Considéré par beaucoup comme LA révélation Black/Death US de ces dernières années, il n’est guère étonnant de retrouver le premier LP des maniaques de TRENCH WARFARE sur le label historique Transcending Obscurity Records, qui abrite en son haras une écurie de barbares pur-sang qui démembrent la musique moderne depuis quasiment ses origines. Les musiciens originaires d’Austin n’en reviennent d’ailleurs pas, et s’émerveillent de partager un box avec quelques légendes choisies, ce qui en dit long sur leur enthousiasme et leur sens de la révérence. Formé en 2015, ce quatuor de psychopathes bruitistes (Tony Goyang Jr.- programmation/basse/guitare, Jay Gorania - chant, Jake Holmes - basse, Belgor - batterie, depuis l’année dernière) n’a pas traîné avant de nous vitrioler avec sa première démo, Perversion Warfare, parue l’année même de leur formation, et attendant à peine un an avant de nous faire fondre de leur EP Of Vultures and Vermin. Il leur fallut donc trois années pour peaufiner un nouveau répertoire et se jeter dans les eaux troubles du premier longue-durée, plongeon aujourd’hui célébré par la bouée Hatred Prayer, qui n’est rien d’autre en effet qu’une méchante prière de haine. Certes, le Black/Death, nous connaissons, tout comme le Blackened Death. Rien de nouveau sur le sol maculé de la morgue, mais la façon extrême qu’à ce groupe unique de traiter la violence la plus crue lui permet d’atteindre un paroxysme trop souvent à peine frôlé par la production actuelle, et avec douze morceaux en a peine une demi-heure, l’intensité est reine et la barbarie règne. En gros, les musiciens n’hésitent pas à aller jusqu’au bout d’une démarche, tout en faisant preuve de finesse dans l’agression, en mélangeant des styles avec un panache certain.
Se réclamant d’influences ouvertes, les TRENCH WARFARE n’utilisent que les composantes les plus extrêmes de chaque genre qu’ils abordent. Citant sans gêne ni honte les références ANGELCORPSE, MORBID ANGEL, POSSESSED, BLASPHEMY, CONQUEROR, REVENGE, BATHORY, DEICIDE, BEHERIT, OBITUARY, DEIPHAGO, ou DIOCLETIAN, les texans balisent donc un terrain d’horreur assez vaste, et foncent dans le tas, mais intelligemment dans l’excès. Il n’est en effet pas rare de trouver dans un même morceau plusieurs plans qui s’entrechoquent, créant une symphonie de l’ignominie qui atteint parfois des sommets d’intensité (« Sate Thy Lust », difficile de faire plus chaotique et sauvage, même en faisant exprès). Prônant la brièveté, avec à peine un tiers des titres dépassant la barre des trois minutes, se montrant parcimonieux sur les arrangements (à part l’intro gluante et spatiale de « Decimate Legions », pas grandes fioritures), les musiciens vont droit au but de la débauche, mais nous happent dans leur monde de violence, de vélocité et de bestialité avec une foi qui laisse admiratif. Ainsi, cette fameuse entame étale une rythmique déraisonnable qu’une guitare en buzz comble de ses vibrations démoniaques, tandis que le chant, très guttural et haché complète le tableau de ses harangues vicieuses. On pense évidemment aux extrémistes de BLASPHEMY, pour cette façon de ne concevoir la brutalité que sous ses atours les plus cruels, mais il y a quelque chose d’unique dans ces attaques sadiques, une séduction dans le masochisme qui excuse ces soli primaires et dissonants, et cette naïveté dans la bestialité qui atteint une forme de pureté assez admirable.
Utilisant tous les codes d’ignominie du Death le plus underground du continent américain, Hatred Prayer égrène ses psaumes en teintant le tout d’une petite touche de Doom légère mais patente, mais surtout en assombrissant l’ambiance d’une attitude purement Black (« Spare No Wrath »), méthode visiblement héritée des plus grandes heures de la violence sud-américaine des mid eighties. Ce mélange nous donne des tranches dégoulinantes comme l’ignoble « Axioms » qui semble prendre un malin plaisir à mixer les tendances les moins avouables de REVENGE et NAILS, dans une tentative de Death/Grind compact et poisseux, mais aussi de lourdes litanies agonisantes comme « Astral Projection », voyage astral entre vie et trépas, qui se traîne d’un tempo agonisant en lignes vocales repoussantes. Associant technique affirmée (les plans de batterie valent le détour), et instinct primaire prononcé, les texans avancent donc en terrain conquis, et modulent leur optique pour lui faire épouser les contours d’une philosophie sans pitié, à base de Death poussé à son acmé, et de Black traité comme un assaisonnement corsé. Avec en sus des chœurs diaboliques et des accélérations dantesques (« Evil Shall Triumph », plus aucun doute n’est permis sur le retour de l’Antéchrist), des saillies instantanées plus Crust et lapidaires (« Young Lord », avec un son étrangement fluctuant qui renforce l’aspect underground de la chose), une poignée de riffs plus inquiétants que la moyenne (« New Lord », belle intro blasphématoire qui fout les miquettes), ce premier LP fait montre d’une maîtrise totale de l’art de l’horreur, et nous plonge dans le marigot de l’extrême le plus enfoncé dans une terre maudite qui soit, flirtant même parfois avec les ambiances les plus glauques et peu rassurantes (« New Lord » en encore, parangon d’un Death/Doom vraiment épais et dégoutant).
