J’ai certes des goûts très précis, quel que soit le style, mais lorsqu’on m’allèche avec une pochette photocopiée et un son de charleston cru, je craque immédiatement. La vague old-school commence à refluer sur les côtes, mais inonde quand même quelques maisons de vacances, spécialement lorsqu’elle charrie les algues moisies d’un Death Metal estourbi. D’un côté, le Death technique et moderne, de l’autre, celui qui se vautre dans sa propre fange et qui exhale d’une odeur fétide de pourriture et d’égouts fluviaux. Mon préféré évidemment.
Oui, de temps à autres, la précision m’ennuie et la clarté me pèse. J’ai besoin d’une sérieuse dose de riffs faisandés et d’une attitude frondeuse pour affronter une journée de plus, et en ce mardi du mois de février, ce sont les suisses de TREPHINING qui m’épaulent pour cette traversée de vingt-quatre heures aussi détestable qu’elle n’est morne. Mais finalement, excitante et odorante. Alors, allez savoir…
Zurich, les bijouteries, l’exil fiscal, les grosses bagnoles et les capitalistes en goguette. Une image d’Epinal qui en vaut une autre, mais surtout un cliché qui a la vie dure. Ce quatuor sorti de nulle part (N - chant, B - batterie, J - basse et H - guitare) brise les tabous, et prouve que la Suisse du chocolat et des banques n’est qu’un aspect d’un pays aux secrets plus enfouis et aux problématiques plus complexes. Ainsi, comment définir la réaction humaine face à la souffrance et la mort lorsqu’on vit dans le stupre et les gâteaux à trente euros ?
La réponse est directe, abrupte et violente de franchise : en hurlant à la mort, et en plaquant les riffs les plus décatis du système créatif.
Pour un premier disque, Cranial Offerings domine son sujet et s’accroche à une vision très passéiste du Death Metal. Quelque part entre AUTOPSY, les premiers DEATH, DISMEMBER et MORGOTH, pour un plaisir intense sous linceul bien crado. Enregistré selon les canons de l’époque, produit à la louche pour ne pas perdre cet impact grumeleux qu’on aime tant, allusif au Crust, au Thrash, mais aussi aux labels les plus underground qui soient, Cranial Offerings est un festival de saleté et de méchanceté. Pas d’échappatoire, les rythmiques vous bousculent alors que la guitare vous entule, laissant le chant officier comme un messager morbide partageant ses horreurs comme des missives de fin du monde.
J’ai évidemment totalement craqué pour cet album impoli à l’extrême. Il m’a donné le sentiment d’être exhumé d’un vieux tiroir des studios de Tampa, alors même qu’il n’en a guère la précision. Nous sommes loin des produits calibrés de l’époque qui sonnaient tous de la même façon, et cette patine subtilement Hardcore permet à l’introductif « Nosferatu » d’imposer sans ambages sont point de vue, absolutiste et ferme comme un cadavre encore frais. Ou chaud, selon le point de vue.
Le principe de développement est simple. Un riff porteur joué jusqu’à l’épuisement, une batterie au rendement optimal, une attitude Punk qui refuse les convenances et les formules de politesse, et un « Nocturnal Hunger » terriblement efficace, au beat plombé et stable, et à la vilénie presque palpable dans le noir. Espaçant l’inspiration pour ne pas risquer la répétition, TREPHINING est un passionné du passé, et nous sert encore fumants des mets traumatisants pour le palais. Des trucs moisis qu’on avale comme on regarde un épisode de Demain Nous Appartient.
« Pile of Corpses » s’amuse beaucoup de ses propres images, piétinant un charnier découvert par hasard pour le transformer en jenga géant de fémurs, crânes et cotes. On en retire un sans faire bouger les autres, mais l’équilibre étant très stable, la partie est biaisée d’avance. En mode oppression, le quatuor est efficace comme un escadron de mouches se posant sur une tranche de bœuf. Son imagination macabre lui permet de recycler des idées traditionnelles pour les rendre plus personnelles, ce qui donne parfois lieu à des surprises comme ce très méchant « Corporal Punishment », avocat du diable des châtiments corporels à la règle et à la boucle de ceinture.
Hideux et visqueux, ce produit mérite un emballage à la hauteur de ses fuites. Il coule dans le sac plastique comme des substances s’échappant des orbites, et l’embaumement reste assez approximatif. Pas grave si quelques saloperies tombent par terre, on nettoiera plus tard, lorsque la « Rigor Mortis » aura fait son office entre les orifices.
Claqué, sans compromis, mais assez intelligent pour ne pas se faire avoir par la facilité, ce premier long vous donne un bon aperçu de ce qui vous attend une fois votre organisme éteint pour l’éternité. La mort, ce qui s’ensuit et que personne n’a encore décrit, et entre les deux, un sadisme de médecin légiste qui s’amuse de son scalpel et autres instruments de découpe et de pesée.
