En 1975, Alice COOPER nous invitait dans son cauchemar, mais à l’époque, seule la fiction pouvait nous offrir des horreurs pareilles. En 2021, l’horreur est partout, à la télévision, dans les rues, les âmes et les veines, et le cauchemar est beaucoup plus réel. C’est en tout cas ce que souhaitent nous révéler les américains de SECTION H8, qui depuis quelques années répandant la mauvaise parole Hardcore partout où ils le peuvent. Après deux premiers jets qui foutaient quand même bien les jetons aux amateurs de Hardcore souple, la troupe de Los Angeles revient les nerfs tendus comme les crocs d’un mâtin qui n’a pas eu ses croquettes, et nous explose à la tronche d’une haine viscérale tout à fait papable.
Le Hardcore à son apogée de violence, et le Crossover passé au prisme d’une triste réalité crue. Voici comment résumer ce terrifiant Welcome to the Nightmare, qui fait jaillir le ressentiment et la colère comme l’acide d’une batterie volée vous giclant au visage. Sorte de mélange intégral entre tradition Core et modernité Metal, ce premier longue-durée est plus qu’un album, c’est une sorte de marathon concentré en vingt-quatre minutes qui vous oblige à sprinter mentalement tout du long. Basé sur un principe simple de guitares thrashy et de chant exhorté, le tout souligné de chœurs revanchards, ce petit longue-durée est une expérience de réalité augmentée, qui vous oblige à la voir en face : le monde est un cloaque dont personne ne sortira vivant.
Se plaçant sous l’égide de groupes aussi crus et variés que MADBALL, ONYX, AGNOSTIC FRONT, SUICIDAL TENDENCIES, SLAYER, ou COLD AS LIFE, SECTION H8 ne fait pas dans la dentelle, mais rue dans les brancards comme un gang de rue en plein drive by shooting. La vieille Chevrolet passe devant vos yeux, et les AK-47 font feu, flinguant tous les rivaux, mais aussi quelques innocents au passage. Le massacre est donc total, et la musique la plus parfaite bande son de cette violence atavique qui nous pousse de plus en plus vite vers le ravin du destin.
Agrémenté de quelques mélodies acoustiques et autres effets, Welcome to the Nightmare n’hésite pas à butiner toutes les fleurs du mal pour nous délivrer la performance la plus puissante de cet été 2021. Et histoire de ne prendre personne en traitre, la course contre la montre commence par une pure tuerie PANTERA/SLAYER avec ce « Nightmare » qui ressemble à s’y méprendre à un classique du Hardcore repris par King et compagnie. Immédiatement, le son prend à la gorge, énorme, ample, conférant aux guitares ce tranchant Metal dont elles ont besoin pour accentuer la rage Hardcore. Mais le combo, loin de se contenter de prétendre au titre de bourrin de l’année, joue avec les tempi, aménage des ambiances, et agence son effort pour restituer la haine qui anime ses membres. Et croyez-moi, cette rage suintante a de quoi faire perler quelques gouttes de sueur sur quelques fronts.
Passages rappés comme à la grande époque Fusion, mid tempo martelé comme un leitmotiv de bande de rue, accélérations dantesques et saccades fumeuses, tout est là pour restituer un état d’esprit qui ne se compromettra d’aucune façon : ici, le Hardcore est une religion agnostique, et l’oxymore a totalement sa raison d’être.
Larsen, soli, on pense parfois à un SUICIDAL TENDENCIES croisé de force à un MACHINE HEAD de la grande époque, et les hymnes s’enchaînent comme des regards de travers. « 100 Seconds » retrouve l’entrain de ces chœurs typiques du NYHC, et l’énergie développée aurait presque de quoi donner des nausées à Roger Miret lui-même. Adeptes de la frappe instantanée après le coup de semonce travaillé, SECTION H8 lâche des grenades au souffle incroyable, à l’image de ce « Mist-Head », inégalable à notre époque en termes d’intensité.
Sans prendre de gants pour éviter les empreintes, les californiens bourrent, enfoncent les portes, défoncent les gueules, et laissent un bain de sang et un puzzle de dents. On appréciera ces tranches de mort menées tambour battant le pavé de Los Angeles (« F.O.A.D. », « Streetsweeper », encore plus rapide et avec une énorme basse qui te claque le cul), mais aussi cette menace finale, poings tendus vers ta face (« Hate »).
Welcome to the Nightmare préfigure une révolution à l’échelle mondiale, et en incarne la bande-son idéale. Sans compromis, rageur, infesté de haine, cet album s’écoute et s’écoute encore pour prendre conscience de l’ampleur du désastre. De quoi donner envie de prendre les armes, et de renverser les régimes comme des fleurs fanées, vestiges d’un autre temps.
Bienvenue dans le cauchemar le plus réel qui soit. Et vous aurez beau vous frotter les yeux, vous ne vous réveillerez pas.
Titres de l’album:
01. Nightmare
02. 100 Seconds
03. Knife
04. Track and Field
05. Roaches
06. Mist-Head
07. F.O.A.D.
08. Streetsweeper
09. Behind The 8 Ball
10. Hate
Pardon pour les fautes, mais quitte à écouter ce genre de trucs, Anna von Hausswolff le faisait beaucoup mieux il y a 10 ans. C'est ce qu'on appelle l'avant-garde je suppose.
05/07/2025, 06:51
Le problème de de Kayo Dot c'est qu'il dépend de l'envie du moment de Toby Driver et de qui l'entoure, tu peux avoir un album de drone/post-rock suivit d'un album de death metal, il n'y a pas de groupe et aucune identité. C'est dommage parce(...)
05/07/2025, 06:47
Merci à Clawfinger pour ce grand moment de transgression validée par l’ordre moral dominant. C’est rassurant de voir que la “rébellion” moderne consiste à tirer sur une cible usée jusqu’à la corde, avec des punchlines dignes (...)
04/07/2025, 07:16
Il tourne pas mal chez moi ce disque, et c'était un vrai plaisir de revoir le groupe live récemment après les avoir un peu mis de côté. Un autre concert en tête d'affiche ne serait pas de refus !
03/07/2025, 16:57
Morceau décevant et sans surprise. La présence de Chris Kontos dans le groupe y fait pour beaucoup dans mon intérêt pour ce retour, mais pour le moment bof.
03/07/2025, 16:47
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Votre article sur le kintsugi est un véritable hommage à l’art de reconnaître la beauté dans la fragilité et les cicatrices : mentionner son origine au XVe siècle et sa philosophie wabi‑sabi renforce(...)
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02/07/2025, 12:25
@Ultra Pute, t'es bien limité comme garçon. Et tu dois sacrément bien te faire chier pour venir commenter connement ce que les autres écrivent.Moi aussi, j'aime bien les commentaires gratuits (la preuve) mais je suis surtout là pour commenter l&(...)
02/07/2025, 08:50
Pas trop mal dans l'idée.Vocalement on s'y tromperait aussi.A voir sur tout l'album, le précédent, mis à part l'opener, m'avait bien déçu
01/07/2025, 15:38
ça tartine ! bien cool cool cette grosse basse @niquetoncul oui ça doit te changer de Jinjer
01/07/2025, 14:19