Rarities Vol. 1- The Covers

No Use For A Name

11/08/2017

Fat Wreck Chords

Difficile de croire que Tony Sly nous a quitté il y a cinq ans déjà…Cette perte tragique mettait fin à la carrière d’un des groupes les plus emblématiques de la scène Punk californienne, d’une façon regrettable, et beaucoup ont maudit le destin de leur avoir volé l’un de leurs frontmen préférés…Mais ainsi va la vie, et autant se souvenir de ce musicien haut en couleur de la façon la plus respectueuse possible, en honorant sa mémoire via la musique formidable qu’il a laissée en héritage…Le parcours des NO USE FOR A NAME n’a d’ailleurs pas toujours été un long pipeline tranquille, si l’on en juge par les multiples changements de style opérés, et dès lors, il devenait compliqué de la résumer autrement que par une nouvelle compilation, ou autre chose, dans le même style, mais un poil plus en adéquation avec la philosophie de fan du groupe qui a pourtant servi de référence à beaucoup d’autres.

Alors, compile, pas compile ? Entre les deux, puisque le mythique label Fat Wreck a choisi une des options les plus raisonnables, en décidant de sortir un album posthume assemblé des reprises les plus emblématiques du groupes, celles qu’on trouvait sur les albums, mais qu’on entendait aussi live, le terrain de chasse favori du combo. Des reprises, NO USE FOR A NAME en a trituré quelques-unes en vingt ans de discographie et concerts, mais le choix de ce Rarities Vol. 1- The Covers, qui annonce de façon à peine pas dissimulée une suite que l’on pressent proche reste honnête, et nous permet d’entendre une fois encore la voix inimitable de Tony, qui s’appropriait comme personne des titres gravitant dans son univers, ou en étant complètement éloignés, en y posant sa patte inimitable…

Quel tracklisting vous attend donc sur ce CD d’une petite demi-heure ? Un peu de tout, mais pas n’importe quoi, beaucoup de bonheur, de la folie, du respect, de l’admiration, mais surtout, du Punk Rock à tendance Metal, qui gageons le n’a jamais du tomber dans l’oreille sourde des SUM 41 et autres chantres d’une punky attitude ensoleillée. On tombe au hasard des pistes sur des OS fameux, sur des légendes encore fumantes, sur des incongruités magnifiques, pour un exercice de style en toute humilité, mais débordant de passion. Passant sans transition des POGUES à un « Don’t Cry For Me Argentina » lacrymal devenu presque jovial, manipulant un DEPECHE MODE comme s’il s’agissait d’une sensation Punk à la mode, mutilant un « Beth » de KISS sans l’expurger de son émotion, les NO USE FOR A NAME n’étaient jamais les derniers à se frotter les doigts à l’improbable, réussissant toujours à faire siens des morceaux ne leur appartenant pas, sans passer pour des blasphémateurs de seconde zone ou de simples trublions en manque d’exutoire irrespectueux. Les fans, les vrais, reconnaîtront bien sur l’intégralité des versions proposées, même si certaines n’avaient pas été exhumées depuis longtemps, mais se satisferont de toutes les retrouver sur un même format, tandis que les néophytes découvriront un autre aspect du groupe, tout aussi personnel, mais moins centré sur lui-même. Difficile de juger de la pertinence de ces covers sans verser dans la partialité la plus impardonnable, mais admettons quand même que les californiens étaient aussi à l’aise dans un registre proche de leurs racines que dans des extensions moins prévisibles. Dès lors, il n’est pas étonnant de retrouver au casting des honorés les D.I., grosse influence, ou les MISFITS, qui eux aussi avaient commencé le travail de sape bien en amont, tout comme les SOCIAL DISTORSION avec leur « 1945 ». En parlant des D.I., leur Johnny devient ici Selwyn, mais l’énergie est toujours la même malgré le changement de patronyme, et on appréciera cette calotte en mode directe, qui joue avec le Rock N’Roll comme d’autres avec les clichés.

Les clichés ici sont absents, même lorsque les NO USE FOR A NAME simplifient et radicalisent à outrance l’introspectif « Enjoy The Silence » de Martin Gore & co, qui devient un joli crachat Punk adressé au bout goût et à l’étiquette, mais qui nous emporte de ses envolées mélodiques speedés. D’ailleurs, l’éventail des reprises nous permet une jolie métaphore avec les grands écarts opérés par le groupe entre Incognito en 1990 et The Feel Good Record Of The Year en 2008, dernier témoignage studio du band. Partant d’un son Punk typique de la Bay Area, les joyeux drilles ont petit à petit évolué vers un son plus lourd et volontiers métallique, avant de se consacrer à un Socal Punk aux harmonies juvéniles sur la fin de leur histoire studio. Et le « Badfish » des SUBLIME est là pour témoigner de ce glissement, tant sa vitalité nous rappelle les dernières années du combo, qui se complaisait alors sous un soleil californien réchauffant les cœurs et incitant à chanter en chœur. D’aucuns se questionneront sur la pertinence de « Don’t Cry For Me Argentina », et pourtant, cette chanson cristallise à elle seule tout le ressentiment éprouvé par la perte de Tony, musicien fantasque, chanteur fantastique et guitariste épileptique, parti vers d’autres paradis. L’émotion dégagée par la mélodie d’origine, que des guitares frondeuses ne parviennent pas à dénaturer est palpable, et on se souvient avec nostalgie de toutes ces années passées aux côtés d’un groupe qui aurait pu être une bande de pote, et qui l’était certainement d’une façon ou d’une autre.