TREPHINING parvient à sonner groovy et pourri. Pas la moindre des gageures, et qui découle sur une œuvre attachante, qui rebondit de plan en plan comme une puce sur un vieux clébard. On aurait presque envie parfois de hurler « Zombie Ritual », même si le quatuor zurichois est plus proche d’une école suédoise expatriée que d’une méthode Assimil floridienne usée.
Titres de l’album:
01. Nosferatu
02. Bezoar
03. Skinned Alive
04. Nocturnal Hunger
05. Pile of Corpses
06. Corporal Punishment
07. Rigor Mortis
08. Dead Yet Starving
09. Ossuary
Deafheaven > Black Sabbath d'ailleurs, aucune hésitation. quelle chanson de Black Sabbath atteint le niveau d'intensité de Dream House ?
10/07/2025, 21:43
T'aimes ça hein le cuir et le metal salace, je préfère Patrick Sébastien, je le trouve moins pédé. Le petit bonhomme en mousse on s'en rappelle, ça c'est une chanson qu'on oublie pas, comme ce que te chantais ta maman..
10/07/2025, 21:36
@DPD : putain, cette merde de Chat Pile, de la noise bâtarde gay friendly qui pompe Godflesh et Korn. Et dans un autre post, tu parles de Deafheaven. Mais mec, arrête de donner des leçons et va donc faire une Bun Hay Mean.
10/07/2025, 21:20
Et ce qui s'est fait de marquant question death c'était le dernier Dead Congregation et le surprenant Reign Supreme de Dying Fetus. Et qu'on me parle pas de Blood Incantation tout est impeccable, il y a beaucoup de travail derrière, mais aucune symbiose entre les part(...)
10/07/2025, 15:17
L'underground est pas une qualité en lui-même, le dernier concert que j'ai vu t'avais les groupes qui enchaînent les plans thrash-death-black sans aucune cohérence, du sous Deathspell Omega (désolé mais dans le black dissonant tu seras toujou(...)
10/07/2025, 15:09
C'est à peu près le constat que nous sommes plusieurs à faire me semble-t-il, mais je mettrais tout de même Converge, The Dillinger Escape Plan ou Botch ailleurs que dans le metalcore. Mais pourquoi pas. ;-)@Jus de cadavre "Je crois qu'il faut acce(...)
10/07/2025, 14:34
@GPTQBCOVJe suis horrifié par l'idée de finir comme ça, voir Darkthrone se réduire aux lives jouant la fameuses trilogie pour payer les affaires courantes notamment des frais de santé, la social-démocratie m'en sauvera j'imagin(...)
10/07/2025, 14:16
Non mais même le metalcore t'avais la grande époque de Converge, Dillinger Escape Plan, Botch et compagnie...certains parleraient de hardcore chaotique mais bon. T'avais pas que de la musique lisse à refrain, ce n'est pas le diable que certains veulent peindre.&(...)
10/07/2025, 13:47
Si le Metalcore était à la mode il y a 20 ans, disons alors que (malheureusement) cela perdure car 1/4 des groupes jouant dans de gros et moyens fests ont un qualificatif se terminant par "core".
10/07/2025, 13:22
Cela m'espante toujours de voir des festivals complets (ou presque) un an à l'avance sans avoir annoncé aucune tête d'affiche.Le public est devenu très friand des gros festivals. Je pense évidemment à toute cette frange de festivalier(...)
10/07/2025, 12:23
Certains commentaires sont à côté de leur pompes, la grande mode du metalcore c'était il y a quoi ? 20 ans ? la bizarrerie c'est que pas mal de ces gens sont passés au black-metal pour une raison que j'ignore ce qui donne toute cette scene en -post(...)
10/07/2025, 12:04
Ce groupe est une pépite. Je reste encore sous le choc de The Crowning Quietus par exemple !
10/07/2025, 08:38
Et oui le Fall of que c'était dingue mais pas de monde pour pouvoir continuer
09/07/2025, 23:09
Je vais au Hellfest l'année prochaine depuis 2010 et je sais pertinemment que le métal extrême n'y a plus trop sa place et dieu sait que j'adore le black et le death mais je suis fan de musique et musicien avant tout et j'aime aussi cette diversité. (...)
09/07/2025, 23:07
Cette année, j'ai fait le Anthems of Steel et le Courts of Chaos. A l'automne, ce sera probablement le Muscadeath. Les festivals, ce n'est pas ce qui manque. D'ailleurs, plus ils sont passionnants dans la programmation, moins la fréquentation est importante. Biza(...)
09/07/2025, 21:39
Content de ne plus perdre mon temps, mon argent, mes nerfs et mes espoirs avec ce fest qui est devenu une totale foire aux neuneus.J'ai souvenir d'un site avant 2010/2011 avec encore peu de déco (c'est relatif mais comparé à ce que c'est devenu....)(...)
09/07/2025, 20:31