Wildnite

Wildnite

13/04/2018

Playground Music

Des nordiques reprenant à leur compte des recettes moult fois éprouvées des 80's? Quelle surprise, mais pour une fois, les lascars ne s'en viennent pas de Suède, mais bien de Norvège. Et là n'est pas la seule variation qu'ils offrent sur le même thème, puisque les membres de ce quintette, loin d'être de vieux briscards ressembleraient plutôt à de très jeunes passionnés. Semblant à peine sortis d'une adolescence passée à disséquer les œuvres majeures d'une décennie d''honneur pour le Hard-Rock, les WILDNITE jouent crânement leur carte, et la jouent plutôt bien, même si leur musique n'est pas forcément dégagée des obligations contractuelles. Ils l'avouent eux-mêmes, la génération MTV des musiciens peroxydés les a profondément traumatisés, et c'est donc sans aucune gêne qu'ils nous proposent ce premier album qu'on croirait exhumé des caves de Californie durant la grande folie du Cathouse et du Roxy. Mais en choisissant de ne pas choisir entre exubérance typiquement américaine et âpreté européenne, les cinq originaires de Lillestrom dévoilent donc un joli panoramique des modes en vogue il y a trente ans, lorsque les combos US rêvaient d'une crédibilité anglaise, et que les musiciens anglais fantasmaient sur un hold-up des charts d'outre-Atlantique. Ayant travaillé d'arrache-pied ces deux dernières années, la jeune bande a développé de beaux arguments, et nous délivre donc un premier LP éponyme qui ne fait pas tâche dans la production nordique actuelle, et qui s'inscrit même dans une logique tout à fait respectable. Des morceaux simples, aussi emprunts de Glam que de Hard-Rock mélodique, pour quarante-cinq minutes de voyage organisé dans le passé...Mais laissons leur parcours les présenter...

Sigurd Østerbø Søbye (Jizz), Michael Bjerkan (Magic Mick), Marius Tangen (Nikki Starr), Glenn Erik Sandbekkbråten (Eric Rotz) et Karl Fredrik Knutsmoen (Kailey Deville) ont donc le cheveu long et rebelle, le bandana vissé sur le front et les fanfreluches bien accrochées au pantalon. Leur party-music, très crédible dans les faits tapisse donc les murs de photos de leurs influences, qu'ils nomment d'ailleurs sans détour sur leur page Facebook. C'est donc à une énième relecture des aînés de MÖTLEY CRÜE, FIREHOUSE, DOKKEN, GUNS 'N ROSES, WHITESNAKE, RATT, BON JOVI, BADLANDS, AEROSMITH et EXTREME à laquelle nous avons droit, avec ce petit surplus inhérent à une jeunesse pas encore enterrée. L'apprentissage est donc toujours en cours, et autant jouer franc jeu et admettre que les norvégiens n'ont pas encore les épaules de leurs camarades de passion. Ce qui ne les a pas empêché de tourner avec des têtes d'affiche confirmées, dont Chris HOLMES, les ELECTRIC BOYS, les QUIREBOYS, ou Uli John ROTH, et de remporter quelques tremplins leur ayant permis de faire le plein. Alors, cette musique, de quoi parle elle au fait? Des obsessions majeures d'une décade de décadence, des filles donc, de la fête, de l'alcool et autres préoccupation de juvenile delinquent désirant s'affranchir du poids de l'existence via une fête permanente, et c'est sans aucune surprise que nous entendons des lyrics assez légers, mais parfaitement adaptés. Et au demeurant, ce ne sont jamais les textes qui nous ont fascinés, mais plutôt la musique, et de ce côté-là, le quintette est assez bien paré. Difficile d'établir une comparaison fiable avec une entité unique, puisque les WILDNITE bouffent à tous les râteliers, petit-déjeunant Glam pour mieux déjeuner Hard Rock, et goûtant mélodique pour dîner Heavy, dans un désir constant de tremper ses doigts et sa langue dans tous les mets proposés. Si l'ombre du Sleaze californien plane bas au-dessus de leurs hymnes teenage, on sent aussi de méchantes traces du DEF LEPPARD des débuts, mais on aperçoit aussi l'ombre des PRETTY BOY FLOYD, de D.A.D., et même des ENUFF 'Z'NUFF de temps à autres, lorsque le propos se sensibilise et ose jouer la tendresse, toujours de mise (« I Remember You »).

