La première étape se nomme la « promesse », où le magicien montre au public quelque chose qui semble ordinaire, mais ne l'est pas.
La deuxième étape consiste en l'exécution, le « tour », où le magicien rend l'acte ordinaire extraordinaire.
Le « prestige », étape finale de l'illusion, est la partie du tour de magie où l'imprévu se produit.
Dans le cas des finlandais, l’analogie est claire. La promesse, leur début de carrière, tonitruant, rapide, impressionnant. Le tour, une séparation abrupte, et des destins qui se décroisent. Et puis le fameux PRESTIGE, la reformation, vingt-neuf ans après leur dernier album, Parasites in Paradise. Les proches et initiés savaient que quelque chose se tramait, puisque les quatre membres originaux avaient remis le couvert pour des festivals, le réenregistrement d’une démo pour fêter ses trente ans, et des projets plein le coffre magique. Avec trois quarts de la formation historique rempilant (le batteur originel Tero Karppinen a rangé ses baguettes au placard), ce comeback inopiné pour les néophytes a donc des allures de tour de magie, à l’instar des lumières braquées récemment sur MORDRED et ACID REIGN, pour n’en citer que deux. Mais la véritable question, au-delà de la surprise, restait en suspens : ce retour était-il indispensable, et le PRESTIGE 2021 a-t-il encore la même aura que celui de la fin des années 80 ?
A l’époque, le combo est un précurseur de la scène Thrash finlandaise, peu prolifique, et les jeunes musiciens avides de violence représentaient en quelque sorte l’avant-garde du déferlement à venir. Contrat rapidement trouvé, mais un premier album somme toute assez moyen malgré son caractère joyeux et son titre improbable. C’est par le biais d’Attack Against Gnomes que j’ai fait connaissance avec la bande de Tampere, mais j’avoue qu’à l’époque, cette rencontre ne m’avait laissé qu’un souvenir fugace et anecdotique. Il me fallut attendre le plus professionnel Selling the Salvation pour comprendre que ces instrumentistes avaient quelque chose à offrir, mais il était déjà presque trop tard. Trop de concerts, trop d’agitation à un si jeune âge, des musiciens qui rentrent chez eux en Hollande, d’autres qui se tournent vers le Psychobilly, et puis le silence, long et durable.
Aujourd’hui, Massacre Records a le plaisir de le rompre via le quatrième LP officiel de la bande, renouvelée d’un batteur bien intégré (Matti ”Matson” Johansson, qui a quand même martyrisé ses futs au sein de KORPIKLAANI pendant dix-sept ans), mais aux racines fermement plantées dans la terre des années 80. Ari Karppinen (guitare/chœurs), Aku Kytölä (chant/basse) et Jan "Örkki" Yrlund (guitare/chœurs), les pères fondateurs remettent donc le couvert avec un son plus actuel, et une épaisseur de circonstance. Surfant sur la vague old-school Thrash avec la crédibilité des vieux loups qui n’ont plus peur des rouleaux depuis longtemps, les PRESTIGE nous proposent donc leur dernier tour de magie, à base de riffs solides, de parties rythmiques conséquentes, et de lignes de chant écorchées et envoutantes.
Inutile de se mentir, si le nom de PRESTIGE reste fameux dans sa Finlande natale, il n’est qu’une anecdote plaisante de bas de page dans l’encyclopédie du Thrash européen. Ses trois albums, aussi agréables furent-ils n’ont jamais eu l’envergure des chefs d’œuvre du cru, ni de perles perdues au fond de l’océan et découvertes par des pêcheurs de l’extrême. Mais la donne risque de changer aujourd’hui, puisque les musiciens ont gagné en maturité de composition, comprenant que la simple étiquette Thrash sous un drapeau exotique n’était pas un argument majeur. Alors, une production impeccable, une attitude irréprochable, du sérieux dans l’exécution, mais toujours cet humour qui permet de les distinguer de la masse de philosophes sociaux et écologiques en vogue dans le Thrash depuis le début des années 90.
Aujourd’hui, le quatuor est assez proche d’un ASSASSIN en version plus modérée, mais ce Reveal the Ravage se permet d’autres citations assez intéressantes dans les faits. On y retrouve l’essentiel de la scène légendaire de la fin des eighties, un peu de TESTAMENT, beaucoup de brutalité allemande, et quelques traces de finesse nordique dans la fluidité des plans. Les chœurs proéminents prouvent que les enseignements DESTRUCTION/TANKARD ne sont pas restés lettre morte en Finlande, et un titre aussi pugnace que « You Weep » aurait largement eu sa place sur un album aussi choc qu’Interstellar Experience. Tâtant le terrain avec prudence, les quatre compères lâchent en éclaireur un morceau d’une banalité Thrash lénifiante, « Innocent », qui trempe ses orteils dans l’eau pour voir si une baignade complète est envisageable. Mais en bons singes qui ont depuis longtemps appris à faire la grimace, les PRESTIGE laissent passer l’orage en première partie de métrage pour lâcher leurs coups les plus élaborés en seconde.
« In Remains » ose enfin imposer une cadence d’abattage plus conséquente, permettant à Matti ”Matson” Johansson de nous éblouir de ses fills à la John Dette, tandis que le finaud « Ready? » pose une question mid qui n’appelle qu’une seule réponse : oui, et le headbanging sera fatal.
Pas vraiment novateur, ce quatrième longue-durée de la bande est pourtant leur plus conséquent. Dans un registre de formalisme indéniable, Reveal the Ravage fait montre d’un esprit revanchard sur le destin, et semble s’obstiner à combler les trous et récupérer les années perdues. Efficace à défaut d’être surprenant, il se laisse toutefois aller à quelques fantaisies, comme cet épilogue mélodique « Prime Time » qui table sur une progression lourde pour faire monter la température dans les derniers instants.
Solide, valide, PRESTIGE revient donc en grande forme imposer son nom. Et si le tour de magie n’est pas digne des plus grandes soirées de Vegas, s’il ne fait pas disparaitre de gratte-ciel à la mode David Copperfield, il n’en reste pas moins un fameux moyen de détourner l’attention pour occuper à nouveau le terrain.
Titres de l’album:
01. Innocent
02. Burn My Eyes
03. Blessed Be
04. Pick Your Poison
05. Exit
06. You Weep
07. In Remains
08. Ready?
09. Self Destruct
10. Prime Time
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@Ivan : la scène metal est un ehpad géant, aucun intérêt de suivre de vieux grigous qui sucrent les fraises.
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09/07/2025, 01:12
Très bon album avec 3/4 titres vraiment excellent et un bon niveau global.Quelques Slayeries comme sur Trigger Discipline mais rien de méchant. D'autant que le titre Gun Without Groom est vraiment terrible, en effet. Un très bon cru
08/07/2025, 23:59
Pour moi je vois c'est l'équivalent que de voir 2pac en hologramme (qui était homosexuel), peut-être même pire parce que l'illusion tiens mieux le coup, je reste sur cette position.
08/07/2025, 22:44
Les bénéfices du concert était entièrement reversés à une œuvre caritative. Aucun des groupes présents n'a palpé pour leur concert (en même temps c'était 20 minutes de live par groupe...). Après ça (...)
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