C’est le it band du moment. Le truc qu’il faut absolument connaître et écouter, comme on en rencontre un ou deux par an. Les raisons sont souvent purement mercantiles ou promotionnelles, mais dans le cas de THE YAGAS, la hype est due à la présence dans le groupe d’une figure artistique bien connue des amateurs d’horreur contemporaine. Dès l’annonce de la formation, le nom de Vera Farmiga a circulé dans les rédactions et affolé les téléscripteurs. L’actrice tête de gondole de la franchise The Conjuring se lançait donc dans la musique, en compagnie de quelques associés triés sur le volet et rencontrés à la Rock Academy (une école dirigée par Jason Bowman, batteur du quintet). Immédiatement, le monde de l’underground a commencé à fantasmer sur le résultat, l’actrice étant peu connue pour sa passion musicale. Deux ans plus tard et pas mal de plans sur la comète, le résultat de tout ce tapage médiatique est disponible en version album, et il est tout bonnement…
…bluffant.
J’en étais longtemps resté aux tentatives pathétiques d’acteurs foireux tentant une glissade vers la chanson avec encore moins de bonheur. Et l’inverse aussi d’ailleurs. Mais les artistes ont pigé depuis longtemps qu’un effet de manche n’était plus suffisant pour convaincre les masses, et qu’il fallait bosser aussi dur - sinon plus - que les autres pour imposer sa griffe. En connaissant les origines ukrainiennes de Vera, nous étions en droit d’espérer quelques accents slaves, fondus dans un creuset d’influences plus américaines, et c’est presque exactement ce qui s’est produit. Autour de la chanteuse, quatre musiciens, avec outre le batteur Jason Bowman, Renn Hawkey de DEADSY (claviers), Mark Visconti (guitare) et Mike Davis (basse). Quatre musiciens en phase, avec en front Renn Hawkey, trop heureux de s’échapper de son groupe principal pour tenter d’autres déviations, plus intimistes, plus sombres, et surtout, plus…autre chose.
En totale autoproduction, loin des circuits habituels, THE YAGAS s’appuie sur le mythe de Baba Yaga, figure marquante de la mythologie slave. Divinité chasseresse ou simple sorcière, en passant par le chef travesti du rite d'initiation des sociétés primitives, la Baba Yaga n’existe pas en dehors du folklore slave, mais reste une figure de proue des légendes locales. De nombreux films ont été tirés de cette figure Folk par excellence, avec plus ou moins de bonheur, et aujourd’hui, la déesse/sorcière se trouve une nouvelle fidèle prête à louer sa grandeur au travers d’une dizaine de titres qui assemblés, dessinent un monde assez particulier, en convergence de plusieurs réalités et autres contes.
La première question qui se posait sur le concept était évidemment sa viabilité. Réunir des passionnés et les laisser enregistrer ce qui leur passe par la tête est une chose, que le résultat soit fascinant ou tout du moins intéressant en est une autre. La présence d’une actrice de renom suffit pour faire frémir les webzines, mais seul le talent permet à l’étincelle de devenir un feu de joie. Et sans surprise, THE YAGAS en est une très agréable pour les oreilles, et ce, pour plusieurs raisons.
La première, la qualité de sa musique. Loin de se contenter d’un vague Rock alternatif nimbé d’un linceul pseudo gothique, Midnight Minuet est une véritable plongée dans la psyché d’une artiste en pleine possession de ses moyens, usant d’effets pour accentuer la portée de sa voix, mais procurant une dose d’émotion non négligeable. Vera, à la beauté diaphane et au visage sculpté à la perfection se révèle frontwoman pleine d’assurance, largement soutenue par un backing band des plus capables. Si l’ensemble revêt la longue toge des admirateurs de la nuit des diverses décennies (EVANESCENCE, MIRANDA SEX GARDEN, SIOUXSIE AND THE BANSHEES), la congrégation se permet pas mal de gestes plus personnels, plus Pop oserons-nous dire, mais aussi plus Classic Rock, lorsque l’atmosphère se détend et tend vers un sujet plus généraliste sur le très enthousiasmant « Pullover ».
Trois vidéos/singles ont déjà été extraits de Midnight Minuet. « The Crying Room », « She’s Walking Down » et « Life of a Widow » dont Vera parle en ces termes :
« Life Of A Widow » est un chant de lamentations. C’est un chant qui incarne ce prodigieux adage: « Pourquoi m’as-tu abandonné ? ». La chanson parle de cette envie de sentir une nouvelle fois la présence d’un être cher. C’est le voyage d’une âme qui désire, qui supplie de briser l’insupportable silence de la solitude, juste pour entendre encore une fois la voix de cet amour, sentir à nouveau son contact.
