Terminons donc aujourd’hui la série consacrée à la trilogie de démos publiées par les suédois de Blood Harvest, en rendant visite à nos amis australiens, un peu coupés du monde là-bas, mais diablement au fait des soubresauts extrêmes qui agitent la planète. En choisissant de compiler le même jour trois publications gravitant autour du même thème, le label scandinave nous a donc offert un joli tour d’horizon de la situation Death mondiale, ce Death barbare et putride que nous affectionnons tant, et qui visiblement se porte très bien depuis sa création. Aujourd’hui, les honneurs reviennent à un combo de Brisbane, qui se différencie de ses deux homologues OSSUARIUM et OBSCENE, en se concentrant sur une forme de Death très brutale et plus volontiers rapide, symptomatique de la démarche la plus américaine du genre. Mais plutôt que de parler d’un groupe, parlons plutôt d’un musicien, puisque derrière le nom de CRYPTIVORE se cache celui de Chris Anning qui s’est chargé de toute la conception de cet initial Unseen Divinity, disponible en version digitale et CD depuis le mois de novembre sur son Bandcamp. Cette tape de Blood Harvest propose d’ailleurs un visuel bien différent de celui choisi au départ, qui se rapprochait de la sacro-sainte pochette du Mean des FILTHY CHRISTIANS, avec description très graphique de cadavre à même le sol. Mais musicalement, les comparaisons n’ont pas lieu d’être, les références de sieur Anning se situant plutôt du côté des CARCASS, de TERRORIZER, voire même de la clique Gore des REGURGITATE, sans tomber dans les mêmes travers d’automatismes régurgités à grands coups de riffs prémâchés.
Mais l’homme est productif, et pour le moins efficace. Prenant en charge tout l’aspect instrumental de l’affaire, il s’en tire à merveille en signant des plans pour le moins nauséabonds et macabres, et en distillant à intervalles réguliers des breaks pesants aux guitares en berne. Pas forcément le plus créatif des trois groupes propulsés aux devants de l’actualité le 16 février de cette année, le projet CRYPTIVORE n’en est pas pour autant l’un des moins convaincants, même si son Death cherche plus l’efficacité que l’ambiance renfermée, malgré quelques thèmes troussés assez inquiétants. Ici, la violence est mise au même niveau que la malséance, et on se prend même parfois à rêver aux côtes scandinaves, lorsque le vent fouettait notre visage d’effluves en putréfaction du GRAVE de « Hating Life » (« Abhorrent Vivisection »). Le Death de l’australien bouffe donc un peu tous les restes qui traînent, se nourrissant principalement de charognes du désert floridien US, mais ne rechignant pas à picorer les viscères des cadavres suédois, tout en avançant constamment à pleine vitesse, histoire de prouver son allégeance au Death/Grind le plus puissant. Et aussi classique et formelle soit cette démo, elle fonctionne, de par sa brièveté évidemment, restant sous la barre du quart d’heure, mais aussi par sa pertinence, qui ose des motifs mélodiques nécrophiles en inserts de riffs barbares et mortifères. Vocalement, Chris joue la gravité, qui sied parfaitement aux thèmes qu’il tricote en arrière-plan, et si la boîte à rythmes montre clairement ses faiblesses, le reste est suffisamment solide pour en supporter les travers.
