...)
10/07/2025, 15:09
C'est à peu près le constat que nous sommes plusieurs à faire me semble-t-il, mais je mettrais tout de même Converge, The Dillinger Escape Plan ou Botch ailleurs que dans le metalcore. Mais pourquoi pas. ;-)@Jus de cadavre "Je crois qu'il faut acce(...)
10/07/2025, 14:34
@GPTQBCOVJe suis horrifié par l'idée de finir comme ça, voir Darkthrone se réduire aux lives jouant la fameuses trilogie pour payer les affaires courantes notamment des frais de santé, la social-démocratie m'en sauvera j'imagin(...)
10/07/2025, 14:16
Non mais même le metalcore t'avais la grande époque de Converge, Dillinger Escape Plan, Botch et compagnie...certains parleraient de hardcore chaotique mais bon. T'avais pas que de la musique lisse à refrain, ce n'est pas le diable que certains veulent peindre.&(...)
10/07/2025, 13:47
Si le Metalcore était à la mode il y a 20 ans, disons alors que (malheureusement) cela perdure car 1/4 des groupes jouant dans de gros et moyens fests ont un qualificatif se terminant par "core".
10/07/2025, 13:22
Cela m'espante toujours de voir des festivals complets (ou presque) un an à l'avance sans avoir annoncé aucune tête d'affiche.Le public est devenu très friand des gros festivals. Je pense évidemment à toute cette frange de festivalier(...)
10/07/2025, 12:23
Certains commentaires sont à côté de leur pompes, la grande mode du metalcore c'était il y a quoi ? 20 ans ? la bizarrerie c'est que pas mal de ces gens sont passés au black-metal pour une raison que j'ignore ce qui donne toute cette scene en -post(...)
10/07/2025, 12:04