Wonder

Wonder

31/01/2021

Autoproduction

Petite chronique en notule pour vous prévenir de la sortie du premier EP des finlandais de WONDER, éponyme et à compte d’auteur. Pas grand-chose à vous raconter sur ce nouveau projet ne disposant que d’un simple Bandcamp allusif, mis à part qu’il a les armes suffisantes pour faire plier la résistance des fans de Sludge boueux et nauséeux. Les thèmes abordés par ce Wonder sont évidemment très optimistes et euphoriques (la souffrance, les addictions, problèmes de santé mentale, anxiété, drogues, et tout le cortège lugubre habituel…), mais la musique qui les accompagne est à la hauteur des attentes les plus névrosées, ce qui fait de cet EP introductif une façon assez franche de rentrer en contact avec ces musiciens à l’environnement classique. On trouve dans le groupe trois malades qui d’ordinaire traînent leur misère entre local de répétition et HP à ciel ouvert, Nikyo-Amfetamine (guitare), Snakey Jones (basse/chant) et Bobster Crowley (batterie), qui pendant moins de vingt-cinq minutes s’évertuent à vous expliquer pourquoi la vie est un tas de merde qui ne mérite même pas d’être ramassé.

Certes, le propos est formel, et la façon de l’argumenter traditionnelle. On retrouve ici toutes les composantes du Sludge tel qu’il fut inventé dans les nineties au sud des Etats-Unis, et si les noms de CROWBAR et EYEHATEGOD sont les premiers à effleurer le subconscient, les WONDER en nient la facilité de leur attitude subtilement punk. C’est d’ailleurs ainsi qu’ils résument leur optique sur leur page officielle, en lâchant un sibyllin « Sludge with punk attitude. » qui en dit long sur les options qu’ils ont choisies.

La musique est donc lourde, souffreteuse, les riffs pachydermiques, les samples malsains, la basse énorme et distordue comme dans les années 70 si lysergiques, l’influence de BLACK SABBATH poussée à son paroxysme de pesanteur, et vogue la galère, entre cure de sevrage et automutilation avec un vieux canif rouillé. L’ambiance n’est pas à la gaudriole, et immédiatement, « Relapse » met les choses au point tout en trompant son monde. Si cette entame incarne le plus long chapitre du court roman, elle n’en dévoile pas pour autant les obsessions les plus ancrées. Avec son up-tempo guilleret et son riff de guitare très Rock, ce morceau abuse un peu son monde, d’autant que le chant adopte la dualité habituellement réservée au groupes les plus Death. On pense donc dans les premiers instants à un Stoner plus gras que la moyenne, sale comme un redneck qui n’a jamais vu une baignoire dans sa vie, mais la tonalité change assez rapidement, et « Skin 'n' Bones » ramène les brebis égarées sur le mauvais chemin. Celui d’un Sludge enfoncé dans la boue des marais dont on ne s’extirpe pas.

Rien de foncièrement étonnant, mais un parti pris assez intéressant, et un trait d’union entre le biker Rock des BLUE CHEER et les errances nocturnes peu recommandables de la scène NOLA la plus intégriste. Des stridences et des dissonances qui soulignent l’affiliation Punk et Noise, une voix qui dégueule ses traumas, une batterie à l’économie et enregistrée via un micro vraiment pas cher, pour un résultat qui empeste le désespoir, la pauvreté, la saleté et les déviances physiques et morales. Cela dit, et sans révolutionner un créneau déjà bien chargé, les WONDER tirent leur aiguille des veines grâce à un habile jeu d’ambiances toutes plus mortifères les unes que les autres, et un refus de tomber dans les facilités du style. Ici, on est souvent à la limite d’un Doom vraiment sombre (« Vicious Cycle »), mais on reste fier de ses racines Hardcore, qu’on assume en poussant le volume et en refusant la patine opacifiante d’une production trop élaborée.

« Sick of...» en est le plus parfait exemple, avec toujours en exergue ce chant abominable qui pourrait se vouloir l’héritier de la scène BM norvégienne (le groupe venant de Finlande, la fumée des églises cramées à du parvenir jusqu’à eux), même si le final traumatique de « Derealization » prouve que le trio a bien écouté NEUROSIS. Alors, c’est très vilain, maladif, traînant comme un stade terminal traîne sa douleur, mais c’est assez cathartique dans les faits, et permet de sonder les psychés les plus torturées. A réserver aux fans d’un Sludge vraiment poisseux et moisi, qui refusent les convenances de la modernité. Son abrupt, musique ne l’étant pas moins, refus des artifices, WONDER nous présente donc le visage d’une réalité morne et terne, mais fidèle à sa propre cruauté. 

Tout le contraire d’une merveille.    

 

                                          

Titres de l’album:

01. Relapse

02. Skin 'n' Bones      

03. Vicious Cycle      

04. Sick of...  

05. Derealization


Bandcamp officiel


par mortne2001 le 29/03/2022 à 17:45
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