Le son est assez régulier, et permet d’apprécier des incongruités, comme ce fameux démarquage des POGUES et de Kirsty MacColl, sans Kirsty MacColl, mais avec Cinder Block des TILT, et des guitares énormes, qui avaient su garder cette poésie de rue, transposée de New-York à San Jose, sans perdre de son impact urbain, mais gagnant quelques degrés fahrenheit bien prononcés. Le sort subi par les CHEAP TRICK est enviable, tant la reprise colle à l’esprit Pop bubble-gum de l’original, et « Dream Police » d’être à peine plus lapidaire, mais après tout, tout le monde la connaît déjà alors inutile de s’appesantir.

Et c’est un peu l’écueil qu’on ne peut pas éviter lorsqu’on chronique ce genre de produit dérivé. Car tous les fans sont déjà au fait de ce qu’il peut contenir depuis longtemps, Alors à quoi bon tenir le crachoir si ce n’est pour tenter de convaincre quelques récalcitrants ? Sachez simplement que si les NO USE FOR A NAME n’ont jamais fait partie de votre paysage musical quotidien, Rarities Vol. 1- The Covers vous permettra de réparer cette cruelle erreur, en les abordant par la face sud, avant de vous plonger dans le reste de leur œuvre. Car c’est une compilation qui certes n’est pas l’acmé d’une carrière riche et colorée, mais qui permet de comprendre à quel genre de mecs nous avions affaire, des mecs ne se prenant pas au sérieux, mais traitant leurs fans avec respect. Pas forcément le meilleur moyen de leur rendre hommage en passant par des emprunts, mais avec un numérotage comme Vol 1, nous sommes en droit de nous attendre à des choses beaucoup plus intéressantes à l’avenir.

En attendant, et puisque le groupe aujourd’hui n’est plus qu’un passé, saluons la mémoire de Tony Sly en nous délectant une fois encore de sa voix d’adolescent et de son jeu de guitare instinctif et prenant. Il n’y a aucun mal à vouloir retrouver ses vingt ans. Il suffit d’apprécier le moment et d’être conscient que la vie peut s’arrêter en un instant…


Titres de l'album:

  1. Turning Japanese (The Vapors)
  2. Hybrid Moments (The Misfits)
  3. I’ve Heard (Dag Nasty)
  4. Selwyn’s Got a Problem (D.I.)
  5. Enjoy the Silence (Depeche Mode)
  6. Badfish (Sublime)
  7. Dream Police (Cheap Trick)
  8. Fairytale of New York (The Pogues)
  9. Make Our Dreams Come True (Laverne and Shirley)
  10. 1945 (Social Distortion)
  11. Don’t Cry for Me Argentina (Evita)
  12. The Munster’s Theme (The Munsters)
  13. Beth (KISS)

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par mortne2001 le 06/11/2017 à 17:11
75 %    940

Commentaires (2) | Ajouter un commentaire


Blind
membre enregistré
23/12/2017, 19:56:41
Je ne me suis pas intéressé à ce disque quand il est sorti cet été, pourtant les reprises compilées ici datent de l'époque de l'album "Leche Con Carne", la masterpiece de No Use For A Name. Il est vrai que le groupe californien était bon dans ce type d'exercice, "Redemption Song" de Bob Marley sur l'album pré-cité en est le parfait exemple. Juste à préciser que la version de "Fairytale in New York" avec la chanteuse Cinder Block de Tilt est celle présente sur l'album de 1999 "More Betterness". Celle présente sur cette compil est chantée avec une certaine Meegan Lair et elle est plus brut de décoffrage, les arrangements sont moins nombreux. On la trouvait à l'origine sur la compil "How to Start a Fight" sortie en 1996. De même que la chanson "Don't Cry for Me Argentina" n'est pas inconnue des amateurs des groupes de chez Fat Wreck Chords puisqu'elle a également été reprise par le supergroupe Me First & The Gimme Gimmes (incluant des membres de NoFx, Lagwagon, No Use etc.).

mortne2001
membre enregistré
24/12/2017, 12:21:42
Merci pour ces précisions Blind, en effet j'étais passé à côté pour la reprise avec Meegan.

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