Necessary Excess of Violence

Sorcery

20/08/2019

Xtreem Music

Je veux jouer à un jeu. Non, pas question ici de torture-porn et de séances de sadisme cautionnées par une poupée glauque sur un tricycle, mais plutôt un jeu faisant appel à votre spontanéité. Je vous donne quelques éléments, et vous me répondez sans réfléchir et sans tricher. (Pas d’appel à un ami, pas besoin). Ai-je votre attention ? Alors allons-y. Si je vous dis un quintet suédois, formé dans les années 80 sous divers noms, jouant du Death Metal, empestant la HM-2, et un album enregistré aux studios Sunlight sous la direction de Tomas Skogsberg, vous me répondez ?

(Réponse collégiale venue de loin)

ENTOMBED !!!!

Et vous aurez quelque part raison, et ce pour plusieurs raisons. La première, est que ces assertions peuvent en effet concerner le groupe en question. La seconde, et même s’il ne s’agit pas d’ENTOMBED, est que le groupe mentionné dans cette chronique a vu le jour à peu près en même temps que le légendaire NIHILIST (qui plus tard, allait se scinder en qui-vous-savez + UNLEASHED), et que sa crédibilité n’est donc pas à mettre en cause. Ceci étant dit, les néophytes n’ayant jamais entendu parler de SORCERY pourraient croire à une malhabile resucée des efforts ténébreux de Left Hand Path, tant les points communs entre cet album historique et ce Necessary Excess of Violence sont nombreux. De par cette production, elle aussi mythique, de par ce son, froid et inoubliablement hivernal, mais aussi de par ces compositions qui semblent s’ingénier à synthétiser les deux premiers albums de la créature nationale, avec ce rigorisme typique du premier jet de Lars Goran & co, et cette soudaine montée en violence notée sur Clandestine. Mais ne nous leurrons pas, et malgré l’aspect inédit de ce quatrième album, les influences de SORCERY remontent bien à l’orée de leur carrière, lorsque le Death suédois allait s’affirmer comme la tête de file d’une mouvance dont seuls les américains pouvaient revendiquer la paternité. Le parcours même des cinq musiciens (Ola Malmström - chant, Paul Johansson - guitare, Tommy Holmer - batterie, John Falk - basse et Johan Vikholm - guitare) est assez erratique, puisque ponctué de hiatus et de changements de cap. Fondé aux alentours des mid eighties par Magnus Karlsson-Mård et Paul Johansson, SORCERY avant de s’appeler ainsi scella l’amitié des deux hommes sous des baptêmes divers (CURSE, ACID QUEEN…), se consacrant d’abord à un Metal plus formel, avant de s’intéresser de près à la cause Thrash, puis dégénérer en furia Death lorsque la bise fut venue. Après trois démos, dont la dernière scella leur sort avec le Metal de la mort (Unholy Crusade), le groupe publia un premier LP en 1991, soit pile au bon moment (Bloodchilling Tales, 1991, bon timing), avant de se faire beaucoup trop discret dans les nineties et disparaître chair et os en 1997.

Il fallut donc attendre 2013 pour voir surgir le sophomore Arrival at Six des abysses de l’enfer, mais heureusement, depuis le parcours s’est stabilisé et les originaires de Sandviken ont pu avancer. Parrainés depuis Garden of Bones (2016) par les ibères d’Xtreem Music, SORCERY est donc entre de bonnes mains, celles qui portent à vos oreilles ce quatrième album, de facture très classique, et fondamentalement concerné par les obsessions scandinaves pour un Death basique qui ne cherche pas à sortir de ses propres sentiers rebattus. Très, très proches d’ENTOMBED donc, ces instrumentistes fort talentueux en ont la même philosophie, rigide, entre fureur de blasts, mid tempo gelé et riffs toujours plus glacés, et il n’est pas malhonnête de dire que leurs conceptions n’ont pas vraiment changé depuis leur conversion de la fin des années 80. Tous les gimmicks que l’on a tant aimé dans le Death suédois sont ici reproduits à l’identique, passant pour des figures imposées inévitables, de la soudaine accélération brise-reins au chant rauque et grave, en passant par cette distorsion excessive si caractéristique de l’école de Göteborg. C’est évidemment appréciable, puisqu’on a toujours adoré ça, pas très enrichissant au niveau du mieux-disant culturel, clairement rétro sans l’être puisque le groupe est d’époque, mais terriblement bien fait. Le genre de disque qu’on ne peut louer pour ses qualités novatrices, mais qu’on ne peut blâmer eu égard à sa puissance phénoménale et son investissement total. Les fans du combo seront heureux de le retrouver plutôt en forme et sûr de lui, les accros aux productions des débuts des années 90 seront plus que satisfaits de se replonger dans cet hiver du désaccord, mais les plus exigeants, ceux qui attendent un peu plus qu’un superbe exercice de style académique dégaineront leurs reproches les plus objectifs, à savoir qu’on a déjà entendu ça mille fois auparavant.

En tant que chroniqueur, je l’avoue, Necessary Excess of Violence, c’est le choix raisonnable, celui qui ne demandera aucun effort de syntaxe ni de recherche. En tant qu’auditeur, c’est le plaisir facile, la réaction instantanée, la jouissance immédiate. Car dès « The Stellar Circle », tout est dit, tout est joué, tout est hurlé, et les réflexes morbides seront les mêmes jusqu’à l’agonie de « Language of the Conqueror », et c’est pourquoi il est inutile de se concentrer sur un titre en particulier, tous reproduisant la même recette brutale. Pour en savoir plus, écoutez-le, ou replongez-vous dans les affres de la déferlante suédoise, puisqu’on en retrouve ici tous les dégâts, de ces guitares sorties d’une caverne en passant par un vocaliste y étant lui aussi resté un certain temps, soit l’âge de pierre du Death nordique dans toute sa glorieuse abomination. SORCERY n’apporte donc rien de spécial à la cause, continue sereinement mais bruyamment sa carrière, et profite de chaque instant pour faire ce qu’il sait faire de mieux, du Death de pionniers, dont il a fait partie. Ce qui est logique, et j’adore la logique.