Dotée d’une production d’époque - la trademark de cette salve de sorties - cette démo fait la part belle à l’agression caractérisée des années 91/94, en suggérant quelques accointances avec SUFFOCATION, ASPHYX, mais aussi MORTICIAN, en version beaucoup plus tempérée et professionnelle, et lâchant quelques clins d’œil en direction du CANNIBAL CORPSE le plus sévère, sans pour autant plagier les plans des géants précités. Unseen Divinity, et ses sept courtes pièces de barbaque ne fait donc ni dans la crépinette dentelée ni dans la charcuterie ouvragée, mais bien dans la boucherie fatale et pas forcément bien briquée, ce que l’introductif « Raining Human Debris » prouve de ses riffs parfois catchy, mais surtout de son texte bien crade et pourri. Ambiance à la CARCASS pour un Death aussi sale qu’entraînant, mots qui frisent le blasphème absolu (« Smoking The Vatican (Low & Slow) », et enchaînements sans temps mort qui pendant treize minutes nous offrent un étalage de sévices musicaux tous aussi radicaux les uns que les autres, genre maniaque à la hachette qui nous attend au détour d’une maisonnette, pour nous assaisonner façon museau vinaigrette servi à la table de cannibales en goguette. C’est épais, lourd, gras, mais étrangement, ça se digère plutôt facilement, et ça ne reste pas sur l’estomac. Mais l’homme devra prouver en longue durée qu’il est capable de tenir la cadence d’abattage et de production, sans devenir redondant, ce que laisse pourtant présager quelques idées disséminées qui ont salement tendance à se ressembler.
Mais en l’état (saignant), cette première démo du one-man-project CRYPTIVORE est méchamment savoureuse, et vient donc refermer cette trilogie proposée par le label Blood Harvest, qui a décidément beaucoup de goût en ce qui concerne le Death de fou. Espérons que vous ayez pu y picorer de quoi vous sustenter, et pour refermer cette parenthèse, je dirais que toute cette violence m’a mis fort aise, et que je m’en vais rassasié, et rassuré quant aux capacités des musiciens du monde entier de propager des théories en vogues dans les décennies passées. Du sang, des tripes, de la bidoche. On ne résiste pas à des conceptions aussi moches.
Titres de l'album:
Voyage au centre de la scène : chronique We Are French Fuck You! III
Jus de cadavre 17/09/2023
C'est un peu ce qui m'emmerde depuis 20 piges : beaucoup de technique, de dextérité musicale, des productions de tueurs......mais c'est de plus en plus difficile de trouver du gâteau sous le glaçage.Je discutais hier encore avec un jeune vendeur da(...)
30/09/2023, 12:23
Il y a quand même quelque chose qui distingue un groupe immense d'un autre, c'est le songwriting. Et ça, ça ne se copie pas.
29/09/2023, 20:11
Ah la vache, c'est carrément bien foutu mais ça tient quand même de la copie carbone. Limite un peu honteux.Comme toi, Arioch, je vais plutôt attendre l'original que la photocopie.
29/09/2023, 13:14
Toujours trop court, pour ça que je n'en écoute quasiment jamais mais mazette, quel clip !
29/09/2023, 10:47
Bon. Si jamais Vektor se vautre avec son prochain album, au moins la relève est assurée : Venus.Perso, je vais attendre Vektor.
29/09/2023, 08:18
Je viens de me rendre compte que j'ai confondu Hecate Enthroned avec le groupe belge Enthroned... qu'il repose en paix....
27/09/2023, 10:53
ça fait drôle, le mini de 96, (dans le format on peut en citer une palanquée de plutôt cool à l'époque : Dismal, Gehenna, Mundanus, Troll, Aeternus, Tartaros..) m'avait marqué à sa sortie., ado découvrant le style depuis peu ((...)
27/09/2023, 08:12
Thank you (Stéphane Bellehumour) for listening and Thank you (mortne2001) for the review..
25/09/2023, 04:01
Bonjour, l'album est déja sorti sur digital le 15 Aout, le 13 Octobre est la date du release CD
24/09/2023, 19:20
à bientôt le 30 septembre à Chalons-En-Champagne avec MASSIVE CHARGE, CHABTAN et PUTRID OFFAL, ça promet !
24/09/2023, 17:45
Merci pour l'élogieux commentaire, ça fait grand plaisir !!! Nous tenons à remercier ici toute l'orga, autour de Jo, Rémy et Fabrice, qui s'est investie corps et âme dans cette belle journée ! Salut à toutes et tous, à bient&oc(...)
24/09/2023, 11:58