Un refus total de tout ce qui peut se montre abordable et accessible, des crises de violence impressionnantes (« Blood Cleansing », tellement rapide et méchant qu’on finit par ne plus y retrouver ses petits cornus), et toujours cette alternance d’oppression/agression qui rend ce premier album totalement indispensable pour tous les défroqués de la cause bruitiste, qui reconnaîtront sans peine l’un des leurs, et une future idole. Moche, légèrement désaxé, TRENCH WARFARE se veut illustration concrète d’un mouvement US qui réfute tout principe de sophistication, et qui ne voit dans l’extrême qu’un exutoire à ses démons intérieurs. Un futur grand nom du Black Death, qui en a peine une demi-heure, place ses billes et conforte sa position de valeur émergente.
Titres de l’album :
1. Decimate Legions
2. Spare No Wrath
3. Axioms
4. Barbarous Temperament
5. Astral Projection
6. Evil Shall Triumph
7. Behead Muhammad
8. Young Lord
9. New Lord
10. Blood Cleansing
11. Sate Thy Lust
12. Hatred Prayer
Yes, et demain samedi, c'est WITCHTHROAT SERPENT et ORBIS au Nirvana Pub-Club de Nancy.Si j'avais le temps de renseigner la partie gigs de ce site....
26/04/2024, 13:35
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26/04/2024, 13:35
Putain !Si j'avais été au jus de cette date, j'aurai fait le déplacement boudiou...Pis je vois que tu causes de BARABBAS à Nancy ?!Et c'est... ... ... Ce soir.Re-Putain !
25/04/2024, 13:28
25/04/2024, 12:44
ça me fait penser à moi ivre mort parodiant Maurice Bejart, sur fond de Stravinski. Plus glucose, tu meurs. Mauriiiiice !
25/04/2024, 10:28
Mes confuses malgré mon instinct qui tapait dans le juste, rien avoir avec le gaillard à qui je pensais.
24/04/2024, 14:26
Vu récemment avec Napalm Death, et ça faisait plaisir de voir que beaucoup de gens connaissent leur Histoire du Death Metal car il y avait de vrais fans. Surtout, la formule D-Beat basique et efficace du père Speckmann fonctionne bien en live
23/04/2024, 09:55
Excellent disque avec un gros point fort sur le riffing atomique. La pochette m'évoque clairement celle de Nothingface, version bio-mécanique
22/04/2024, 18:04
Ca fleure bon le vieux Kreator période Pleasure to Kill ! Prod' crade, aux antipodes des trucs surproduits de certains groupes et quand ça speede, ça rigole pas.
21/04/2024, 19:52
Là clairement le label est dans son droit à 100%. Warner a racheté l'ancien label de Kickback, ils en font ce qu'ils veulent du catalogue. Après, l'élégance, une telle multinationale elle s'en beurre la raie. Mais je peux comprendre qu(...)
20/04/2024, 23:36
Mouiii, pas faux. Les gonzes ont signé.Mais ça me rappelle Peter Steele qui avait voulu défenestrer un type dans les bureaux de Roadrunner après avoir découvert que le label ressortait les albums de Ca(...)
20/04/2024, 20:06
Attention, les mecs ne se font pas "enfler". C'est juste que Warner ne leur a pas demandé leur avis pour rééditer le bazar et les mecs parlent donc d'édition pirate, alors que Warner a bien les droits sur le disque. Après, Kickback, ce ne son(...)
20/04/2024, 06:26
Non bien sûr je plaisantais, M'sieur Heaulme. Un artiste qui se fait enfler a mille fois raison d'en parler ! Et je sais malheureusement de quoi je parle.Respect pour Kickback. Content que tu les pu voir ce docu.
19/04/2024, 18:08
@Tourista :- "On s'en cogne"Bah non...- Tu t'es achement bien rattrapé avec ce docu qui était totalement passé à côté de mes radars.Exceptionnel.C'est pas C8 qui passerait ça bordel...
19/04/2024, 15:54
Au lieu d'aller baiser des gamines et des ladyboys à Bangkok, Stephan aurait dû apprendre à lire les contrats qu'il signe.
19/04/2024, 15:20