 

Titres de l’album :

                          01. The Stellar Circle

                          02. Where We Were Born We Will Demise

                          03. The Darkest Part of You

                          04. Of Blood and Ash

                          05. I'll Be Gone in the Dark

                          06. Death is Near

                          07. Illuminate

                          08. King of Nothing

                          09. Year of the Plague

                          10. Language of the Conqueror

Site officiel

Facebook officiel


par mortne2001 le 13/11/2019 à 18:42
75 %    951

Commentaires (1) | Ajouter un commentaire


youpimatin
membre enregistré
14/11/2019, 10:56:57
Je ne suis pas sûr que ce soit de la HM-2 sur le 1er album. Tout ce qui passait au Sunlight n'avait pas toujours ce son caractéristique (Tiamat et Grave par exemple ;-) )

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Enslaved + Svalbard + Wayfarer

RBD 20/03/2024

Live Report

Voyage au centre de la scène : BLOODY RITUAL

Jus de cadavre 17/03/2024

Vidéos

Crisix + Dead Winds

RBD 20/02/2024

Live Report

Abbath + Toxic Holocaust + Hellripper

RBD 21/01/2024

Live Report

1984

mortne2001 10/01/2024

From the past
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
Simony

C'est justement ce relent de Hardcore qui en fait du Thrashcore en condition live qui m'a dérangé. Le placement du chant fait vraiment moderne, c'est con mais ça m'a un peu rebuté, dommage parce que musicalement c'est vraiment pas mal.

28/03/2024, 16:07

Tourista

L'album de Pâques !  

27/03/2024, 19:56

MorbidOM

Découvert l'an dernier dans un mini festival à Toulon avec Aorlhac en tête d'affiche, j'avais bien accroché et acheté leur cd (le précédent du coup) qui m'avait un peu déçu (difficile de redre justice à une m(...)

27/03/2024, 00:16

Saul D

Ben si Cannibal Corpse est une légende, Immolation aussi, non? Ils avaient tourné ensemble en 1996 ( je les avais vus à la Laiterie, avec Inhumate en première partie...)...

26/03/2024, 13:16

Bulbe

Enorme !

26/03/2024, 08:06

Vivement le prochain Ep. Ça envoie du lourd

Putain c'est vachement bien 

26/03/2024, 00:15

Gargan

Je viens de tomber par hasard sur ce docu à leur sujet, je sais que deux-trois ici pourraient être intéressés : TULUS - 3 DECADES OF UNCOMPROMISING BLACK METAL (FULL DOCUMENTARY) (youtube.com)

25/03/2024, 20:05

Humungus

C'est très loin d'être pourri, mais j'préfère tout de même de loin "Ozzmosis", "Down to earth" ou "Black rain"...

25/03/2024, 09:21

RBD

Tout le mérite en revient à notre hôte, je n'ai influé en rien sur les choix successifs. Autrement dit, cela me convenait aussi.

24/03/2024, 19:53

Buck Dancer

J'aime beaucoup. Parcours sans faute jusqu'au septième morceau. Du death classieux moins extrême que le premier album mais plus varié. Les délires vocaux de Vincent passent aussi très bien (ce qui n'aurait pas été le cas chez Morbid).(...)

24/03/2024, 13:34

Humungus

Je plussoie à mort ta bande son d'after hé hé hé...

23/03/2024, 11:02

Antidebilos suce mon zob

@antidebilos : t'es vexé, sac à foutre.

22/03/2024, 15:49

Oliv

Et le plan r fest ! 

22/03/2024, 15:21

antidebilos

"groupe de petites gauchiasses qui crisent si on n'emploie pas le bon pronom" : allez, retourne écouter tes groupes de NSBM de fond de toilettes et épargne-nous tes commentaires ridicules

22/03/2024, 09:04

Ivan Grozny

Tournée vue à Paris, merci pour le report.

21/03/2024, 21:01

Orphan

Tres bonne news des le matin. 

21/03/2024, 08:08

LeMoustre

A minima c'est assez inutile, rarement intéressant même si l'idée n'est pas nouvelle. Voivod l'a fait y'a peu, c'est quand même assez anecdotique sur le rendu final. Les morceaux en version d'origine se suffisant a eux mêmes.

20/03/2024, 12:18

Gargan

Ce son de toms n’existe plus depuis schizophrenia

19/03/2024, 22:06

LeMoustre

Il prend corps au fil des écoutes, et s'il paraît moins immédiat que Firepower, il ne me déçoit pas tant les compositions restent solides et dignes du Priest. Pas encore totalement poncé mais j'encourage à y revenir et chaque écoute(...)

19/03/2024, 14:50

LeMoustre

Superbe ce papier avec un chroniqueur qui, ça se sent, a vécu l'époque Roadrunner et sa superbe compilation (a la non moins superbe pochette) Stars on Thrash.Achat obligatoire.P.S : Euh moi une ex m'appelle pour prendre de mes nouvelles et me proposer (...)

19/03/2024, 12:13