Loin d’un gimmick Gothic Rock de plus, THE YAGAS est une entité à part entière, et surtout, extérieure à tous les autres implications de Vera. Elle partage ici le mérite en cinq parts égales, en ajoutant un bonus pour les techniciens que sont Brian Virtue au mixage (DEFTONES, 30 SECONDS TO MARS) et Emily Lazar au mastering (BECK, COLDPLAY). Ces sept artistes sont donc parvenus à un consensus qui fédère tout le monde, et qui permet même parfois de se faire plus direct, plus Rock et moins maniéré sur le punchy « She’s Walking Down ».
Mais l’univers central du groupe reste d’une mélancolie presque tangible. On pourrait presque sentir l’aile du corbeau nous caresser la peau tant la pénombre est omniprésente, et les vêtements tous d’un noir de jais. La meilleure illustration de cette tristesse de surface reste le final « Midnight Minuet », danse nocturne pour louer les divinités anciennes, et ne plus faire qu’une avec elles.
J’en reste sur « The Crying Room » qui est la prise de contact la plus à propos que le quintet pouvait choisir. Magnifiquement illustré d’images boisées et de mystères de forêt, ce morceau est l’ADN d’une association encore plus alléchante sur disque que sur papier. Rythme doux qui coule comme un ru, chant désincarné mais à la fois passionné, pour une introduction qui n’est pas sans évoquer une association entre Natasha Khan et Amy Lee.
Je laisse à votre appréciation le reste du tracklisting, pour vous laisser découvrir ce qui pourrait vous convenir. J’ai mon avis sur la question, mais j’avoue que la concrétisation de ces deux années de fantasmes est un plaisir qu’on ne peut pas se refuser.
Titres de l’album
01. The Crying Room
02. I Am
03. Life of a Widow
04. Anhedonia
05. Pendulum
06. Charade
07. Bridle
08. Pullover
09. She’s Walking Down
10. Midnight Minuet
Avec Massacra legacy, ça commence nettement à avoir plus de gueule ! Reste à voir la suite des annonces. Mais je crois que je vais plus préférer le Westill le mois suivant au même endroit cette année, déjà Elder et Wytch Hazel de confi(...)
13/05/2025, 07:48
Mea culpa....J'avais pas vu la news en première page - j'ai été directement te répondre.
12/05/2025, 14:33
S'il est du même acabit que le The Cthulhian Pulse: Call From The Dead City sorti en 2020, Mountains of Madness risque d'être un allday listening pour moi.J'ai hâte, bordel !
12/05/2025, 13:44
J'étais passé totalement à côté de cette petite pépite de Death Suédois!Vieux moutard que jamais!Puteraeon glisse de belles ambiances lovecraftiennes sur cet album et les arrangements apportent un plus à l'ensemble.
12/05/2025, 13:42
Necro est sympa, avec de bons passages groovy et d'autres où le groupe envoie du bois.Pas sûr de l'écouter durablement, d'autant plus que le prochain Puteraeon sort le 30 avril prochain.
12/05/2025, 13:40
Sentiment mitigé pour ma part Le chant de Johan Lindqvist n'atteint pas un pouïème de ce qu(...)
12/05/2025, 13:38
Au vu de la dernière vidéo-ITW en date du gonze sur ce site, pour ce qui est de "feu sacré", il a toujours l'air de l'avoir le mec.Je pars donc confiant.
08/05/2025, 09:17
@ MobidOM :oui, pas faux pour la "captation d'héritage" ! :-/ En même temps, s'il a encore le feu sacré et propose un truc pas trop moisi... De toute façon la critique sera sans pitié si le truc ne tient pas la(...)
07/05/2025, 11:52
Ah ce fameux BRUTAL TOUR avec Loudblast / MASSACRA / No Return et Crusher en 95 ! LA PUTAIN de bonne époque
07/05/2025, 11:04
@ Oliv : Montpellier étant une ville et une agglomération plus petite que Lyon, il n'y a véritablement de la place que pour deux petites salles orientées Rock-Metal-Punk-etc, à ce qui me semble après vingt-cinq ans d'observation. Au-delà,(...)
06/05/2025, 20:29
"Death To All", à chaque fois que je les ai vu ils avaient un line-up tout à fait légitime (dont une fois tous les musiciens qui ont joué sur "Human", à part Chuck bien sûr)Et puis la phrase "Chris Palengat pr(...)
06/05/2025, 20:28
Je ne vois pas beaucoup l'intérêt, et je ne comprends pas pourquoi ils n'ont pas attendu les trente ans de l'album l'an prochain. Ces dernières semaines je me retape les premiers, et ça reste un bonheur.
06/05/2025, 19:29
Vénérant ces albums et n'ayant jamais vu la vraie incarnation de Massacra, hors de question de louper ça (si ça passe à portée de paluche, pas à Pétaouchnok). Un peu comme un "Death To All"...
06/05/2025, 17:11
Ils sont juste trop faux-cul pour assumer le statut de tribute band, voilà tout.
06/05/2025, 16:15