Si le niveau instrumental ne trahit aucunement une quelconque faiblesse liée à l'âge, si les compositions nous mettent souvent en nage, elles peinent toutefois à nous mettre en transe, le fond restant léger et allusif et la forme encore un peu tendre. Certes, les refrains sont bien troussés, les soli bien flambés, mais la voix du leader est encore un peu fluette pour nous prendre aux tripes, même si parfois le quintette ose l'allusion WHITESNAKE plus que patente. La crédibilité old-school est évidemment indéniable, puisque même la production va piocher du côté des studios californiens des années 80, sans oublier des emprunts qui ressemblent parfois un peu à des plagiats, lorsque les norvégiens n'hésitent pas à citer Nikki Sixx dans le texte, le confrontant au David Coverdale de Slip of The Tongue (« Nitetime », qui déclame du « Same 'Ol Situation » version WHITESNAKE 1990, bien vu, mais encore un peu trop apparent). Mais comme tout est revendiqué et que la passion exagérée est assumée, la pilule passe plutôt bien, surtout lorsque les racines scandinaves prennent le dessus pour suggérer une admiration envers les frangins Binzer (« Back On The Bottle », plus D.A.D. que ça, tu meurs de froid). Révérences, génuflexions, mais aussi attitude frondeuse qui leur permet de faire passer la nostalgie pour une vraie passion tueuse (ce qu'elle est sans conteste), et ce, dès le début de leur LP introductif, qui place sur le chemin un « I'll Be There » au riff bien charnu et aux chœurs bien tenus. En trente ans le principe n'a pas changé, et on se demande même parfois si le Alice Copper le plus perméable au Billboard ne repointe pas le bout de son nez (« Tears 'n Fire » et son faux-air de « Feed My Frankenstein » sur les couplets, qui dérive Desmond Child/BON JOVI sur le refrain), tandis que le Hard N' Sleaze semble même plus frais qu'à l'époque («Rippin' It Up », un peu BLACKRAIN, un peu ZODIAC MINDWARP).

Plus exercice de style que véritable perle qui brille, Wildnite confirme encore plus la domination nordique sur le vintage typique, et n'hésite pas à appuyer sur la pédale des poncifs pour nous en convaincre (« Back For More », plus MÖTLEY CRÜE qu'un slip de Tommy Lee). A tel point qu'une fois passée la surprise, on se prend à attendre autre chose qu'une découpe en calque des albums les plus symptomatiques de l'époque. C'est incontestablement très joli, très bien produit, le look et l'attitude sont là, mais espérons quand même qu'en grandissant les cinq norvégiens apprendront que ce n'est pas toujours en curant le fond des meilleures vieilles peaux qu'on fait les meilleures croûtes. Mais en substance, et en faisant preuve d'un minimum de tolérance, ce premier LP des WILDNITE passe méchamment bien la rampe, pour peu qu'on en oublie qu'il n'est encore qu'un habile sosie.


Titres de l'album:

  1. I'll Be There
  2. Tears 'n Fire
  3. Rippin' It Up
  4. I Remember You
  5. Dr. Pain
  6. Into Your Eyes (2018 Version)
  7. Rock on the Radio
  8. Nitetime
  9. Back on the Bottle
  10. Rock It
  11. Days of No Trust
  12. Back for More

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par mortne2001 le 11/05/2018 à 18:10
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@SalmigondisJe sais pas si tu veux quelque chose qui fait plus l'unanimité j'ai vu Morbid Angel au bout et c'était de la merde, une prestation robotique au possible, j'ai pris plus de plaisirs sur des trucs plus locaux à la con. Il faut savoir tourn(...)

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Mais quelle bande de clodos...tout le monde se branle du batteur sans déconner. Se faire du fric de cette manière c'est franchement pathétique. Massacra est mort et enterré...qu'il le reste pour conserver son statut CULTE. Honte &agrav(...)

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Ben tu m'étonnes, DPD, d'être passé à autre chose.  En même temps, quand on a eu ces groupes là comme entités fétiches, on ne peut qu'aller de l'avant. C'est comme partir de zéro (je plaisante

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Lors du dernier concert de Motorhead auquel j'ai assisté, Lemmy était... pathétique (mais pas loin). Et pourtant il était planté sur ses quilles. Alors jouer assis avec Parkinson en bandoulière ? Business is business, la machine à biftons DEVA(...)

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@HumungusJe fais une exception pour Motörhead (que je n'apprécie pas plus que ça) parce que Lemmy était sous un haut dosage de drogue/alcool pour tenir le coup et pas s'écrouler sur une chaise.

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DPD

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@LeMoustre : espèce d'abruti... le but du concert, outre le fait que c'était un évènement caritatif, c'était qu'Ozzy puisse faire des adieux en bonne et due forme à la scène, chose qu'il n'avait pas pu réaliser (...)

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