Voilà un groupe qui tente un nouveau comeback, le deuxième de sa carrière, entamée en...1985. Difficile à croire, mais THALIA a bien fait partie du Néo-Progressive boom des années 80, même s’il n’a rien produit de notable avant les années 90. Et encore, si l’on tient compte des démos, puisque son premier album a dû patienter jusqu’en l’an 2000 pour voir le jour. Et alors qu’on pensait l’affaire enterrée avec les bijoux de famille, le phœnix renaît de ses cendres pour s’envoler une fois encore au-dessus des cieux Metal et Rock.
D’aucuns diraient, « mais quelle importance » ? Si le caractère anecdotique de cette renaissance frappera de plein fouet les consciences les plus en prise avec leur temps, d’autres au contraire accueilleront ce renouveau les bras ouverts, et les oreilles excitées comme des puces. Ya-t-il de quoi ? Oui, oui, encore oui, et un énorme bien sûr. Car loin d’être un retour de flamme tiède et sans chaleur, The River Of Books s’avère un album de Progressif moderne, avec cette petite touche de classicisme si symptomatique des fans de YES ou ASIA.
Mais les THALIA jouent du Metal. Même si leur musique garde ce lien avec le Rock plus généraliste, les guitares savent aboyer et mordre, et la section rythmique se montrer aussi solide que téméraire. Accueillons-donc Stéphane Beraud (basse), Christoph Denk (batterie/chœurs) et Thierry Bizet (guitare/chœurs), les trois piliers des origines, qui depuis quelques années font équipe avec Fabrice "Emmanuel" Cassaro, chanteur recherché et primé (ELLIPSIS, LONEWOLF, RISING STEEL, VENUS SYNDROME, HYDROFLAME, WHISKY OF BLOOD, ex-VELOCE HYSTORIA).
Avec un line-up complété et une caution historique préservée, The River Of Books profite donc d’une solidité qui fait plaisir à entendre. Si quelques initiés ne manqueront pas de comparer ce second chapitre au premier, Forest of Minds, qui va bientôt fêter ses vingt-cinq printemps, d’autres découvriront un groupe aux propos fermes, à l’inspiration plurielle, à la technique précieuse et au sens de la mélodie inné. Car jouer du Metal/Rock progressif est une chose, en jouer du bon en est une autre. Et s’il est un style qui supporte très mal la redite ou la fausse modestie, c’est bien celui-ci, que ces musiciens parlent couramment. En résulte une très grosse surprise pour les amateurs, qui à n’en point douter loueront les qualités de ces quatre acolytes sincères, honnêtes et très capables.
Si les raccourcis étaient d’usage dans ces colonnes, je dirais que THALIA ressemble beaucoup au cousin français du DREAM THEATER des années 1989/1995. Même approche libre, même tendance à jouer avec l’intensité, même facilité harmonique, et même talent pour composer des morceaux qui restent en tête et qui ne sont pas de simples prouesses individuelles et collectives. Avec un bagage certain, THALIA préfère mettre en avant ses capacités de composition, que l’on remarque dès « The River of Books », superbe morceau d’intro. Mais cette qualité est constante et très stable, et tout l’album bénéficie du même soin apporté aux arrangements, aux transitions, ce qui permet de déguster des mets audio aussi fins et relevés que le fatal « Traces », qui aurait pu trouver sa place sur le séminal Images and Words.
Il y a du MARILLION, du IQ, mais aussi du PERIPHERY et du LIQUID TENSION parfois dans cette musique, qui enjambe les portails et brise les cadenas des portes. Pas question de se limiter à un récital de majors de promo de conservatoire pour épater la galerie. Le but est bien de signer un disque abouti, aux ambiances multiples, mais à la cohérence indéniable. Et avec un tel sens de l’orfèvrerie, les auvergnats nous soignent un mathématique « The Fear », au groove typiquement thrashy, et au phrasé déhanché pour évoquer les pas de deux de la Fusion et du Jazz-Rock.
Dans une ère de sur-consumérisme et d’industrialisation à outrance, de normalisation du son et des fréquences, et du nivellement par le plus grand dénominateur commun, il est délicieux de tomber sur un album conçu amoureusement par de véritables artisans. Avec des moyens moindres, THALIA défie les cadors de sa profession, et leur donne même une belle leçon d’humilité dans l’émotion. Cette émotion que l’on ressent en écoutant « Flesh Paradox », sur laquelle la basse de Stéphane se meut comme un serpent entre les branches, et où le chant de Fabrice atteint des sommets de sincérité.
