Lorsqu’on parle de Crossover, on imagine immédiatement cette hybridation de Thrash et de Hardcore telle que l’on définit des groupes comme D.R.I, NUCLEAR ASSAULT ou autres CRUMBSUCKERS. Non, le Crossover est un mouvement beaucoup plus général, en phase avec sa définition la plus littérale : croisement. Plusieurs genres peuvent donc être impliqués, ce que nous expliquent peu ou prou les vendéens de MAMÜTH.
Le MAMÜTH est au choix un mammifère proboscidien de la famille des éléphantidés, une ancienne chaîne de supermarchés, un excellent film avec Gérard Depardieu, ou un quatuor de Montaigu. C’est ce dernier cas qui nous intéresse aujourd’hui, puisque François (basse/chant), Nico (batterie), John (guitare) et James (guitare) nous proposent leur premier album, un premier album plutôt court, mais méchamment percutant. A peu près autant qu’un pachyderme qui vous fonce dessus les défenses en avant ou qu’un Gérard Depardieu sur sa pétrolette allant chercher ses trimestres manquants.
MAMÜTH officie donc dans un créneau assez difficilement cernable, entre Heavy Metal vraiment lourd, Sludge digeste et Hardcore light. Mais c’est encore le groupe qui parle le mieux de sa démarche singulière sur son Bandcamp :
Au-delà des étiquettes, des genres, ce qui réunit les membres de MAMÜTH, c'est leur intérêt pour ce vecteur commun qu'est la musique. Ainsi MAMÜTH distille un Crossover - Punk, Métal, Hardcore - teinté de multiples influences musicales.
Cette définition est encore la meilleure pour décrire les sept pistes de ce premier long ne l’étant pas tellement. Avec moins de trente minutes au compteur, Au Bord du Gouffre s’y jette assez rapidement, non sans avoir pris le soin de nous expliquer sa philosophie. Construit sur une base de Sludge/Hardcore parfois teinté de Doom, Au Bord du Gouffre se veut aussi catchy que pesant, et alterne les humeurs, les ambiances, pour offrir un panaché de directions tout sauf hésitant.
Si la dominante reste sous la moyenne d’une lourdeur pas trop suffocante, les digressions restent efficaces et mémorisables, entre Hardcore de rue et Sludge de province. « Le Pouvoir et le Sang », après un feedback évident nous montre alors l’étendue des capacités de ces musiciens désireux d’échapper aux étiquettes, et traîne sa rythmique puissante le long de guitares disertes, et d’un chant rauque et définitivement Core.
A la manière d’un 7WEEKS plus Punk que Stoner, ou d’un LOFOFORA moins porté sur le Rap que sur le Hardcore, MAMÜTH joue simplement son va-tout, et remporte l’adhésion des fans d’une musique ouverte et sincère.
On se laisse facilement séduire par ces deux guitares qui se complètent à merveille dans la lancinance, à la manière parfois d’un CANDLEMASS des débuts (« Binaire »), ou d’un THERAPY en rupture de bans mélodiques (« Indigestion »). L’album suit donc son cours naturel, et nous entraîne sur les routes, comme une dernière répétition avant la tournée de promotion. Avec son léger parfum HELMET en arrière-plan (« Eclipse »), ses réflexes automatiques, et ses déviances harmoniques, Au Bord du Gouffre est une proposition sur un pont d’un saut à l’élastique pas forcément bien assuré, aux harnais usé et à la chute imprévisible, sensation ultime d’un genre n’en étant pas un et susceptible de réserver quelques surprises en douche froide.
Enregistré les 30 avril et 1er mai 2022 au studio Corner Box à Rocheservière, et mixé durant l'été par Antoine Lacoste, masterisé le 2 novembre 2022 au studio Masterlab à Nantes par Ronan Cloarec, Au Bord du Gouffre dispose d’un son ample et sec, sans artifices, avec des graves gardés sous la bride, et des médiums au service de riffs simples et directs. Pas question de se disperser ou de diluer son alcool, la volonté de rester underground et pur est manifeste sur tous les morceaux, même lorsque l’atmosphère surchauffée nous donne un aperçu des concerts à venir (« Combat »).
Un groupe honnête pour un album ne l’étant pas moins, et qui se permet parfois des allusions brèves à la NOLA, sur l’épilogue « Aube Sanglante ». Solide en mid, léger en up, MAMÜTH a de sacrées qualités, et cette entame de parcours le souligne avec beaucoup d’humilité.
Le MAMÜTH écrase, mais peut aussi prendre ses pattes à son cou. Pas pour éviter le combat, mais pour se battre sur un autre front. Mettons hors des frontières de la Vendée par exemple.
Titres de l’album:
01. Le Pouvoir et le Sang
02. Au Bord du Gouffre
03. Binaire
04. Indigestion
05. Eclipse
06. Combat
07. Aube Sanglante
Découvert l'an dernier dans un mini festival à Toulon avec Aorlhac en tête d'affiche, j'avais bien accroché et acheté leur cd (le précédent du coup) qui m'avait un peu déçu (difficile de redre justice à une m(...)
27/03/2024, 00:16
Ben si Cannibal Corpse est une légende, Immolation aussi, non? Ils avaient tourné ensemble en 1996 ( je les avais vus à la Laiterie, avec Inhumate en première partie...)...
26/03/2024, 13:16
Je viens de tomber par hasard sur ce docu à leur sujet, je sais que deux-trois ici pourraient être intéressés : TULUS - 3 DECADES OF UNCOMPROMISING BLACK METAL (FULL DOCUMENTARY) (youtube.com)
25/03/2024, 20:05
C'est très loin d'être pourri, mais j'préfère tout de même de loin "Ozzmosis", "Down to earth" ou "Black rain"...
25/03/2024, 09:21
Tout le mérite en revient à notre hôte, je n'ai influé en rien sur les choix successifs. Autrement dit, cela me convenait aussi.
24/03/2024, 19:53
J'aime beaucoup. Parcours sans faute jusqu'au septième morceau. Du death classieux moins extrême que le premier album mais plus varié. Les délires vocaux de Vincent passent aussi très bien (ce qui n'aurait pas été le cas chez Morbid).(...)
24/03/2024, 13:34
"groupe de petites gauchiasses qui crisent si on n'emploie pas le bon pronom" : allez, retourne écouter tes groupes de NSBM de fond de toilettes et épargne-nous tes commentaires ridicules
22/03/2024, 09:04
A minima c'est assez inutile, rarement intéressant même si l'idée n'est pas nouvelle. Voivod l'a fait y'a peu, c'est quand même assez anecdotique sur le rendu final. Les morceaux en version d'origine se suffisant a eux mêmes.
20/03/2024, 12:18
Il prend corps au fil des écoutes, et s'il paraît moins immédiat que Firepower, il ne me déçoit pas tant les compositions restent solides et dignes du Priest. Pas encore totalement poncé mais j'encourage à y revenir et chaque écoute(...)
19/03/2024, 14:50
Superbe ce papier avec un chroniqueur qui, ça se sent, a vécu l'époque Roadrunner et sa superbe compilation (a la non moins superbe pochette) Stars on Thrash.Achat obligatoire.P.S : Euh moi une ex m'appelle pour prendre de mes nouvelles et me proposer (...)
19/03/2024, 12:13
Très cool de découvrir ce groupe ! La présentation est plus fluide mais il faudrait laisser la place à un extrait à mon avis et ça permettrait de mieux rythmer la vidéo.
19/03/2024, 08:17