Jouant constamment sur le contraste entre Rock désincarné et Metal pénétré, les quatre musiciens nous déroulent un tapis rouge digne des grandes productions des années 90/2000. On sent le métier, on sent la passion, et on sent l’envie et l’énergie qui débordent de « Close to Me », méchant comme un hymne perdu d’Awake.
Un album se construit, et n’est pas que la somme de ses parties. C’est un principe que nos amis ont très bien compris, et qui nous permet d’apprécier dans les grandes largeurs plusieurs écoutes consécutives. En durcissant parfois le ton pour séduire le public Metal, The River Of Books charge ses chapitres et les adapte à l’humeur voulue. Et lorsque l’inspiration utilise des pans entiers de l’histoire du Pop-Rock le plus radio-friendly, le mélange est déroutant, mais totalement envoutant (« Cries of Earth »).
D’ailleurs, la fin de l’album est sa partie la plus dure, avec les titres les plus mordants. On s’amuse de gammes et de couleurs différentes sur le bipolaire « Sacred and Scared », avant de caresser une fois de plus la peau satinée du Jazz sur le sublime « Exaltation », au solo Gilmour pur jus.
THALIA s’est fait plaisir, et nous fait un merveilleux cadeau. Pour avoir testé ce deuxième long sur plusieurs heures, je peux affirmer qu’il tiendra le test du temps, et qu’avec un peu de chance et d’intérêt de la part du public, il pourrait devenir un classique du genre, de ceux qu’on se passe entre membres d’un cénacle privé. Les quatre saisons en musique, une fascination pour le beau geste, et un disque fabuleux, sincère, humble, et pourtant si riche….
Titres de l’album :
01. The River of Books
02. Vision Empire
03. Atmosign
04. Body & Soul
05. The Same, Always
06. Traces
07. The Fear
08. Flesh Paradox
09. Close to Me
10. Cries of Earth
11. Sacred and Scared
12. Exaltation
Merci à Clawfinger pour ce grand moment de transgression validée par l’ordre moral dominant. C’est rassurant de voir que la “rébellion” moderne consiste à tirer sur une cible usée jusqu’à la corde, avec des punchlines dignes (...)
04/07/2025, 07:16
Il tourne pas mal chez moi ce disque, et c'était un vrai plaisir de revoir le groupe live récemment après les avoir un peu mis de côté. Un autre concert en tête d'affiche ne serait pas de refus !
03/07/2025, 16:57
Morceau décevant et sans surprise. La présence de Chris Kontos dans le groupe y fait pour beaucoup dans mon intérêt pour ce retour, mais pour le moment bof.
03/07/2025, 16:47
Je n'ai jamais aimé ce groupe, mais j'étais passé devant durant un Hellfest et en effet c'était juste insupportable toutes ces harangues (littéralement toutes les 10 secondes). Moi je m'en beurre la raie, mais pour les fans ça doit &ec(...)
03/07/2025, 12:55
Vu à Toulouse et je n'ai pas du tout accroché, pourtant vu 2 ou 3 fois depuis 2005. Et j'avais bien aimé. Rien ne surnage, ça bastonne mais pour moi aucuns titres ne sort du lot.Par contre j'ai adoré Slapshot
02/07/2025, 16:01
Votre article sur le kintsugi est un véritable hommage à l’art de reconnaître la beauté dans la fragilité et les cicatrices : mentionner son origine au XVe siècle et sa philosophie wabi‑sabi renforce(...)
02/07/2025, 15:38
@Abrioche91 : la canicule t'a trop tapé sur la tête, mon pauvre vieux. Parce que se faire à répondre aux trolls, je n'avais plus vu ça depuis VS.
02/07/2025, 12:25
@Ultra Pute, t'es bien limité comme garçon. Et tu dois sacrément bien te faire chier pour venir commenter connement ce que les autres écrivent.Moi aussi, j'aime bien les commentaires gratuits (la preuve) mais je suis surtout là pour commenter l&(...)
02/07/2025, 08:50
Pas trop mal dans l'idée.Vocalement on s'y tromperait aussi.A voir sur tout l'album, le précédent, mis à part l'opener, m'avait bien déçu
01/07/2025, 15:38
ça tartine ! bien cool cool cette grosse basse @niquetoncul oui ça doit te changer de Jinjer
01/07/2025, 14:19
Tiens, le retour du papy boomer! Normal, quand du thrash de croulant, il sort de l'ehpad. Et si c'est pas signé, c'est que c'est nul à chier, pépé!
30/06/2025, 19:47
Si seulement Spiros pouvait arrêter d'haranguer le public toutes les 30 secondes avec ses "come on my friends", les lives de Septicflesh y gagneraient beaucoup.
30/06/2025, 11:36